Fate/zero
7.6
Fate/zero

Anime (mangas) Tokyo MX (2011)

En quelques mots ? Si l'idée d'un anime doté d'une narration posée et d'un contexte fantasy, à la fois rempli de drama et saupoudré de personnages légendaires combattant dans un monde moderne mais plongé dans la magie ne vous déplaît pas, alors vous devriez y jeter un coup d'oeil. Mais peut-être une présentation plus ample s'impose pour les plus curieux d'entre-vous.




Qu'est-ce que Fate/zero ? Tout commence en 2004 avec l'apparition du Visual Novel Fate/Stay Night (FSN) sur PC de la boîte Type-Moon, qui met en scène un monde contemporain et la cinquième guerre du Graal : une guerre se passant au Japon où sept magiciens, sept Masters, invoquent chacun un Servant, une âme héroïque issue du passé et des légendes d'antan, afin de combattre à leurs côtés pour rester le dernier binôme vivant, et mettre ainsi leurs mains sur le Graal tout-puissant.


FSN devient vite le titre phare de Type-Moon et en 2006, Nitroplus et Type-Moon sous la plume d'Urobuchi Gen publient le premier des quatre volumes de Fate/zero : un prequel sous la forme de light novel racontant les événements d'avant Fate/Stay Night où Emiya Kiritsugu, un mage mercenaire, va être engagé par l'une des trois Grandes Familles, les Einzbern, dans le but de récupérer le Graal et d'éliminer tous les autres concurrents.


Fate/zero a été également très bien reçu, notamment pour son atmosphère très sombre et pour le scénario écrit par un Urobuchi Gen qui n'était à l'époque pas aussi connu pour ses trames... finalement peu surprenantes quand on connaît le personnage.




En 2011, quelques années plus tard après la parution du dernier volume, et leur adaptation en un Drama CD entre 2008 et 2010, Ufotable, déjà très apprécié pour son travail sur les films Kara no Kyoukai, une autre oeuvre de Type-Moon, annonce une adaptation de Fate/zero en une série animée.


Un prequel donc, censé être lu après avoir complété l'entièreté du jeu. Mais même si cela reste l'option la plus optimale, nous parlons d'un lourd pré-requis d'une durée de plus de soixante heures alors que Fate/zero reste tout à fait abordable pour un nouveau venu dans le monde de Type-Moon. A l'heure actuelle, on préférera même déconseiller l'adaptation bancale de Fate/stay night de Deen (2006). En effet, le directeur du projet, Aoki Ei, a voulu faire en sorte que l'animé puisse être accessible à tous ceux qui ne seraient pas familiers avec la franchise. Expliquer tout un univers construit au fil de nombreuses oeuvres parallèles, le tout en seulement quelques épisodes, relèvent de l'impossible mais force est de constater que les spectateurs attentifs pourront cerner la majorité des points abordés durant cette quatrième guerre du Graal.


Les blu-ray de Fate/zero se voient également dotés d'une mini série bonus "Onegai! Einzbern soudanshitsu", 6 épisodes bonus qui expliquent avec humour des règles supplémentaires et certains points du scénario qui ont été laissé dans le vague durant la série principale, comme le passé de Berserker. Je conseille à tous de regarder ces épisodes qui sont autant destinés pour les nouveaux-venus en quête d'un éclairage que pour les vétérans de Type-Moon qui reconnaîtront tous les clins d'oeil offerts.


Fate/zero reste dans la continuité de la dernière partie du VN Fate/stay night, qui n'est pas compris dans l'animé éponyme, beaucoup plus sombre et dérangeante. Après la conclusion de FSN, impossible de revenir en arrière et prétendre à un monde où les harems et les enfants pouvaient s'arroger une place au soleil, il ne restait pour Fate/zero qu'à plonger encore plus bas dans l'abîme, avec pour résultat la description d'une «vraie» guerre du Graal.




Première particularité de l'anime, les personnages, contrairement à FSN, sont quasiment tous des adultes avec leurs rêves et ambitions déjà arrivés à maturité. Leur résolution est déjà bien cimentée et prête à se jeter à 200km/h contre un mur en béton armé.



