Bottom
7.6
Bottom

Série BBC Two (1991)

La cultissime série par les déjà légendaires Mayall et Edmondson

Bottom c’est l’oeuvre de Rik Mayall et Ade Edmondson, deux figures pionnières de la comédie alternative, au sommet de leur art. Edward ‘Eddie’ Elizabeth Hitler et Richard ‘Richie’ Richard survivent tant bien que mal dans un appartement délabré d’Hammersmith. Inséparables, ils se tolèrent autant qu’ils se détestent et se montrent en revanche solidaires dans les mauvais coups. Bottom est sur le papier une succession de bourre-pifs, de sous-entendus graveleux et d’insultes. Bottom est pourtant une des sitcoms les plus drôles, abouties et répliques cultes à foison, où l’humour est servi par un duo dont la complicité et le génie crève l’écran.


Hobnob Fight : une chorégraphie millimétrée où un simple échange de beignes confine au génie.


Les deux créateurs, auteurs et acteurs Rik Mayall et Adrian Edmondson se rencontrent et 1975 à l’université et ébauchent dès leur début un univers et une esthétique qui n’a eu de cesse de s’affiner et de s’améliorer jusqu’à aboutir à Bottom. Eddie et Richie sont leurs jumeaux démoniaques. Plus vraiment The Young Ones, une pointe de Dangerous Brothers une vague continuité avec Filthy, Rich & Catflap, Bottom c’est l’aboutissement après 15 ans passés à tester et parfaire leur gestuelle, leur humour et leur personnage. Des années à revisiter le burlesque pour y insuffler leur anarchisme. C’est à la fois l’apothéose, selon eux leur meilleure création et la fin de leur collaboration qui se termine avec la dernière version live en 2003.


Love Bureau : Nos deux pervers cherchent l'amour "I can't see you obviously but I bet you all have smashing blouses on"


Meilleurs amis aux inspirations similaires, Rik et Ade partagent un naturel comique exceptionnel. Bottom est comme une extension d’eux-mêmes, une version maléfique d’eux-mêmes. Un humour qui tomberait à l’eau dans les mains d’un autre duo et atteint ici une perfection comique par leur seule présence. L’univers de Bottom est un mélange de bon vieux burlesque, des souvenirs d’une jeunesse punk, d’anarchisme concoctés par deux personnages comme sortis d’un cartoon. Bottom met en scène deux hommes misérables. Ils donnent et reçoivent des beignes sans sang ni blessure. Loin de l’imaginaire fantasmé de deux coloc qui se déchirent la gueule dans des soirées démentielles, difficile d’envier leur vie faite de banalité et de frustration. Ils n’ont pas de rêves fous, d’ambition particulière si ce n’est de boire et coucher. Eddie et Richie sont immatures et sans grand sens des responsabilités chaque épisode les plonge dans une énième combine à la con. Pas forcément sympathique on se réjouit autant de les voir s’en prendre plein la tête que de ‘triompher’.


Bottom est le support à des gags délirants et dialogue fabuleux. Ce qui marque le plus c’est évidemment l’art et l’énergie phénoménale déployée par Ade et Rik. Le timing est la perfection même. Les combats sont si bien chorégraphiés qu’ils laissent libre cours à deux physiques opposés et complémentaires. Deux immenses comédiens s’offrent un terrain de jeu sur mesure. J’ai rarement vu aussi jouissif. Recevoir et donner des beignes est un exercice qui demande une rythmique précise. C’est bête à dire mais je ne pensais pas être bouche-bée devant des combats entre deux idiots. Adrian Edmondson promène son éternel double, idiot violent, obsédé sexuel et alcoolique. Le regard vide Ade affiche la jubilation des simples d’esprit et le corps raide. Rik confirme qu’il n’est pas comme nous. Le comédien déploie une énergie surhumaine. Il déclenche l’hilarité par une simple grimace avec son visage élastique et sa souplesse folle.


