Death Note
7.9
Death Note

Anime (mangas) NTV (2006)

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A ceux qui s’intéressent à Death Note sans être sûr(e)s de leur choix, je recommanderais vivement le visionnage en avant-première d’une certaine séquence – l’une des meilleures – plongeant le spectateur dans le vif du sujet sans tuer toute l'intrigue (12 :10 - 21:17).
Death Note - Episode 2 (VF)


Death Note illustre la complexité du pouvoir et le danger de s’en remettre à une personne providentielle, aussi douée soit-elle, pour rendre la Justice :
- Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités
- Quiconque en est le détenteur est tenté d’en abuser
- Chacun peut devenir un monstre pour satisfaire son égo tout en se voilant derrière un idéal


Cela vaut aussi bien pour Light Yagami (alias Kira), détenteur d’un cahier divin ayant le pouvoir de tuer, que pour son principal adversaire (alias L), reconnu comme le plus grand enquêteur au monde. Tous deux sont les hommes providentiels de deux visions opposées de la Justice qui s’affrontent sous le regard amusé d’un Dieu de la Mort (Ryuk) en manque de divertissement. D’un côté, la vision absolue, arbitraire et purificatrice de Kira, menant pour autant à la baisse significative de la criminalité dans le monde ; De l’autre côté, la vision nuancée, institutionnelle et reposant sur la charge de la preuve de L, menant malgré tout à des atteintes aux droits fondamentaux sans parvenir aux résultats escomptés.


Le duel entre ces deux visions reposant en réalité sur une partie d'échec personnelle entre deux esprits géniaux qui s’ennuient, chacun cherche coûte que coûte à prouver qu’il est le meilleur face à un adversaire enfin à sa hauteur. Ce qui amène à la question suivante: quelles limites est-on capable de s’imposer dès lors qu’on détient un pouvoir, surtout lorsque celui-ci est mis en péril ? Dans cette bataille d'égo, Kira pourrait bien devenir L et L devenir Kira. Si la première partie tient en haleine principalement grâce au passionnant jeu du chat et de la souris entre ces deux ennemis intimes (reflets l'un de l'autre jusque dans leurs thémes musicaux respectifs), la dernière partie de l’anime est moins prenante avec l’entrée en scène de personnages moins charismatiques. Pour autant, l'anime tient en haleine jusqu’au bout avec un rebondissement assez inattendu. On retiendra une séquence finale à couper le souffle et une dernière scène particulièrement émouvante (mention spéciale à la BO, excellente tout au long de l'anime) qui nous rappelle la complexité de juger un être humain au regard de ses actes. Et n'en déplaise aux nombreuses personnes qui pensent que le dernier arc est de trop, c'est pourtant lui qui donne toute sa profondeur à l'histoire. Un parfait anti-thèse du début de l'anime (attention: spoilers!).


Si Mello et Near sont introduits comme un miroir de la rivalité egocentrique entre Kira et L (le thème musical de Mello se rapprochant de Light tandis que le thème de Near reflète celui de L), c’est un acte désintéressé de Mello qui permet indirectement à Near de faire échec et mat, Near concédant qu’il était censé perdre sans cet imprévu. Au final, j’apprécie que L et Light soient vaincus de manière inattendue alors que tout semblait pointer vers une bataille finale épique entre ces deux-là. Leur défaite respective montre que la Justice ne peut être ni manichéenne ni parfaite parce que les errements sont tout simplement "humains". Ainsi, en dépit de leur raisonnement (trop) parfaits, l'un est vaincu par un acte d'amour inconditionnel (celui de Rem envers Misa), l'autre par une banale erreur (celle de Mikami). Bien que l’anime ne prenne jamais clairement position pour un camp ou l’autre, l’attitude de L face à son destin montre en quoi il se distingue de Kira tout en étant son reflet sur bien des points. L’histoire aurait pu se conclure par une escalade dans leur bataille d'égo, L devenant un monstre au même titre que Kira pour personnifier la Justice et se poser en Héro du triomphe d'un camp sur l'autre. En faisant le choix d’accepter son destin imminent, L prouve paradoxalement qu’il est bien le plus grand des deux dans la défaite personnelle. Lui, le meilleur détective du monde accepte qu’il ne peut être l' unique recours, quitte à ce que d’autres reçoivent les lauriers à la fin. En ce sens, la scène du "lavement de pied" est à la fois un acte symbolique d'humilité, de pardon voire d'amour (qu'il soit confraternel, platonique ou même romantique) de la part de L, le seul moment de répit sincère dans une intrigue parfois trop dense et complexe. Un contraste saisissant avec l'attitude de Light, mauvais perdant jusqu'au bout, consummé par la quête de personifier la Justice et omnubilé par sa rivalité avec son meilleur ennemi (détestant Near autant parce qu'il lui rappelle L que parce qu'il n'est pas L). Indirectement, L donne la solution de la victoire à ses successeurs. Alors que la première réaction de Near est de le qualifier de loser pour ne pas avoir résolu l'affaire, il finit par reconnaitre l'importance du travail abattu en amont, symbolisé par une chute de dominos lors d'une scène coupée. Finalement, le véritable vainqueur de cette partie d'échec n'est autre que Ryuk (personnage à la fois drôle et inquiétant), reflet du besoin de divertissement des spectateurs. Tout comme le Monde continue de tourner sans L, il continuera de tourner sans Kira. Et les spectateurs, après avoir tué le temps avec cette histoire là, passeront à une autre histoire.
Scène coupée


Bémol : le traitement des personnages féminins. Certes, ce n'est pas au cœur de l'histoire mais j'attendais quand même mieux d'un anime datant des années 2000 sur ce terrain là. Ainsi, le principal personnage féminin, Misa Amane, est la plupart du temps présenté comme une ravissante idiote, aveuglée tout du long par son admiration sans bornes pour un beau gosse, au point de sacrifier plusieurs fois sa vie pour lui sans jamais questionner ses actes (Ah le rôle sacrificiel des femmes !). Le rôle de Kiyomi Takada, autre faire-valoir de Light Yagami, n'est guère mieux, le côté immature en moins. L'ex-agente du FBI, Naomi Misora, est pour sa part gentiment renvoyée à ses casseroles par son propre fiancé alors même qu'elle lui expose des hypothèses pertinentes afin de résoudre l'enquête. Pour être juste envers les auteurs, elle se retrouve cependant au coeur d'une des séquences les plus marquantes de la série. Les autres personnages féminins ont quant à eux des rôles plutôt mineurs et essentiellement passsifs. On relèvera enfin quelques formulations douteuses, principalement en arrière-plan (ex : "Moi aussi, j'aimerais bien la peloter", "Ce n'est pas la place d'une femme de diriger" ; "Décidément, les femmes sont toutes idiotes"). C'est quand même dommage.

MarieRousseau
8
Écrit par

Créée

le 8 août 2020

Critique lue 191 fois

Lala Rou92

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