Bonjour. Aujourd'hui, après de longs mois d'absences, nous sommes heureux d'accueillir à nouveau le professeur SanFe, qui va nous parler d'un sujet fort sérieux.
Merci, et bonjour à tous. Aujourd'hui, je compte aborder avec vous les avantages et inconvénients du testiculo-gigantisme, autrement appelé "avoir de grosses couilles".
Et, rendons çà César ce qui appartient à César (bien que l'histoire n'a pas retenu qu'il fût doté d'attributs particulièrement développés, mais le sujet fait encore débat, et ce n'est pas la question du jour), il me faut dire que le thème de ma conférence est inspiré de la magnifique chanson du sieur Philippe Katerine, intitulée Efféminé (nous reviendrons ultérieurement sur ce titre, riche de sens). Un messire Katerine qui, sous des dehors d'amuseur public, cache un philosophe qui a su décrypter les problèmes de la masculinité contemporaine.

Dès le début de sa chanson, Katerine ose aborder les situations complexes. "Avec mes grosses couilles, je fais mon jogging". D'emblée, le testiculo-gigantisme est montré comme un symbole. En effet, avez-vous déjà essayé de courir, messieurs (ou mesdames, tout dépend de votre vie antérieure), avec une paire de pastèques dans le futal ? On est obligé d'arquer les jambes comme si on avait passé six mois sur un cheval ! Non, cette première phrase ne laisse aucun doute : il faut prendre l’expression au sens symbolique ; si j'osais, je dirais que "les grosses couilles, c'est dans la tête" (alors que les Grosses Têtes, c'est dans les couilles).
DOnc, nous sommes d'accord qu'ici, quand Katerine affirme qu'il a "de grosses couilles", c'est à rapprocher d'expressions comme "en avoir dans le pantalon" ou "en avoir des grosses comme des melons", une façon hyperbolique de parler de courage tout autant qu'une revendication de masculinité.
Prenons d'autres exemples : "avec mes grosses couilles, ja vais à Casino, avec mes grosses couilles, acheter mon Kinder Bueno". Voilà une référence des plus intéressantes. En effet, pourquoi parler de cette friandise, si ce n'est parce qu'elle évoque un certain tennisman dont elle est indissociable. Un sportif qui, aux yeux de certains, marque la virilité à l'état pur (pour s'en assurer, il n'y a qu'à voir la façon qu'il a de danser sur les terrains chaque fois que sa baballe a bien rebondi, ou le regard qu'il lance à la petite demoiselle qui veut lui arracher son Kinder Bueno). Enfin, si je peux me permettre une petite appréciation personnelle, je trouve que ce brave homme ferait mieux de s'entraîner à la pratique de son sport de playboy plutôt que de nous embêter à longueur de spots à tenter de détourner l'attention de sémillantes jeunes filles de sa barre de chocolat. Mais ici, nous ne sommes plus dans le cas du testiculo-gigantisme, mais plutôt du testiculo-fracassage.
"Avec mes grosses couilles, je fais des travaux, avec mes grosses couilles et des ouvriers yougos." Voilà un bel exemple de courage. Employer des ouvriers yougoslaves pour des travaux, c'est prendre le risque de transformer son chantier en réplique BTP de Sarajevo.

Le titre pourrait paraître comme paradoxal. Pourquoi "Efféminé" ? La réponse est pourtant évidente. Pourquoi vouloir autant affirmer avoir des attributs masculins sur-développés, sinon parce que cette masculinité est remise en cause ? Seuls ceux qui sont soupçonnés d'ambiguïté sexuelle peuvent se permettre de faire des chansons qui s'intitulent "Je suis un homme". Ainsi donc, répéter à longueur de chanson "avec mes grosses couilles", c'est courir le risque paradoxal de voir remettre en question cette virilité revendiquée.
Nous voici donc confronté à un texte faussement simple qui cache des trésors de significations. Du fond de leur tombe, Brel, Brassens, Gainsbourg, Ferré, Patrick Fiori peuvent être fiers. La relève est assurée !

P.S. : la régie vient de me signaler que Patrick Fiori n'est pas encore mort. Je tiens à m'excuser auprès de sa famille et je vous assure que tout sera fait pour régler cela dans les plus brefs délais.
SanFelice
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le 28 avr. 2014

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