Fargood

Il n'est pas difficile de comprendre que, rien que par son inspiration, Fargo semble déjà être une bonne série. Se référer à l'univers des Frères Coen, c'est déjà signe qu'on a au moins des goûts intéressants en terme de cinéma. Si la série ne s'affranchit pas franchement du film, en en conservant son esprit parfois délirant et surtout son essence, c'est-à-dire le décalage fiction / réalité, il faut reconnaître que cette adaptation a un tas de qualités qui lui sont propres et qui permettent de tenir le spectateur en haleine.

Commençons par le commencement. Résumer la synopsis ne me semble pas très utile, mais il faut apporter quelques précisions pour bien comprendre que Fargo, c'est avant tout un trompe-l'oeil. Le tout début de la série s'illustre par une phrase qui se borne à nous rappeler que les évènements se sont réellement produits. Et par cette phrase, vous comprendrez beaucoup de choses. Pourquoi Fargo a une photographie absolument sublime, réaliste, voire même hyper-réaliste. Pourquoi la mise en scène, bien qu'assez sobre, est ultra-efficace. Pourquoi l'acting est crédible. En effet, la volonté de Fargo, c'est de nous montrer quelque chose qui nous laisse penser que tout est vrai. Que les évènements se sont produits, que ça s'est vraiment passé comme décrit dans la série. Et l'effet qui en ressort est vraiment des plus intéressants. Parce que tout cela contraste fortement avec le caractère des personnages, avec leur façon de penser, d'agir, de parler. Simple détail, mais je ne peux m'empêcher que faire dire "Heck" à Lester Nyygard à la place de tout autre juron n'est qu'un hasard. Tout ceci à pour objectif de forcer le caractère absurde, on pourrait même dire comique, de la série. Ceci dit, force est de constater que la série ne fait pas vraiment rire. On est loin de l'esprit déjanté d'un Fargo, même si quelques passages nous soutireront quelques esclaffements, pour les moins timides.
Tout ceci ne l'empêche pas d'être passionnante. Bien sûr que tout est cliché. On a tendance à condamner les oeuvres qui utilisent le cliché d'ailleurs. Le héros malchanceux en la personne de Lester, le tueur à gages au sang-froid ( ultra badass au passage ) avec Lorne Malvo, la policière talentueuse mais jamais reconnue qu'est Molly Solverson , le policier qui commet bourde sur bourde, Gus Grimly. Mais ces clichés ici, sont utilisés pour renforcer tout l'univers de Fargo. J'ai tendance à le considérer comme un hommage au film. "Vous voyez, on a compris votre film Joel Coen."

La série est passionnante, mais pas pour cette raison. La série est passionnante parce que tous les acteurs jouent juste. De Billy Bob Thornton à Martin Freeman en passant par Alison Tolman, tous gèrent leur rôle de main de maître. Jamais dans la surenchère, des personnages qui tiennent leur rôle jusqu'au bout.
Je dois aussi avouer que j'ai eu un faible pour les choix artistiques de l'équipe de production. Tout est magnifique. Les plans qui nous sont proposés nous en envoient. Et à vrai dire, ça marche.
L'histoire qui nous est racontée est intéressante, intrigante et permet de nous tenir en haleine sur les 10 épisodes proposés pour la FX. Faut avouer que la série tourne majoritairement autour de Lorne Malvo, dont le charisme facilite grandement la chose.

Mais, voilà. Parfois, on s'ennuie. C'est vraiment la grosse critique que j'ai à faire à cette série, le rythme est lent, parfois trop lent. Sur une série de 10 épisodes, on s'attend quand même pas à s'ennuyer à certains moments. Mais parfois, on tombe sur des scènes inutiles. C'est dommage, parce que dans le pilote, l'équilibre semble être trouvé entre scènes actives et scènes passives. Mais la série s'essouffle tout doucement, parfois à cause d'une mise en scène un peu trop timide ( la scène à Fargo par exemple, dont le choix de mise en scène n'était pas franchement justifié ), parfois tout simplement à cause d'un enjeu limité.

Dans sa globalité, il faut dire que j'ai retrouvé du Breaking Bad en Fargo. Dans sa construction narrative, dans son application esthétique. Et ça, ça m'a beaucoup plus. Suffisamment pour donner à cette série un 8.