Une savoureuse orgie qui se perd sur sa longueur

La saison 7 de The X-Files a marqué les esprits de nombreux fans, et pas pour les meilleures raisons : David Duchovny, l’acteur principal du duo Mulder-Scully, quitte la série pour se consacrer à sa famille et au cinéma (entraînant ainsi la déchéance de la série au bout de deux saisons supplémentaires). Mais sa carrière dans le 7ème art ne décollant pas vraiment, le comédien décide de revenir au monde télévisuel en 2007 en tant que tête d’affiche et producteur d’une série intitulée Californication. Un retour qui donne naissance à une aventure volontairement irrévérencieuse ainsi qu’à un nouveau rôle emblématique pour Duchovny (qui lui permet d’obtenir un second Golden Globe du meilleur comédien dans une série). Un rodéo entre délire et tourmente, qui vient tout juste de s’achever cette année même, au bout de sept saisons consécutives. L’occasion rêvée pour fournir un constat général sur cette série qui a perduré pendant près de sept ans sur la chaîne américaine Showtime.

S’il vous fallait un descriptif de Californication, il vous suffit juste de regarder le début du tout premier épisode qui se présente de la manière suivante : un rêve dans lequel notre héros arrive à l’église au volant de sa Porsche, jetant au passage son mégot dans le bénitier, et qui se retrouve face à une bonne sœur lui prodiguant une fellation afin d’oublier tous ses malheurs. En à peine 2 minutes, le ton est donné d’office : Californication est une série qui présente un personnage principal bouleversé (ce qui permettra quelques moments émotionnels) qui va vivre des aventures érotiques rocambolesques dans le cadre luxueux et exotique qu’est la côté Est des États-Unis. Dès les premières minutes du pilote, le décor et l’ambiance pleinement assumés de la série sont plantés pour ne jamais s’estomper, et ce jusqu’au clap final.

Californication, dans son intégralité, est une savoureuse orgie, une découverte des plus décontractées du milieu du showbiz (cinéma, télévision, musique, littérature…), un divertissement sans prise de tête. Un enchaînement de situations toutes aussi farfelues les unes que les autres, qui mettent en avant des personnages hauts en couleurs (mention spéciale à Charlie Runkle et à ses déboires sexuels), incarnés avec justesse et surtout un grand amusement par leur comédien respectif (David Duchovny en tête et quelques petites perles comme Maggie Grace dans la saison 6). Un délire qui n’a pas peur du too much pour dresser un portrait des plus libertins de la Californie sans pour autant se montrer fade et sans âme aux yeux des spectateurs. Californication, c’est également la descente aux enfers du personnage principal qui, au fur et à mesure des épisodes, va se remettre en question. Réfléchir sur ce qu’il en train de devenir, de ce qu’il a été par le passé, pour tenter d’être le meilleur père et mari possible. Des moments plus intimes qui permettent à Californication de proposer des protagonistes (du moins le principal) assez humains et donc suffisamment attachants, ne faisant ainsi jamais perdre de l’intérêt aux sept saisons proposées.

Mais même en appréciant pleinement la série, il faut reconnaitre que Californication aurait été la meilleure série comique de ces dernières années si elle s’était arrêtée dès la saison 2. La faute à un schéma narratif qui va s’installer dès la 3ème et ce jusqu’au grand final : notre héros qui va se retrouver (à nouveau) éloigné de sa femme pour X raison, être embauché dans un autre milieu du showbiz, connaître de nouvelles rencontres amicales et sexuelles déjantées, avec en parallèle les mésaventures de son agent, pour se terminer avec l’espoir furtif de se réconcilier avec Karen. Une monotonie plutôt écrasante, surtout quand elle concerne cinq saisons consécutives. Surtout pour la dernière, qui s’annonce pourtant comme le dénouement à tout cela, et qui s’avère se terminer de la même manière que pour les précédentes : des retrouvailles qui semblent certes plus concrètes mais qui paraissent pourtant encore assez peu solides pour une fin de série, comme s’il fallait attendre une saison 8. Au final, nous avons l’impression d’avoir une série qui tourne un chouïa en rond malgré le plaisir coupable qu’elle nous offre sur un plateau d’argent.

Cela n’enlève en rien la jouissance d’avoir vu Fox Mulder se décoincer pour devenir l’exécrable Hank Moody pour sept ans de débilités assumées. La question maintenant est de savoir quel sera l’avenir pour David Duchovny. Va-t-il revenir pour une nouvelle série ? Ou bien retenter sa carrière au cinéma, avec un éventuel The X-Files 3 ? Seul le temps nous le dira !
sebastiendecocq
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le 8 sept. 2014

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