Eddie : What’s this ?
Richie : Elm tea. The Gypsies swear by it.
Eddie : I bet they do ! I bet they say « What the bloody hell is this ? »

La scène manque à nos deux complices. 5 adaptations scéniques de Bottom sont réalisées entre 1993 et 2003. Les Bottom Live sont du pur fan service. Les meilleurs ingrédients en version rallongées alternent avec ces faux moments de lâcher prise et de vrais ratages. Ces versions sont surtout réputées pour leurs bétisiers. Un plaisir pour les admirateurs. Eddie et Richie se foutent toujours sur la gueule, Rik et Ade aussi. Des références à leurs carrières, des piques souvent écrites. Et de vrais ratés entre Rik qui bafoue, oublie ses lignes et des gags qui échouent dès le début. En 1998 Rik est victime d’un grave accident, après 5 jours dans le coma et alors que les médecins le donnaient pour mort Rik parvient à récupérer complétement et remonte sur scène. Certes son jeu est un chouïa moins physique et sa voix a très légèrement changé mais sa folie est intacte.


Si vous avez la flemme de les mater toutes, voici une petite sélection des meilleurs moments sur scène : Bottom Live 1 (1993) Eddie s’excite sur un magazine (18’55) et le classique combat (33′). Bottom Live 2 Number 2 Tour (1995) Un des meilleurs combats série et pièces confondues avec l’indécente débauche d’énergie de Rik (1’07’20), Rik s’amuse des petits malins dans le public (« Have a wank ! ») qui se termine par la pique formidable d’Ade (57′), Rik donne un vrai coup dans les parties d’Ade avec en prime une mauvaise coordination des bruitages (1’30’40) Bottom Live 3 Hooligan’s island (1997) : Pour Rik il suffit d’un mot un seul « Bamboo » (54’40), Ade ferme mal une porte et le gag foire, Rik se laisse emporter par le rire (35’20). Bottom Live 4 (2001) : An Arse Oddity : Pas le meilleur, la 2ème partie offre quelques digressions de Rik et Ade sur leurs anciens partenaires et l’accident de Rik. Bottom live 5 Weapons Grade Y-Fronts Tour : Rendons gloire à Ade (15’10) et Eddie le Eminem blanc (54’44).



Bottom Live 4 – An Arse Oddity :


Richie : «  Do you know I went to Yoga? I did! If I’d got up to level twenty I might have been able to fuck myself. As look would have


it, I got to level thirteen, accidently sneezed and blew myself inside
out. What I thought was a rather funky goatee beard turned out to be
my pubic hair. I couldn’t see it anyway though because I had two
bollocks hanging in front of my eyes. I was in surgery three days,
three whole days before the surgeons stopped giggling. «



La Bastard community est un ensemble joyeux et soudé. On partage et on s’aime à coup de « Bastard ! » « You Bastard ! » « French Bastard ! » (c’est moi :D) et il y a Guest House Paradiso, le film. Du pur Bottom, fait pour les enfants éduqués dans la passion du Rik. Défoncé par la critique il divise également les fan, dommage pour un si joli casting comprenant Bill Nighy, Vincent Cassel, Simon Pegg et James d’Arcy. Réalisé par Adrian et sorti en 1999, Guest House Paradiso délocalise nos héros dans un hôtel miteux. Richard Twat (à prononcer Twaït) et Edward Elizabeth Ndingombaba endossent les rôles de gérants incompétents et dangereux. Une intrigue sans intérêt et un enchaînement de gags. Nos deux idiots se sont faits plaisir, l’énergie frénétique de la série laisse place à des gags plus longs et gores. Je m’attendais à une catastrophe, le film est plaisant pour la fan que je suis. A voir si la série vous a plu.


Ecrite par des sales gosses pour des sales gosses. On se sent bien après un épisode de Bottom, après tant de rire et de générosité. Ade et Rik dégagent un je ne sais quoi de magique qui vous scotche à chaque scène. Combien de fois ai-je rejoué une scène, découpé les mouvements et les mimiques ? Pour vous convaincre je vous conseille les épisodes suivants. Digger (S02-E01) Eddie et Richie se tournent vers une agence matrimoniale (2ème vidéo), Richie s’invente une identité d’aristocrate fortuné. ‘S Out (S02 E06) : Eddie et Richie campent dans un parc. La sortie est un naufrage et le combat une merveille (1ère vidéo). Finger (S03 E05) Eddie et Richie se font passer pour des jeunes mariés afin de profiter d’une suite dans un hôtel luxueux. Eddie se grime en femme, vulgaire et les seins à l’envers il vit une confusion des genres sous les assauts d’un barman entreprenant.


Vous pouvez lire un hommage et portrait de Rik Mayall sur mon blog. Un artiste généreux et génie comique : https://dismoimedia.com/2016/06/19/rik-mayall-hommage-a-lartiste-genereux-et-genie-comique/

AmMy
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le 16 juin 2016

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