Valse de psychopathes aux mains propres

J'avais commencé à lire le manga Death Note. L'histoire était prometteuse, originale, les personnages plutôt attachants et pas du tout binaires (j'aime bien quand c'est pas mathématique moi)...puis si c'était un suspense qui marchait sur les 5 premiers volumes, les 6ème et 7ème ont commencé à me perdre. Je trouvais ça long...c'était un peu comme avoir accès aux pensées de deux joueurs d'échecs en train d'élaborer une stratégie sans avoir le droit de voir la partie jouée. Et surtout, l'impression de pédaler dans la semoule, à se demander d'une part si l'intrigue allait finir par avancer, et ensuite si l'auteur n'était pas en train de jouer la montre en se payant ma tête. J'ai un problème avec les sagas à rallonges dont certains tomes pourraient être enlevés sans que cela n'ait un impact sur la trame générale. En plus, au même moment, j'ai été kidnappé par une horde de goules à Tokyo, les priorités de collections et lectures ont donc changées pour un temps, sans aucun regret. Death Note était donc resté à l'abandon sur une pile de la bibliothèque. Un peu refroidie, j'ai décidé d'essayer un autre format (gratuit ou presque, merci Netflix) histoire de limiter le risque de frustration imminent.

Bon d'accord. D'accord, d'accord, je sors mon petit drapeau blanc, ne tirez pas, j'ai eu tort, ça va, je lirai la suite. Un jour. Le visionnage m'a révélé que j'aurais du patienter un peu et qu'un rebondissement allait redynamiser le schmilblick.

Du côté de l'adaptation, c'est un animé de qualité, non pas que j'ai beaucoup de points de comparaison mais ça reste très fidèle dans la forme au manga initial. Les phases de réflexions des personnages sont un peu plus digestes à mon goût, et je retrouve des traits qui me plaisent bien. La VF n'est pas mal non plus, les plans, le choix de la musique sont assez intéressants j'ai beaucoup apprécié. Mon seul souci, c'est que pour le coup on a perdu une qualité importante en route : l'animé présente un Light Yagami qui tourne très vite psychopathe, anti-héros, alors même que dans les livres c'était pas aussi flagrant à mon goût...il y avait toute la question de la cause juste défendue dans son projet, une volonté de faire le Bien, etc, qu'on ne retrouve pas forcément. Un peu dommage d'avoir émoussé cette dimension là au passage.

Dans le fond et dans la forme, Death Note est une idée de génie (faire autant de nœuds sans perdre le fil...j'admire)...dommage d'avoir laissé la place à quelques longueurs non constructives. Les personnages plutôt complexes ont un peu perdus de leurs superbes à l'écran mais restent bien développés (toujours un faible pour Ryuk qui fait preuve d'un cynisme défiant toute concurrence...et d'envies de pommes contagieuses à tel point que j'ai fait une cure sur plusieurs semaines devant ma télé). La fin est plutôt bien négociée...chose assez rare dans les longues sagas pour qu'on le souligne.