C'est dans "le Grand Chêne" que Brassens rencontre La Fontaine qui opposait le roseau, chétif mais souple au chêne puissant et condescendant mais cassant.
Là, Brassens évoque un chêne libre puisqu'il "vivait hors des chemins forestiers" mais au voisinage de roseaux qui, eux, connaissent bien la fable et la fin tragique du chêne. Ce dernier, fier, ravalant son amour-propre à cause de ce damné La Fontaine, "se lasse d'être l'objet des lazzis et se résout à l'exil".
Déraciné et regrettant sa région natale, il rencontre deux amoureux qui deviennent ses amis (après lui avoir fait l'honneur de graver leurs noms).
Ces deux amis, apitoyés par le sort du malheureux chêne, libre mais déraciné, l'emportent avec eux vers leur logis.
Mais la grande amitié du début s'use au point que le chêne se rend compte que non seulement il a perdu sa liberté mais ne devient plus qu'un objet utilitaire.
Pire, même
"Chaque fois qu'un arrêt de mort était rendu
C'est lui qui héritait du pendu"
Avant de vieillir prématurément puis de périr dans la cheminée
"Amère destinée"
J'adore les derniers vers
Qu'est-c'qu'il en sait, le bougre, et qui donc lui a dit
Qu'y a pas de chêne en paradis
Qu'y a pas de chêne en paradis
Où je me plais à entendre "chaine" et pas "chêne"
La morale de la fable de Brassens pourrait peut-être s'apparenter, en première approche, à l'histoire de "l'herbe du pré du voisin qui est toujours plus verte". Je dirais surtout que la liberté n'a pas de prix même si elle comporte quelques petits inconvénients avec lesquels il est préférable de s'accommoder.
https://www.youtube.com/watch?v=4lmtkCaxCXo