Ceci est un extrait d'un de mes rendus certificatifs pour le diplôme d'Etat d'éducateur spécialisé. J'ai eu envie dans ce dossier de présenter plusieurs livres, séries, films, rencontres qui m'ont changé et j'ai en particulier parlé de GTO. Voici cet écrit:
J’ai découvert GTO (Greater Teacher Onizuka) lorsque j’étais en classe de cinquième. Ce dessin animé japonais passait sur canal plus et tous les jeunes de mon collège regardaient cette émission en clair à l’heure du goûter. Ce dessin animé racontait les péripéthie de Eikitchi Onizuka jeune enseignant de 22 ans dans un collège de Tokyo. Ce jeune homme avait eu un passé mouvementé que l’on découvre au fil des épisodes : jeune voyou des rues qui était à la tête d’une bande de motards qui se bagarrait et sortait toujours vaincqueur mais avec des principes comme le respect des personnes, de la solidarité, et de la fraternité avec ses amis. Il était devenu une légende vivant dans le monde underground de Tokyo. Et il décide de devenir enseignant pensant avoir une vie facile et rangée.
Il avait en charge l’éducation aux sciences sociales avec une classe particulièrement difficile. Cette classe était qualifiée d’irrécupérable par le sous-directeur ( personnage récurant représentant l’autoritarisme et l’abus de pouvoir ainsi que le consumérisme et le modèle patriarcat). La directrice du collège avait vu en Onizuka un potentiel inexploité, il avait un haut degré d’empathie et un vécu qui permettrait peut être de voir cette classe de « délinquants » sous un autre regard et d’y apporter des réponses sans doute différentes.
Durant toute la série Onizuka va dépasser ses limites, parfois la série vire dans le surréaliste, le fantasme. Mais elle n’en perd pas son fil directeur. Onizuka travaille, il travaille avec ces jeunes collégiens sur leurs problèmes, il les accompagne. Lorsqu’un jeune tente de se suicider et qu’Onizuka le sauve au péril de sa vie, il reste à ses côtés pour le conseiller, crée du lien avec lui sur un thème commun : les jeux vidéos et ce jeune collégien est très doué et explique à son professeur comment il faut jouer. Il y a échange de savoir qui s’opère à travers ces moments éducatifs même si ils peuvent ne pas en avoir l’air.
Certains jeunes vont avoir des soucis familiaux où Onizuka fait le lien entre l’institution scolaire et la famille. Ce qui est pertinent aussi c’est que la série part des problèmes concrets d’un bon nombre de la jeunesse japonaise : harcèlement à l’école, pédophilie, image sur internet, poursuite d’une célébrité éphémère, absence des parents au domicile familial, isolement. Avec eux Onizuka les accompagnes à trouver les ressources dont ils ont besoin. Il met en place des projets éducatifs, travaille beaucoup hors les murs. La relation qu’il crée avec eux pourrait s’apparenter à de l’amitié sauf, que la fin de la série nous montre que tout cela était bien distinct puisqu’une fois que les problèmes importants sont réglés, Onizuka part pour un autre collège aux Etats-Unis.
Cette série, vis-à-vis d’un public collégien était très pertinent, elle permettait de voir que les soucis que nous pouvions avoir étaient les mêmes que certains décrits dans cette œuvre. De plus elle modifiait notre perception que nous pouvions avoir des professeurs en les voyant aussi en dehors de leurs cadres de travail, parfois nous essentialisions leur personne.
La pédagogie de ce professeur, sa volonté de mettre en pratique ses valeurs m’ont attiré vers le professorat, en me disant naïvement que moi aussi je pourrais faire des cours intéressants et géniaux envers les élèves. Mais quelque part lorsque j’ai préparé le CAPES d’Histoire géographie, je me suis rendu compte que les matières scolaires et le cadre de l’éducation nationale ne me permettraient pas d’aller sur le terrain qui me parlait le plus : l’éducation. Et non pas l’enseignement, ce sont deux domaines bien distincts. Car ce qui m’intéresse c’est ce qu’il se passe en dehors des salles de classes, que peut-on faire en dehors de l’école pour les enfants placés à l’Aide Sociale à l’Enfance par exemple ? C’est en partie pour cela que j’ai débuté ma formation d’Educateur Spécialisé.