Lazarus
8.3
Lazarus

Morceau de David Bowie ()

Est-ce que tout cela n'arrive qu'à moi?

Je m'étais promis qu'un jour au l'autre, je ferai une critique sur Lazarus. C'était comme un devoir envers Bowie, un remerciement. Pourtant, je le connais pas depuis si longtemps Bowie, il fallu qu'il nous quitte pour que je vienne vers lui. J'avais pioché quelques albums pour découvrir sa musique, et j'étais tombé sur ça.


J'ai vu le clip de Lazarus, mais je n'ai pas pleuré. Je n'ai pas été anéanti par la mort de Bowie, je n'ai pas été en larme face à cet homme fatigué, détruit par le temps et la maladie. Je n'étais pas oppressé par ce cadre, par cette ambiance.


J'étais envoûté. Subjugué, complètement dans la chanson. Entre la terreur et l'admiration. Lazarus avait été un effroyable coup de poing qui venait de me rappeler que Bowie était mort alors que je commençais à peine à le connaître.


Et ça m'a terrifié. J'ai fuis Lazarus comme la peste et je me suis tourné vers des choses plus distrayantes, vers Ziggy Stardust, vers Heroes, ignorant qu'un mec aussi gigantesque, aussi génial que David Bowie était mort et qu'au bord du précipice, il avait été capable de nous offrir quelque chose d'aussi dingue et étrange que ce morceau.


Mais la voix fatiguée de Bowie, ce solo de saxophone à vous faire tourner la tête, cette rythmique de guitare aussi simple que follement addictive. Lazarus avait tout pour me faire chavirer. Car même si je considère des morceaux comme Comfortably Numb ou Stairway To Heaven comme mes préférés, Lazarus est à mes yeux le morceau le plus maîtrisé auquel j'ai pu assisté.


Et c'est peut-être pour ça que j'étais si terrifié à ma première écoute. Parce que rien ne laissait présager d'une telle maîtrise, d'un tel perfectionnisme de la part de Bowie malgré sa mort imminente. C'est d'autant plus fou de savoir que tout ce morceau parle de sa mort, qu'il en est parfaitement conscient, qu'il l'accepte et qu'il était prêt à tout pour qu'on comprenne ce qu'il ressentait.


Bowie avait atteint les sommets. Était devenu l'un des artistes les plus aimés de tout les temps, un monstre de la musique aux multiples facettes. Bowie avait tout gagné, tout réussi, mais tout ça a dû tellement lui paraître dérisoire quand l'ombre de la mort est venu s'accrocher à lui. J'imagine la conviction incroyable dont il a dû faire preuve pour se convaincre qu'il était foutu. Et c'est ça qu'il veut faire passer à travers ses paroles.


Regarde vers le haut, j'y suis, au paradis, je suis couvert de cicatrices, mais tu ne peux pas les voir, je suis tellement haut que mon cerveau en est détruit. Est-ce que tout cela n'arrive qu'à moi ?


Fût une époque, à New York je vivais comme un Roi, puis tout mon pognon s'est envolé, et je ne regarde maintenant que de tes fesses.


Cette voie ou une autre, je serai bientôt libre. Comme ce bel oiseau bleu, est-ce que tout cela n'arrive qu'à moi ?


C'est comme ça que j'interprète ces paroles, comme ça que je les ressens, peut-être je me trompe dans les traductions car je ne suis pas allé vérifier, mais ce serait gâcher mon ressentit, gâcher mon émotion face à un tel monument. Lazarus m'achève à chaque écoute, me plaque au sol me rappelant ma condition d'homme mortel, me rappelant qu'un homme aussi incroyable et immense (oui je l'aime) que Bowie n'a pas pu échapper à la mort. Un homme qu'on a toujours cru différent, qui a su se créer tellement de personnages, qui nous a fait croire qu'il venait de Mars, qu'il était d'ailleurs et d'autre part, finalement, il n'était qu'un homme, comme moi, comme toi.


Lazarus n'est clairement pas le morceau de Bowie que j'écoute le plus. Ça non, je préfère de loin m'éclater sur un Moonage Daydream, un super Heroes, ou un Rebel Rebel. Mais dès que je me retourne vers Lazarus, ça me paraît toujours une évidence, qu'il s'agit là du plus grand morceau que Bowie ait pu nous offrir. Voir même le plus grand morceau tout court.

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le 14 juil. 2018

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James-Betaman

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