L'Homme à l'harmonica

  Compositeur italien, Ennio Morricone est réputé pour ses musiques de films que l’on pourrait qualifier de colossales. Il aura former une collaboration avec le réalisateur Sergio Leone qui lui aura procuré énormément de succès. Grâce à cette collaboration, des films comme « Et pour quelques dollars de plus », « Le bon, la brute et le truand » ou encore « Il était une fois dans l’ouest » sont devenus et restent encore mythiques. 
  « L’homme à l’harmonica » (1968) du film « Il était une fois dans l’ouest » est l’une des plus belles créations d’Ennio Morricone. Les résonnances de l’harmonica traversent les années sans grandes difficultés ; même 47 ans après, elle reste une musique culte et fascinante, du géni. Pour parvenir à ce résultat, Ennio a belle et bien été suivi de très près par Sergio Leone, le réalisateur, et l’on dit que ce dernier n’était d’ailleurs pas satisfait de cet œuvre même après la création de ce résultat remarquable.
Écoutée à plusieurs reprises, cette musique ne m’ennuiera jamais ! Elle semble nous inviter à nous propulser dans l’univers de la conquête de l’ouest. On se fait des films, c’est comme si on y était ! Les musiques d’Ennio Morricone sont comme « le moteur » des westerns spaghettis. Ce sont elles qui créent l’émotion et l’ambiance lourde et lente du western. Sans cette musique, peut-être que le film n’aurait pas eu autant de succès. C’est avant tout la musique qui crée l’image, qui crée l’histoire. Alors, on ne s’étonne pas de savoir que les scènes de ce film ont été tournées en même temps que Sergio Leone faisait passer la musique (les musiques ont donc été créées avant les scènes). Cela montre bien la complexité et le géni de cette œuvre. En effet, Ennio a travaillé sa musique de façon a transporté les acteurs dans le passé, il fallait que ces derniers ressentent les émotions, jouent à travers la musique, ils étaient guidés par elle.
L’harmonica est donc au cœur de cette œuvre et il domine la musique. À travers sa mélodie et sa résonance, il crée une ambiance inquiétante et une certaine profondeur. Les résonnances de l’harmonica cassent le silence avec perfection, et elles semblent mêler mystère et tragédie. Cette entrée de l’harmonica finit par être complétée par tout un ensemble d’instruments dont la guitare électrique qui alourdie l’atmosphère et la dramatise de par sa puissance. C’est à ce moment là que Ennio évoque avec perfection l’enjeu du duel final et la tension qui se crée entre l’Homme harmonica (par Charles Bronson) et Frank (interprété par Henry Fonda). Il y a aussi cette répétition de trois notes jouées par des cuivres qui  créent une sorte d’inquiétude et semblent exprimer le temps qui passe et annoncent aussi très bien la mort se rapprochant. D’autres instruments rentrent petit à petit, le tout dans un crescendo pour donner un effet grandissant et extrêmement dramatique ! Il y aussi un certain jeu avec les quelques rares moments de silence, surtout à la fin. Le silence marque des pauses mais il est pourtant lui aussi inquiétant, il semble lui aussi annoncer quelque chose de dramatique, il est aussi en quelque sorte utilisé en tant qu’instrument. Ennio a vraiment bien fait ressortir l’ambiance western : c’est-à-dire une atmosphère pesante, lente, dramatique… avec l’idée de la mort qui se rapproche quand vient la fin du duel.
L’harmonica est très important, il est au cœur de l’histoire de « Il était une fois dans l’ouest ». J’évoque depuis le début le duel qui est important, certes, puisqu’il constitue une des scènes les plus importantes de ce film et c’est d’ailleurs dans cette scène que l’harmonica est alors utilisé bien plus expressivement ; cependant cette musique représente avant tout le personnage de l’homme harmonica ; en effet dans ce film, chacun des personnages sont représentés par une musique qui leur est attribuée. Cette musique représente bien le mystère du personnage sans nom (L’homme harmonica par Bronson) qui semble ne faire que passer pour disparaître pour de bon et reprendre sa route dans la conquête de l’ouest. L’identité du personnage ne sera jamais évoqué, c’est bien pourquoi il est qualifié et identifié à travers l’harmonica. Le caractère et les intentions (ici la vengeance) du personnage se reflète donc à travers la mélodie de cet instrument. L’harmonica est donc au cœur de l’histoire, il est lié au personnage, il décrit ce dernier et est en parti ce pourquoi le duel a lieu à la fin du film. 

L’harmonica encadre et domine cette musique : il joue seul au début et à la fin, il semble annoncer le début et la fin d’un évènement. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’il l’annonce de façon mystérieuse et passagère… comme si c’était banal, comme si un autre duel arriverait un jour sans prévenir et comme si la mort devait encore frapper pour départager deux hommes. Cela montre encore une fois qu’il n’y a pas de temps dans le western, qu’il n’a pas de signification. Il passe lentement et semble être infiniment loin, et Ennio parvient à l’exprimer dans son œuvre. Je pense alors que c’est aussi un moyen de justifier le pourquoi du comment cette œuvre traverse si bien le temps et reste encore l’une des plus belles œuvres musicales. C’est ainsi, que même en l’écoutant aujourd’hui, nous, humains du 21ème siècle, et maintenant éloignés des temps difficiles de la conquête de l’ouest, nous pouvons remonter dans le temps et nous imaginer seuls dans le désert en duel seulement en écoutant ce chef-d’œuvre.

À regarder, cette finale du film en question : https://www.youtube.com/watch?v=-nF_TNklTGI

À voir aussi une autre scène, embellie encore une fois par la grande musique d’Ennio Morricone (et bien sûr ses acteurs comme Clint Eastwood, Lee Van Cleef…) dans « Et pour quelques dollars de plus »
https://www.youtube.com/watch?v=-nF_TNklTGI