Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre

J’ai été très agréablement surpris par cette série flamande produite par Netflix. Je suis habituellement assez méfiant vis-à-vis des superproductions du géant américain qui sont le plus souvent assez décevantes dès lors que l’on passe outre la réalisation soignée. La plupart des séries netflix se consomment et il n’en reste pas grand-chose après le visionnage. Si l’on aborde les 13 commandements de cette manière, force est de constater que la série déçoit et a déçu. La plupart des critiques négatives mentionnent le fait que le rythme de la série est trop lent et que l’on devine trop vite qui est le fameux Moïse qui tue selon les 10 commandements bibliques. A cela on peut déjà répondre que l’identité du tueur ne constitue pas le centre de la série et est révélée à partir des 2 tiers de la série et qu’il faut peut-être se rendre compte que l’intérêt de cette série n’est pas d’abord là.

En effet, la série se révèle être particulièrement riche et nuancée dans son traitement de la question de la justice des hommes, et plus encore en ce qui concerne la prétention de chacun à se faire justicier. Doit-on donner raison à la police étatique du droit positif ? A la rancœur de la victime face à son agresseur ? Au fanatique qui prétend être le bras justicier de Dieu ? Au policier qui falsifie son rapport pour protéger son collègue ? A celui qui veut soulager la douleur du malade en l’euthanasiant ? Autant de question que la série aborde d’une manière définitive, sans chercher à donner une réponse définitive ou à exclure directement une des possibilités. Les personnages ne sont alors pas simplement des prétextes pour porter telle ou telle voix mais rencontrent au cours de leur parcours les différentes apories que pose cette question de la justice. On peut ici souligner la qualité de la production et des acteurs, notamment de l’actrice principale qui incarne justement les ambiguïtés d'une femme éprise de justice et confrontée à l’injustice du monde.

Finalement, cette œuvre doit s’apprécier non pas comme un simple polar (au demeurant sympathique) mais comme une réflexion sur la justice permise par les codes du polar dans une Belgique flamande belle dans sa noirceur. C’est en ce sens que la série Les 13 Commandements ne déçoit pas et montre sa richesse et sa subtilité.