Je ne vois pas ce que cette série a d'allemand. Le nom des acteurs, des personnages, la langue et les éléments de décor bien sûr et c'est tout. En premier lieu, pas le générique d'ouverture, franchement bon ceci dit. Le morceau "neither ever nor never" à tort ou à raison m'a fait penser à certains titres de Fever Ray (générique de Vikings).
Les critiques que j'ai survolées encensent fréquemment une esthétique germanique. Je suis pas du tout d'accord, c'est une esthétique ricaine, voire Netflix : pléthore de plans fixes sont en très léger zoom avant, des morceaux de musique en fond sonore montent au premier plan (ou l'inverse) , prétextes à petits vidéo clips (Shout de Tears for fears en 86 par ex. ici, à comparer avec l'opening de The Outsider) . Autre effet sonore récurrent et galvaudé : les dialogues (ou le bruitage, la bande son) de la scène à suivre commencent avant le cut image de celle en cours, en manière de transition. Ces éléments de vocabulaire scénique sont tellement américains, si peu allemands. On doit pouvoir en identifier un paquet d'autres en étant plus observateur et compétent que moi.
Quant au scénario, c'est encore plus évident. La proximité consanguine avec Stranger Things n'a échappé à personne : enfant disparu, grottes et souterrains, dont même la carte est jumelle, installation gouvernementale grillagée, école au rôle prépondérant, forêt dangereuse (non la nature inquiétante n'est pas une marque allemande ou nordique comme j'ai pu le lire), petite ville paumée, chefs de la police locale aux premiers rôles (très très ricain). Et je n'en suis qu'au 4e épisode de la première saison à l'heure où j'écris ces lignes. Quelques épisodes plus loin, le portail-trou-dans-le-mur vient s'ajouter à cette liste.
De manière plus générale, la boucle temporelle, le continuum espace temps remis en cause par les théories d'Einstein puis quantiques, des cordes, les multivers font le fond de commerce d'un nombre exagéré de séries : Tales from the loop chez Amazon, Devs chez Hulu, His dark materials chez OCS, Counterpart chez Starz... Sans compter celles que je ne connais pas ou que j'oublie. Il y quelques années, tout diffuseur voulait sa série "zombie", ajd c'est la "quantique". Effet de mode ou uniformisation à outrance, conformisme débridé? Sûrement.
Avec tout ça, je devrais conclure que j'ai détesté. Et ben non. Je continue à suivre les péripéties de ce pas simple bestiaire sur 4 époques. L'histoire, quoique j'ai pu en dire, me tient.
Je ne me suis pris d'affection pour aucun personnage en particulier, sauf peut-être Martha, pour sa prestation théâtrale je crois. Parce que je la trouve à mon goût sûrement, mais ça n'est qu'accessoire. On ne me prend pas par les sentiments pour m'intéresser à ces destinées et, ça c'est inattendu, surtout que les victimes sont des enfants. L'histoire n'est pas si originale qu'on le dit, l'esthétique non plus, mais, telle une bonne berline, ça tient la route.