L'attaque du snake.

"Cobra" est un magnifique instrumental et l'un des meilleurs morceaux du groupe Quicksilver Messenger Service. Morceau d'anthologie, d'un rock fatal, habité et d'une rare intensité, il n'est pourtant pas représentatif du groupe, plutôt connu pour ses duels et improvisations de guitare, ses grandes oeuvres d'un blues-rock entêtant (psychédélique ou pas) dans la droite lignée du Paul Butterfield Blues Band et du Allman Brothers Band.

Le morceau commence par un roulement de batterie, très vite rompu (pour calmer les ardeurs du batteur) par des accords de piano frappés violemment. Puis, la guitare de John Cippolina, d'emblée impériale, accompagnée du piano, envoie cette brûlante suite de quatre notes, déjà inoubliables. Une guitare hawaïenne ainsi qu'une guitare folk s'invitent, et c'est, avec en arrière-plan cette guitare sèche incisive, l'accélération fulgurante du morceau. Après, ça se passe de mots. La mélodie est inoubliable, c'est majestueux, impérial. Le morceau est très riche, très élaboré. Au bout d'une minute 15 de délice, c'est la rupture, pour permettre à l'auditeur de reprendre son souffle. Une autre partie commence alors, presque un autre morceau : une mélodie de rock-jazz sous des airs de soul californienne.
Incontestablement l'un de mes morceaux préférés. Car, derrière la relative complexité du morceau, les musiciens donnent le meilleur d'eux-mêmes, comme s'ils jouaient leur vie. A inscrire au panthéon du rock, et surtout au rayon des morceaux injustement méconnus. Un grand moment d'écoute. Le meilleur dépucelage musical pour les oreilles.

Nb : après cet album, Cippolina tire sa révérence et s'en va fonder Copperhead, dont l'album, éponyme (1973), vaut tout les trésors du monde.