Cette série est l'anti-you qui cumulait un minimum de 10 incohérences par épisodes, le scénario de Dirty John est plus sérieux et hormis la fin assez ratée selon moi, la perversion narcissique à travers John est très bien retranscrite.
John joué par Eric Bana regroupe à travers ses ex et sa relation actuelle, une anthologie de plusieurs histoires dites «vraies», l'ensemble est assez cohérent bien qu'on fasse l'impasse sur une ou deux femmes qu'il a côtoyées dont on aimerait en savoir plus, cette alternance entre son passé et son présent permet de s'identifier plus facilement aux femmes victimes car le désavantage du personnage de Debra c'est qu'elle est richissime, l'empathie envers elle vient tardivement dans la série, le premier épisode est assez irritant surtout que ses deux gamines sont des vraies têtes à claques surtout l'aînée, heureusement la série se bonifie avec le temps malgré une fin bancale.
En montrant ses anciennes histoires amoureuses, les scénaristes montrent que toutes les catégories sociales sont touchées et pas uniquement les femmes riches, un pervers narcissique peut aussi bien s'en prendre à une personne en situation modeste pour l'utiliser. Toutefois la série a le défaut de tout expliquer par l'éducation du père qui se prenait pour Le Parrain, l'éducation joue évidemment mais c'est assez caricatural ce qui est dommage car John est plutôt très bien écrit.Eric Bana est parfait dans ce rôle du mec quinquagénaire manipulateur, il manipule par petite touche et de façon subtile, il est crédible ayant connu des cas de pervers narcissiques.
La série commence d'une façon classique, la rencontre, la manipulation, on l'a déjà vu dans de nombreux films ou série mais vers le milieu de l'histoire
Debra retourne de son plein gré avec John et j'ai trouvé cela couillu, car les scénaristes expliquent d'une façon très pertinente le mécanisme de la manipulation mentale qui fait que de nombreuses femmes n'arrivent jamais à quitter quelqu'un de violent ou dangereux, la scène de l'explication totalement incohérente de John sur le lit d'hôpital avec Debra qui se persuade qu'il dit la vérité est excellente.
J'ai apprécié également l'idée de montrer l'impact de la religion et de l'éducation prônant le pardon qui enferme la personne dans un cercle vicieux, restant toujours dans l'espoir qu'une personne ne peut être foncièrement mauvaise jusqu'à la fin elle se persuade qu'il l'aimait.
Dommage que certains points ne soient pas assez poussés, comme Debra adoptant les idées de John concernant sa famille, c'est à peine effleuré avec une courte phrase et la fin trop hollywoodienne. On sent également que les scénaristes n'ont pas voulu rendre trop antipathique Debra en la montrant très combattante avec un avocat insistant sur le fait qu'elle a agi très vite contrairement aux autres femmes.
Mais c'est une série à voir pour comprendre le mécanisme de la manipulation narcissique.