J'aurais pu écrire sur les films cités par le morceau. Sur le personnage de La Fureur de vivre qui, comme le narrateur, ne veut plus retourner à la maison car il ne se sent plus chez lui. Sur le fait que, tel un Albert Finney en rébellion contre les pesanteurs de l'Angleterre de son temps dans Samedi soir, dimanche matin, le narrateur de la chanson cherche un échappatoire en sortant dans les rues noires de monde. J'aurais aussi pu évoquer un morceau au titre pré-smithien des New Yorks Dolls (Lonely Planet Boy) qui reprenait déjà à James Dean le motif de l'évasion en bagnole et le sentiment d'être étranger dans sa propre maison. J'aurais pu aussi évoquer le sublime lyrisme de la composition de Marr, une partie instrumentale sonnant totalement Smiths tout en ayant repompé la cover d'Hitch Hike de Marvin Gaye par les Stones et le There she goes again du Velvet Underground. Mais tout cela ne dit pas en quoi There is a light that never goes out est le morceau emblématique des Mancuniens. Il est question d'échapper à son mal être en s'évadant à toute vitesse en voiture. Et en ayant tellement peur de retrouver la banalité du quotidien qu'on en tire un désir suicidaire d'accident à la James Dean. Mais en même temps qu'il célèbre un romantisme motorisé déjà cliché en 1986 Morrissey subvertit ce cliché dans le refrain. Pour crever dans un crash à la James Dean il n'y a pas forcément besoin comme l'imagine le narrateur d'un bus ou d'un camion de 10 tonnes et du coup l'exagération produit un effet comique. Et puis mourir aux cotés de l'être aimé est d'abord le plaisir et le privilège d'un narrateur apparemment conscient du caractère égocentrique de son fantasme. Tout est là: être dans l'oeil du cyclone du mal être adolescent, avec ses frustrations, ses complexes et ses troubles identitaires mais contrebalancer cela par un peu de distance adulte, un peu d'humour au milieu du désespoir.

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le 7 juil. 2021

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JohnTChance

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