Emily in Paris
4.5
Emily in Paris

Série Netflix (2020)

Voir la série

Attention, elle arrive. Qui, Emily ? Non, l'immense vague de clichés absurdes de ce produit uniquement formaté pour le public américain. En France, on ne peut pas regarder cette série sans subir le flot continuel d'idées reçues datant du Paris d'il y a cent ans, la sacro-sainte fascination devant le french style ("OMG une croissante !"), les personnages caricaturaux au possible et les panoramas de Paris de cartes postales toutes les deux minutes... On voit bien que le public visé est américain, d'une part au travers des dialogues en anglais (les français parlent en anglais avec un fort accent même lorsque Emily n'est pas là... Vous avez donc parfois plusieurs français, seuls, qui s'évertuent à parler un mauvais anglais entre eux. Vous trouvez cela illogique ? You're smart.) et auditivement, un autre indice vous met sur la voie : la musique. Cette BO composée de musiques au mieux bobos (on reste bloqués sur les paroles neuneus et les mélodies d'ascenseurs qui les accompagnent... On a même reconnu la musique de la pub des magasins Aldi, ça c'est la classe à la française) au pire qui sont des chansons d'apprentissage de vocabulaire pour les cours de français aux États-Unis (véridique, on les a aussi reconnues...). Et évidemment, on ne peut pas parler musique en France sans dégainer Edith Piaf, que vous ne pourrez pas manquer dans une séquence ultra-gênante (l'amie qui écorche La Vie en Rose sur la place publique, en entier... Que c'est long), et une autre fois à la fin de la saison (Non, je ne regrette rien). On tombe aussi les sonotones quand on entend certains dialogues qui veulent nous apprendre le français avec des leçons fausses ("on ne peut pas dire excité pour dire enthousiaste"... Dommage, on peut, il fallait réviser son français niveau A1 avant d'écrire ce dialogue). Assez parlé du massacre auditif, passons aux yeux. Si l'on en croit Emily in Paris, tous les hommes français sont des obsédés sexuels (il suffit que la miss passe devant un homme pour qu'il ait immédiatement envie de la "séduire", pour rester polie) et les françaises ne sont bonnes qu'à être trompées et même à cohabiter avec les maîtresses (mais ce n'est pas grave, car on cite : "ça se fait en France"... Ignoble) et de façon générale, les français et françaises sont des gens méchants (les collègues écœurants, le chef et le serveur du restaurant qui refusent de servir la cliente par fierté culinaire, la concierge gueularde, le couturier limite bipolaire qui crie sur tout le monde, etc... Beau panel). Mais on se console un peu en se disant que les clichés ne touchent pas que la France, en de rares occasions, avec l'amie chinoise d'Emily (qui au mieux n'a pas su conjuguer un verbe au passé, au pire n'est pas au courant que la politique de l'enfant unique est révolue depuis 2015). On aime (follement) aussi le caractère nunuche d'Emily, les jeux des acteurs au bord de l'AVC, le final d'une facilité confondante, la musique "pouêt-pouêt" (on n'a pas d'autres mots pour désigner ces coups de trompettes qui sont censés être la piste sonore des transitions visuelles) et une France réduite à ses plus bas (et faux) clichés : de la mode, du snobisme, de l'obsession sexuelle et des croissants. Il ne manquait plus que le Mime Marceau, le béret et l’accordéon pour finir le tableau... Allez, nous, on retourne vers les vraies séries bien faites, avec notre café et croissant à la main.

Aude_L
3
Écrit par

Créée

le 14 févr. 2021

Critique lue 218 fois

Aude_L

Écrit par

Critique lue 218 fois

D'autres avis sur Emily in Paris

Emily in Paris
ClémentRL
2

Critique de Emily in Paris par Clément en Marinière

En 1951, le jeune et fringant peintre Jerry Mulligan débarque à Paris pour y devenir artiste, et sans tout à fait y parvenir, trouve malgré tout l'amour, le véritable amour, celui qui se déclare...

le 10 oct. 2020

104 j'aime

9

Emily in Paris
Glaminette
7

Une question de regard

Possibles petits spoilers ! Je suis plutôt agréablement surprise par cette série réalisée par Darren Star, à qui l'on doit l'inénarrable Sex And the City, ou plus récemment la fraîche et drôle...

le 21 oct. 2020

28 j'aime

12

Emily in Paris
Vanbach
1

Les américains en Amérique !

L'insomnie peut vous amener à faire bien des choses, comme par exemple consommer un produit issu de l'industrie culturelle. Et en un sens je me retrouve désarçonné face à cette entité multiforme...

le 2 nov. 2020

22 j'aime

2

Du même critique

The French Dispatch
Aude_L
7

Un tapis rouge démentiel

Un Wes Anderson qui reste égal à l'inventivité folle, au casting hallucinatoire et à l'esthétique (comme toujours) brillante de son auteur, mais qui, on l'avoue, restera certainement mineur dans sa...

le 29 juil. 2021

48 j'aime

Bob Marley: One Love
Aude_L
5

Pétard...mouillé.

Kingsley Ben-Adir est flamboyant dans le rôle du jeune lion Bob Marley, âme vivante (et tournoyante) de ce biopic à l'inverse ultra-sage, policé, et qui ne parle pas beaucoup de la vie du Monsieur...

le 14 févr. 2024

38 j'aime

Mad God
Aude_L
5

Doing doing doing doing...

Mad God est une expérience, et ce n'est pas parce qu'on ne l'a subjectivement pas appréciée, qu'on ne vous recommande pas de la vivre. Au mieux, vous serez subjugué par ce mélange de sadisme assumé,...

le 8 avr. 2023

35 j'aime