En thérapie
7.4
En thérapie

Série Arte (2021)

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En me lançant dans la thérapie, je savais un peu près à quoi m'attendre. Le format de la série est annoncé par le titre de ses épisodes : durant 35 jours, vous allez suivre les séances de différents patients, sur une durée variant entre 20 et 30 minutes (car la télé se libère peu à peu de ses carcan) avec un panel de 5 personnages différents. Donc 35 épisode, 5 patients partagé se partageant la série sur 7 semaines. Diffusé sur youtube avec un épisode par jour, j'ai suivi la série plus ou moins en même temps que leur publication, me faisant chaque soir, avant de dormir, ma petite séance avec le Docteur Dayan. Pendant 7 semaines, j'ai suivi l'histoire d'Ariane, d'Adel, de Camille, de Léonora et Damien, puis de Philippe Dayan, relégué au même rang que ses patients durant le montage des dernières secondes du dernier épisode.


La plupart des histoires tournent autour de Dayan, comme le ferait une série policière à la française, type Falco (qui reste une référence pour moi), a savoir une histoire principal entouré d'affaires annexes. Le psy est relié à Ariane, qui est-elle même relié à un moment avec Adel, puis la séance de fin de semaine, avec Esther, qui se base sur la vie problématique de Dayan, tiraillé entre son désir et son passé. Puis de l'autre côté, les histoires de la jeune Camille et celle du couple Léonora/Damien, qui offre quelques libertés différentes, et qui feront écho aux aspects familiale du psy, avec sa femme et ses enfants.


La série n'hésite pas parfois à supprimer une séance, à cause d'une fausse couche ou d'un décès, elle prend même la liberté d'inviter un nouveau patient en fin de série, et même parfois de sortir dehors. En effet, la série ne reste pas cloitré dans le cabinet du Docteur Dayan. On regarde par la fenêtre, on s'approche du bar du coin, on va même se balader aux abords de la Seine, près des cierges pour les disparus du Bataclan.


C'est part ce retour dans le passé que la série à fait sa publicité. Revenir sur des évènements qui nous ont marqués il y a quelques années, qui nous ont tous marqués d'une manière ou une autre. Je me rappelle avoir sincèrement été traumatisé par les évènements de 2015. La série m'y a ramené, m'a souvent fait monter les larmes aux yeux à ce sujet. Pourtant, la série ne tourne pas autour de ça, comme je pouvais le penser. Non au contraire, elle en fait un prétexte. Un prétexte pour réveiller le douloureux passé de Adel Chibane, le flic de la BRI. Un prétexte pour réveiller les sentiments d'Ariane, la chirurgienne, pour mettre à mal des millions de gens. La série rouvre les blessures pour mieux les cautériser.


J'ai pleuré à quelques reprise devant la série. Très sensible de nature, j'étais déjà apte à lâcher quelques larmes devant la série, mais je ne pensais pas me faire avoir de si belle manière. Au début, j'ai détesté Camille. Arrivé face à l'épisode 8, j'ai pleuré pour la première fois devant la série, assailli par les émotions que la mise en scène, pourtant simple, avait pu susciter en moi. Au début, j'ai détesté Damien et Léonora, mais arrivé à l'épisode 19, j'ai retenu mon souffle en même temps que les mots bloqués faisait écho à une autre vie. Puis arrivé sur le rush final, les deux dernières semaines, j'ai appris les tristes conséquences de la vie, perdu un ami (dans la série, bien évidemment) et vu le divan pour la, probable, dernière fois.


Il est vrai que durant ses 7 semaines, j'ai eu des moments d'ennui, de lassitude, l'impression de ne pas avancer, de toujours reculé, à méprisé les choix de Dayan, regretté la durée de certains épisodes, et même parfois reculé certaines séances. Mais j'y suis revenu. A chaque fois. Peut-être car ce fût un sujet de discussion durant ces 7 dernières semaines, avec ma mère (qui avait quelque peu d'avance sur moi, mais c'est toujours retenu de divulgâcher). Peut-être parce que la série intrigué par son succès croissant. Peut-être tout simplement car je voulais savoir la suite, et parce qu'au final, quelques moments de flottements ne pouvaient gâcher mon plaisir envers cette série. J'y suis retourné malgré mon aversion pour Ariane (bien que je ne la déteste pas totalement), malgré les parfois envahissante référence au monde de la psychologie (mais là aussi, j'abuse un peu).


La série peu repousser, se montrer malveillante, fausse. J'ai pu lire nombre de commentaire sur youtube, où chacun vivait une expérience différente. La série nous a poussé à l'analyse. Certes, à une échelle réduite, mais je suis sur que chaque personne s'étant plongé à cœur joie dans cette série, à su ce projeté dans l'une de ces histoires. C'est ce que j'adore dans l'art, ces représentations de la vie, de ce que chacun à pu connaître, et que le cinéma et la série savent si bien reproduire. Avec la série de Olivier Nakache, Eric Toledano et Laetitia Gonzalez, les histoires inventés par leur scénaristes, et la mise en scène proposé par les équipes techniques, j'ai pu vivre avec ces gens durant 7 semaines. Certes, on pourrait parler des autres versions, même de l'original Israélien, mais je ne l'ai pas vu. Peut-être un jour, je ne dis pas non. Mais aujourd'hui, j'ai fini ma thérapie. Je l'ai apprécié comme j'ai pu la détester par moment. Au final, je ne suis pas loin de ces personnages, tous méfiant ou sur d'eux aux premiers abords, mais qui apprennent à s'ouvrir, à écouter, être écouté (ou lu dans ce cas présent). Je ferme désormais cette page, ferme une blessure du passé, et repart, toujours à l'affût des prochaines pépites que nous proposera Arte.

noireau299
7
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le 23 mars 2021

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noireau299

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