Abstract : L'art du design
7.5
Abstract : L'art du design

Émission TV Netflix (2017)

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Après 28mn de souffrance, j'arrête. Dès les premiers instants, la masturbation intellectuelle qui se dégage du docu est dérangeante, mais après une combinaison de propos vides et prétentieux, je n'en peux plus.


J'ai toujours pensé que les gens qui bouinent avec trois bouts de papier sont juste incapables de trouver du plaisir à dessiner ou à peindre, mais ça s'est confirmé en le voyant au tout début nous montrer ses "carnets de design" avec ses dessins tous vides et conceptuels. On croit avoir affaire à un énième ersatz de stéréotype vivant, bouffi de mimétisme, en recherche perpétuelle dans son caca et ses morceaux découpés pour faire "comme les autres"...
Et lorsqu'il nous explique que pixeliser un dessin vaut mieux qu'une peinture réaliste, là j'ai senti un vieux relent d'école des beaux-arts et de l'irruption fasciste du design destructurant dans la pratique des arts plastiques.


En clair, moins on a de talent, plus on rend abstrait pour mieux cacher sa haine des formes qu'on n'arrive pas à consommer. Ca sent la frustration et la jalousie à plein nez.


J'ai déjà eu un doute en voyant l'archétype de designer avec son appart aseptisé, qui joue encore avec ses légos pour dégager des "concepts" , mais le défilé de vide donne la désagréable sensation d'avoir affaire à une génération post art contemporain sans talent qui n'assume pas la réalité et s'enferme dans "l'idée" plutôt que dans le développement riche et généreux de sa sémantique au travers de l'expression physique. Bref ils savent pas peindre ni dessiner, et se branlent sur des cubes et des concepts de concepts. Ce qui se confirme puisqu'au moment où j'ai coupé, il était question de son refus de le filmer dans sa vie réelle pour agrémenter le docu, car pour lui "filmer la réalité c'est la tuer", que "l'on ne peut plus du coup la rendre abstraite", et que "de toutes façons personne n'aime l'authenticité". Ouah. Je reviens de loin.


Ouai, en gros tu veux continuer à transformer un bâteau New-Yorkais en parallélépipède qui te rappelle ton enfance, et ne pas te casser le cul à éprouver de la frustration en te confrontant au réalisme et à ta maîtrise, quoi.


Le documentaire tout entier est un véritable viol de du talent et de l'intellect : on y apprend qu'il s'est fait complètement lessiver le cerveau par son maître de design qui n'avait aucune émotion face à ses peintures, et on a l'impression qu'il n'a vécu que pour se vider et se conformer à ce petit monde égocentrique (tout puissant) de l'édition, jalonné de maximes sophistes telles que :



  • "l'inspiration c'est pour les amateurs"

  • et qu'il faut créer par un processus automatisé comme un robot.


On comprend pourquoi ils aiment le pixel-art : ça va plus vite, et de temps en temps deux cubes s'entrechoquent, t'as un orgasme et l'impression d'avoir révolutionné le monde des Playmobils !


Il y a une autre maxime dont je n'arrive pas à me souvenir et que je n'arrive pas à retrouver, mais ça n'est pas grave : vous comprendrez qu'il s'agit d'une autre horreur à caractère débilisant et qu'on est loin des découverte modernes de l'art abstrait de début 1900, ayant eu au moins le bon goût de réatterrir dans le figuratisme via le cubisme.


Ici, il n'y a que de la branlette post-post-moderne en retard de 100 ans et témoignant d'un vide intellectuel qui n'aura finalement été qu'une niche à geek et autres fanboys de l'ère informatique.


Ca fait plus de quinze ans que je sais que tout les gribouillages infantiles que je vois sur les couvertures de magazine sont un poison mercantile ; mais je voulais voir s'il n'y avait pas une petite chance pour que ça ne soit pas tout à fait vrai.


Je suis venu, j'ai vu, et j'ai confirmé.
R.I.P †

Héraès
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le 9 avr. 2017

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