Deuxième particularité, il n'y a pas vraiment de «héros» dans F/Z : tous les participants ont leur propre histoire, aucune intrigue n'est laissée dans l'ombre et toutes les actions durant cette guerre sont calculés. S'il y a bien une faiblesse à ce choix scénaristique, c'est qu'il est très difficile de couvrir en si peu d'épisodes autant de monde. Sa force en revanche, est de présenter de nombreux personnages et les conflits qui les entourent.


Cette prise de vue nous permet de discerner au mieux toutes les relations humaines qui construisent en grande partie la trame : toutes les actions du passé et du présent s'assemblent de tout leur poids et s'étalent vers un destin aussi logique qu'inévitable. Urobuchi aura certainement pu tirer profit des légendes du passé et des réalités présentes pour nous proposer des parallèles, des comparaisons et des réflexions sur l'humanité intéressantes, à défaut d'être particulièrement profondes.


Plus qu’une série d’action, Fate/zero, tout comme Fate/stay night, est avant tout une confrontation d’idéaux à travers le conflit du Graal. Bien que l’histoire soit parsemée de combats épiques et fantaisistes, le coeur de la trame réside dans le cheminement de ces idéaux,


A la tête de l'adaptation de Fate/zero, il incombait à Ufotable d'adapter les livres en format TV. Le choix du format 20 minutes aura certainement eu des effets négatifs sur l'animé : un rythme qui s'est cherché durant tout du long, des passages raccourcis, voire oubliés, et une seconde saison qui aurait mérité un ou deux épisodes supplémentaires. Néanmoins le résultat final reste tout à fait honorable et l'on appréciera les efforts fournis par le studio, un amour visible dont les nombreux clins d'oeil adressés aux fans témoignent d'une force inébranlable.


Pour enrober le produit fini, Fate/zero possède d'excellents graphismes même si l'animation en elle-même n'est que rarement au top, notamment à cause de la présence de longs plans fixes, d'angle de caméra qui évitent de faire bouger les lèvres, etc. D'un autre côté, Ufotable se rattrape par une approche cinématographique très visible et efficace, ainsi que par des environnements (arrières-plans) tout simplement superbes : vue de ville ou d'île philippine, environnement végétal fait main, vues de cockpits fidèles, bibliothèque du British Museum soignée avec un certain goût pour les langues étrangères... un vrai régal pour les yeux.


Pour la musique, la très populaire Yuki Kajiura se trouve aux commandes. Fate/zero ne sera certainement pas sa plus grande oeuvre mais ce serait mentir d'affirmer que la série ne possède pas d'excellents moments grâce à son OST.


Enfin bravo pour le travail fourni par l'équipe de doublage qui nous livre d'excellentes performances du début à la fin. Il n'y a vraiment aucune prestation à jeter et on pardonnera même le choix de Jouji Nakata et de Koyama Rikiya pour les versions jeune de Kirei et Kiritsugu, choix qui tombe sous la juridiction de la fameuse «Rule of Cool» de toute façon.


Maintenant qu'en est-il du plaisir procuré par l'animé ? Difficile de cerner une satisfaction globale à cause de nombreux facteurs. En particulier, Fate/Zero est un prequel, le fait qu'il puisse être apprécié par des personnes extérieures à la franchise Fate/Stay Night en dit long sur la qualité de l'oeuvre mais il faut bien avouer que ce sont les fans qui seront les plus amènes à cerner tous les aspects de Fate/zero. Directement plongés dans un monde familier, ils seront davantage connectés aux personnages et certains événements ne leur apparaîtront pas sortis de nul part.


Le scénario n'est pas sans failles, loin de là. Les personnages sont bien souvent "plats" et réduits à incarner un idéal, sans véritable traits humains, ce qui les rend bien souvent monotone et peu mémorables malgré leur potentiel. On peut aussi regretter que certaines sous-intrigues auraient pu être davantage explorées. Non Fate/zero n'est définitivement pas une histoire qui plaira à tout le monde et son statut de prequel le force à laisser certains points inexpliqués, ce qui est certainement dommageable pour tous les néophytes de la franchise. Néanmoins, F/Z a bénéficié d'une des meilleures productions de 2011/2012 et vaut certainement le détour si vous êtes intrigués par une aventure certes parfois lourde à digérer mais mémorable.


Ps: je recommande aussi de regarder les versions blu-ray pour ses scènes supplémentaires ou rallongées (au moins 20 minutes au total), qui sont loin d'être anecdotiques.

Skidda
10
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Créée

le 5 nov. 2022

Modifiée

le 27 juil. 2012

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