Bloody storyline

A priori, Bloodline est le genre de série qui a beaucoup pour me plaire : j'aime les séries bien écrites, parfois un peu cérébrales, qui approfondissent la psychologie des personnages sans mâcher le travail du spectateur. La lenteur du récit ne me dérange pas, tant que la série est suffisamment riche pour nourrir ma réflexion.

Le thème de Bloodline, qui tourne autour des relations familiales et de la place de chacun dans une fratrie, est assez classique mais semblait se prêter assez bien à un développement sur la complexité de ces relations. Les tout premiers épisodes ont capté mon intérêt, et m'ont donné envie d'en savoir plus. Malheureusement, le récit commence rapidement à s'essouffler.

On retrouve ici les tics des créateurs de Damages : des anticipations des événements dramatiques qui vont survenir, et des flashback avec des choix de réalisation un peu douteux (ralentis et pseudo-flou artistique au menu), dont on n'aura que des bribes qui s'étoffent peu à peu. Or, dans Damages, ce procédé fonctionnait plutôt bien pour maintenir le suspense de l'intrigue. Ici, l'insertion d'un élément dramatique relève d'un choix de facilité qui ne fonctionne à mon sens pas très bien pour traiter d'un thème maintes fois exploré et inscrit dans la banalité du quotidien.

Au fond, ce choix sert surtout à masquer le manque de subtilité et d'originalité de la série, qui ne dit rien que de très convenu. Comme dans Damages, le mystère qui entoure les personnages laisse suggérer une certaine profondeur, une complexité, mais lorsque ce mystère commence à se dissiper, ils apparaissent finalement comme des types, presque caricaturaux. La réalisation fait mine de nous laisser une part dans l'interprétation, mais elle ne fait que nous mettre en attente, pour finalement nous asséner des explications toutes faites.

Bloodline mime ainsi la subtilité d'une écriture et d'une réalisation à la Mad Men, mais ne parvient jamais à l'atteindre. Au bout du sixième épisode, on commence déjà à avoir franchement l'impression de tourner en rond.