J'ai découvert l'univers de Yellowstone par la première saison de 1923. Fantasque et plaisante malgré quelques gros traits, elle avait le mérite de nous immerger dans une époque à la fois dangereuse et fascinante sans se prendre trop au sérieux. Après un détour très rapide par la série Yellowstone (le premier épisode, interminable, aux personnages tous plus odieux et cons les uns que les autres m'a immédiatement refroidi), je me suis rappelé qu'il existait cette mini-série, extrêmement bien notée (sic).
Les premiers épisodes font illusion malgré une voix off poético-philosophique pouet pouet insupportable (me rappelant les interludes fatigants de Augustus dans l'exceptionnelle série Oz), sans doute parce qu'ils tournent autour de personnages masculins plus vrais que nature (James, Shea et Thomas). Malheureusement ce trio convaincant est vite détrôné par la narratrice, Elsa, ses digressions débiles et son improbable perfection : elle interprète, possédée par le spleen, un splendide Clair de Lune après avoir fait valoir ses talents innés de cowgirl, s'interroge sur le sens de la Vie (et du vit également, car elle est intellectuelle ET charnelle of course), se montre tolérante ET intraitable sur son indépendance de femme (elle a 18 ans vous comprenez ?). Je passe sur le fait qu'elle est meilleure cavalière qu'un natif, qu'elle apprend à chasser aussi bien que lui en deux minutes top chrono....
Comment peut-on encore, en 2021, écrire des personnages de série aussi peu crédibles au sein d'un univers censé être aussi réaliste ? C'est pathétique et surtout bien dommage, car le potentiel de la série était énorme autour d'un sujet finalement peu traité : celui des pionniers, de leur abnégation, des conditions incroyablement rudes de leur voyage et du coût humain atroce pour accéder à la liberté de cultiver un lopin de terre. Par moments (de plus en plus rares au fur et à mesure que la série avance, celle-ci se concentrant sur les états d'âme et les amourettes de Elsa), 1883 parvient à nous projeter dans cette odyssée, mais les mécanismes narratifs redondants (querelles de chefs, épreuve "man vs wild", affrontements face aux bandits, et rebelote) finissent par achever le spectateur.
C'est à l'aune de ce ratage quasi complet qu'on se rend compte que Horizon Chapitre 1 (dont on ne verra peut-être jamais la suite) malgré ses gros défauts (personnages féminins ratés, représentation new-age de la communauté Amérindienne), tenait bien plus la route. Et qu'on ferait surtout bien de se revoir (entre autres), Gold de Thomas Arslan, ou bien Jeremiah Johnson de Sydney Pollack.