Le Pont

Pour le sommeil candide de l’amour, aide-nous à faire un lit de fleurs. Pour la migration nocturne, à l’heure de la peur, aide-nous à bâtir un pont avec nos corps. Aide-nous à dresser un auvent de chansons, à tisser pour le sommeil une soie. Aide-nous, avec des mots amoureux, à préparer un baume pour la blessure de la nuit.

(Refrain)

Laisse-nous partager notre solitude, sur la nappe de la nuit, toi avec moi. Laisse, entre toi et moi, que nos mains soient un pont pour l’oubli de soi.

Je te connais, ô noctambule amoureux, tu connais le nom de ma nuit. À ta peine et à tes yeux, cela se voit : tu es de la tribu, de la lignée des amants.

Je te connais, toi qui gardes la tête dans ton col, ne fais pas l’étrangère devant mes sanglots. Confie ton corps brisé aux caresses de la main amoureuse que je tends.

(Refrain)

Quel mot, quel langage cherches-tu donc ? Ton silence dit tous les mots. Je t’ai reconnu au battement de ton cœur, dans ton cœur bat le cœur de tous les amoureux du monde.

Toi, vêtue d’un habit de pétales et de baisers, tu m’as emmené à la fête de la lumière et des miroirs. Pourquoi craindrais-je les ombres de la nuit ? Tu as remis le soleil entre mes mains.

(Refrain)

Aide-nous, pour que les routes embrumées ne m’arrachent pas à toi, moi, la voyageuse. Aide-nous, pour que les colombes fatiguées ne meurent pas sur la branche prise par la glace. Aide-nous, que nous demandions, aux voyageurs amoureux, des nouvelles de la bonté. Aide, pour que nous restions l’un pour l’autre, aide, pour que nous mourions l’un pour l’autre.

(Refrain)