Guide du chasseur de démon, §5 - Toujours se laver à l'eau bénite.
J'avoue ne pas comprendre, malgré tous mes efforts, l'engouement sur cet animé - ou ce manga, peu importe. Pour la mise en contexte, j'avais croisé la route de "Ao No Exorcist" plusieurs fois pendant cette dernière année, sans jamais vraiment le commencer, trouvant que le synopsis ressemblait, à s'y méprendre, à l'un de ces scénarios torchés s'adressant à un public assez stéréoypé d'adolescents, public considéré comme naïf, rêvant d'évasion et d'aventure, et d'amour, et de super pouvoir, parce que le monde est trop injuste, et que la société c'est de la merde, et que, de toute manière, c'était mieux avant. Finalement, une fille que j'estime pas mal et qui est plutôt calée en matières d'animés et de dramas coréens, m'a suggéré de le regarder. Alors j'ai obéit ; mais, malgré toute ma bonne volonté, mon impression première, que j'ai détaillé ci-dessus, est celle qui a persisté tout au long de l'animé.
(Rajout : je me souviens même plus de la moitié des noms des personnages alors que ça fait moins d'une heure que j'ai terminé de le regarder, je crois que ça veut tout dire).
La base de l'histoire ne me parait ni spécialement originale, ni spécialement recherchée, sans compter que quelques détails sont franchement risibles ; l'exorciste version surpuissant (je peux sortir un sabre et des serpents de ma poitrine si j'ai un symbole rouge dessus et que je me promène à moitié nu, trop cool), l'influence du Vatican (et le pape qui, en plus de son titre, hérite de la gestion de tous les démons apparus dans son monde, est quand même un pauvre bougre). Et surtout, surtout, Satan en personne, le mal absolu, qui a pour seule force de... savoir tout brûler sur commande. YESH. Et n'oublions pas que le héros est, par le miracle du Saint-Esprit, le fils de Satan, dont il a hérité de ses pouvoirs (mais au début de l'animé, il ne le sait pas, sinon ça gâcherait tout). Les quelques bonnes trouvailles de l'animé (notons, ce jardin "enchanté" que quelques personnes recherchent, ainsi qu'une multitude de détails malheureusement secondaires et insignifiants), sont gâchées par un manque cruel dans la cohérence du développement et dans la quantité des informations fournies ; par exemple, idée simple et stupide, on ne sait pas pourquoi les exorcistes sont les seuls à voir des démons, au contraire des civils.
Malgré des bons passages, il me semble difficile de ne pas remarquer le manque de rythme évident de l'animé : tout l'essentiel se tient dans les trois derniers épisodes, où les informations sont données au rythme de 100 infos / minute, de manière assez peu crédible par ailleurs, tandis qu'une bonne quinzaine des épisodes sont chiants, inutiles, mal rythmés et servent uniquement pour montrer les relations ô combien profondes et amicales des personnes principaux (rire). De la même manière, il me semble difficile de nier que certaines situations sont promptement risibles, grossières et inutiles. J'accorde la palme d'or au bidon d'eau bénite projeté à l'épisode 15 sur nos chers amis pour les "aider à combattre les démons", sauf sur Rin, qui, comme excuse, est simplement "allergique à l'eau bénite". AH AH AH. ALLERGIQUE A L'EAU MAIS UNIQUEMENT SI ELLE EST BENITE. Parce que jamais deux sans trois, il me semble difficile de nier tous les clichés scénaristiques qui rendent l'histoire incrédible et imbuvable : Rin étant (j'y reviendrais plus tard), le personne archétype v1.0 qui cherche à émouvoir Christine, 13 ans, conne et boutonneuse, Yukio étant également une enveloppe vide et ornementale, puis enfin, la situation de la plupart des personnages correspondant à un archétype bien défini, qui est démontré par des procédés promptement grossiers. De plus, n'oublions pas que le Grand Ennemi de Rin, outre Satan, est un professeur rancunier, alors que toute la terre aurait eu raison de lui en vouloir, et que, si j'étais la productrice, je l'aurais tué en un épisode et demi tellement il est stupide (désolée, c'est une question de cohérence et de lucidité). Enfin, parce qu'il ne faut jamais trois sans quatre, les dialogues méritent la palme d'or du néant (voir Bonus, tout à la fin de la critique). Ah, dernier point que j'allais oublier : l'animation, sur certains passages, et notamment quand on se focalise sur la queue de Rin, ou alors, sur les deux derniers épisodes, est parfois médiocre.
Dernière chose qui m'a fait un petit peu rire, et que je vais développer même si je crois l'avoir déjà précisée avant : les personnages ; si quelques personnages secondaires rattrapent la platitude des autres, la plupart des personnes correspondent tout de même bien à des archétypes qui visent Christine (mais je l'aime bien tout de même, hein <3), archétypes totalement dénués de substances et d'enveloppe. Petit top 3 des personnages les plus ratés - je compte les clichés et les niaiseries entre parenthèse :
1. Rin. Fils du Démon en Chef (1), n'ayant aucune valeur plus forte que celle de l'amitié (2), il veut être plus fort pour protéger ses amis (3) et pour tuer Satan (4), parce que celui-ci a tué son père (5), et qu'il est désormais Orphelin (6). Il compte utiliser son pouvoir maléfique (7), inné (8) et surpuissant (9), pour faire le bien (10). Malgré tout cela, il ne sait pas faire grand chose d'autre (11), s'emporte facilement (12), est tête brulée (13), et les producteurs utilisent juste une qualité subsidiaire pour faire croire que Rin est intéressant et novateur (14), la cuisine. Bref : Naruto powaaa. Plagiat, copié collé dégueulasse aux cheveux bleuâtres.
2. Yukio. Fils de Satan (1), jumeau de son frère (2), il ne vit que pour le protéger (3), n'a aucune pensée qui le concerne, est intellectuellement supérieur (4) et porte des lunettes (5), en plus de cacher à son frère un grand secret, et ce, dès l'enfance (6), et d'être aussi l'un des plus jeunes exorcistes de l'histoire (7). Et en plus, il a une groupie de filles (8). Bref, une Marie Sue mode mâle en puissance.
3. Satan (oui, j'ai volontairement terminé par le père et fait un top de la honte familial). Méchant en furie (1), avec une voix promptement ridicule et grave diabolique (2), il est considéré comme le Démon ultime (3), mais s'est malencontreusement épris d'une humaine (4, 5, 6, ça compte triple), avec qui il a fait des gosses (7), dont il se contrefiche totalement par la suite (8). Bref, le grand méchant qui a un jour eu un cœur et qui cherche à tuer le monde pour retrouver son amour et réaliser ses rêves. (+ 1000, carton plein : DANS LE MILLE !).
Ao no Exorcist me parait donc être un animé passablement moyen, bien calé pour satisfaire un public de faible exigence, qui regarde pour se divertir, mais ne résistant pas deux secondes à un visionnage un minimum intéressé (enfin, plutôt totalement désintéressé dans mon cas).
Ah, le bonus que j'avais promis : épisode 24, une des phrases de Yukio est promptement ahurissante : "« Je t’en prie, pardonne moi, tout est ma faute »". Ou phrase type tirée de l'animé stupide, bête, et clicheteux, surtout au vu de la situation. Pathétique.
