Le Plat Pays
8.4
Le Plat Pays

Morceau de Jacques Brel (1988)

Cette chanson est ma préférée. Il en a écrit tellement des incroyablement belles me direz vous ( ce n'est pas moi qui vous contredirais), pourquoi celle là?

Voilà pourquoi.

Parce que cette chanson est la plus belle de ses chansons d'amour.

La chanson d'amour, c'est pourtant la spécialité de Jacques, entre "La Chanson des Vieux Amants", " Quand on a que l'amour", " Ne me quittes pas" ou tant d'autres, bien plus parlante peut-être, que ce "Plat pays", puisque traitant de l'Amour entre un homme et une femme.

Mais un amour malheureux, un amour passion, un amour fuite, prison, danger. Brel disait que les femmes peuvent devenir les prisons des hommes. Il pensait qu'un homme est fait pour être libre, voyager, avancer, que la femme le rend sédentaire ( vision un peu misogyne, j'en conviens ) . Il a aimé, il a adoré les femmes mais comme il le disait aussi " J'aime trop l'Amour pour aimer les femmes."

Jamais satisfait de cet amour là, c'est son amour pour son pays qui me touche ici. Brel était profondément belge. Il a grandi à Bruxelles, il a voulu partir, il est parti, il a vécut ailleurs, mais il est resté Belge avant tout. Malgré tous les défauts qu'il peut trouver à ses compatriotes, qu'il décrit souvent avec humour ( "Les Flamandes", "Les Bourgeois" etc..), il les accepte tels qu'ils sont, il leur jette un regard plein de tendresse, plein d'une indulgence qu'il n'aura pas pour les femmes qu'il pourra désirer.

Ici, Brel peint son pays, de couplet en couplet, il y a la mer qui rugit, grise, se jetant contre des plages de sables et de roches. Des églises, des toits d'ardoises, de la brume, de la pluie, de gros nuages gris, mais de la bonne humeur, mais des rires, du soleil, du vin, de la joie, de la paix, sous un peu de vent.

Il pardonne tout à son pays, et son texte est extrêmement visuel, sa voix comme toujours est un excellent pinceau, se posant sur des accords de guitare, elle est cet incroyable vecteur d'émotions, son souffle, ses accents graves, sa manière d'envisager les mots.

Les mots, le dira-t-on jamais assez, sont des instruments sensuels qu'on ampute lorsqu'on les mâche. Rien n'est plus beau, dans toutes les langues d'ailleurs, qu'un mot bien dit. Je suis peut-être bonne à être enfermée mais quand il dit "Caucagnes", en le disant "C-au-ca-gnes", j'en frissonne, je trouve cela incroyablement sexy.
Il "de-cro-che" les nuages, et éclate de bienveillance, irradie d'amour pour son pays dans le quatrième et dernier couplet.

"Quand le vent est aux ri-res, quand le vent est au b-lé, quand le vent est au su-d, écouter le chan-ter! Le p-lat p-ays, qui est le mien!"
EIA
10
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Créée

le 29 juil. 2013

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EIA

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