Battlestar Galactica
7.9
Battlestar Galactica

Série SyFy (2005)

Tout commence sur une scène assez allégorique quand on y pense : un vaisseau se connecte à un autre vaisseau, or du connectant vient un homme, et du connecté une femme ... femme qui, d'ailleurs, embrasse très vite l'homme, en se comportant comme une prostituée. Mais cette compénétration très vite se voit interrompue par la destruction des vaisseaux (par un vaisseau cylon), et voilà donc que le film veut saisir son spectateur à travers deux motions liées comme du béton armé dans le vécu de l'humanité : le sexe et la mort.


Au-delà, on voit bien d'ailleurs et bizarrement, que l'équipage de ce "musée flottant et néanmoins opérationnel", aime à se faire l'amour de façon insouciante mais assez fidèle (il n'y a que des couples), et l'on retrouve une sexualité potentiellement mortelle à la fin, quand le chef-mécano est reconnu pour aimer une pilote-cylon humanoïde. Ceci, sans parler de l'infantilisme comportemental dans lequel est le professeur par qui les Cylons accédèrent au système de défense central : cela arriva, précisément, à cause d'une "prostituée", ou précisément de ce que le professeur aime à jouir insouciamment. Or finalement, il ne quitte plus cette psychologie, au point d'être dans un masochisme jouissif de culpabilité ensuite - quoiqu'il reste aidant pour l'humanité, par-devers lui. Finalement, ce grand enfant assez intelligent est constamment dans cet enjeu : le sexe et la mort.


Mais il y a le puritanisme, représenté par le commandant et la présidente. Et c'est drôle d'abord, comme ces deux-là se comportent comme un vieux couple divorcé forcé à la réunion par les circonstances. Ce puritanisme, il fait sa première apparition avec le discours du commandant au début, alors qu'il doit encore quitter son poste : les notions de péché, d'irresponsabilité, de création, de piété, etc. sont très présentes, et finalement dans des termes fort chrétiens tels que nous les connaissons, encore que polythéistes avec leurs Seigneurs de Kobol ! mais il faut bien se figurer que Kobol est l'anagramme de Kolob qui, dans le livre des mormons (oui, des mormons), désigne une proximité avec le trône de Dieu. Or, un créateur de cette série est mormon, et diffuse donc à travers ce média ses valeurs. Le puritanisme se traduit encore évidemment dans la démarche de la présidente, toute humanitarisme, toute charité. Et c'est drôle alors, comme le film insiste sur la cruauté des événements, en en tartinant des couches sur cette petite fille abandonnée à la mort avec toute sa station spatiale, à cause de l'urgence des circonstances, et la présidente d'être totalement tétanisée par la nécessité : cette tétanie, elle advient devant l'échec des bonnes intentions, devant l'échec de l'idéalisme. Et, à ce point, c'est l'amour maternant (Freud parlerait d'affectivité psychosexuelle pour l'enfant) qui est mis en défaut, et c'est en forçant un peu que l'on retombe sur le sexe et la mort. Mais enfin, la connivence tacite, diplomatique et nécessaire de la présidente et du commandant elle-même, est sexuelle dans un cadre mortel, autour de leur secret terminant le film-pilote.


Tout cela procède éminemment d'un puritanisme moral de fond : l'insouciance a été punie, l'innocence a été punie, et tout est désormais condamné. Pire que cela : ce sont les Cylons, qui parlent de jugement de Dieu, issu d'un Dieu unique dont on se demande ce qu'il vient faire là. C'est même la "prostituée" qui parle "d'amour de Dieu" ! le glauque est à son comble ... et les Hommes donc, de subir quelque - injustifiable, au fond - châtiment. C'est bête comme tout, et ça n'est même pas rien, mais de ce même-pas-rien le film puis le premier épisode font un tout. Un tout "sordidement attrayant", foncièrement vicié.


Ça n'est pas très bon, non.

MalcolmCooper
4
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le 6 mai 2017

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MalcolmCooper

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