Guilty Crown
6.2
Guilty Crown

Anime (mangas) Fuji TV (2011)

Fusion de la résilience et de la résistance!

Guilty Crown est un anime paru en 2011… Eh oui, déjà six ans ! Pourtant, il a connu un franc succès au Japon comme en France où il est notamment toujours disponible sur la plateforme ADN et on n’a pas compté les produits dérivés qui en ont découlé. J’ai donc choisi de revenir sur cet anime qui, sans être exempt de défauts, s’avère être suffisamment captivant pour tenir en haleine jusqu’au bout.


Le paradoxe de Guilty Crown…


Guilty Crown est un anime que j’ai apprécié parfois et pour lequel j’ai ressenti également de la lassitude de temps en temps. De manière générale, j’ai quand même été happée par cet anime et j’étais toujours dans une espèce d’attente qui n’arrivait pas être comblée entièrement. Si bien que par moment, j’aimais ce que je voyais et d’autres fois, j’avais la sensation que l’anime n’exploitait pas toutes ses capacités. Je me sentais limite frustrée (alors que c’est juste un anime lol).


Le truc avec Guilty Crown, c’est qu’il y a tant de choses à en dire et en même temps, pas tant que cela. Paradoxe quand tu nous tiens… Aussi vais-je essayer d’être la plus claire tout en sachant que je ne pense pas que j’aurai tout abordé pour autant.


Un graphisme époustouflant!


Une fois n’est pas coutume, je tiens à m’arrêter sur l’un des points forts de l’anime, à mon sens : le graphisme. Il faut être honnête : il est époustouflant. C’est une pure beauté du point de vue de la réalisation. Les combats entre « cyber » sont également très bien mis en œuvre. Prouesse qui semble difficile quand on sait ce que cela peut occasionner en termes de déplacements. En plus de cela, les traits des personnages sont très esthétiques, très travaillés et sublimés. La belle Inori est notamment très bien exploitée. Les décors sont stylisés et le fait de contextualiser cela dans un Japon quasiment futuriste donne un ton bien particulier à l’anime. Pour ma part, je n’ai pas grand-chose à reprocher aux graphismes car le travail est très bon dans son ensemble.


Une intrigue complexe mais confuse…


Là où Guilty Crown s’avère bon comme décevant, c’est du point de vue de son intrigue. Pour moi, elle est à la fois riche mais en temps confusante. Et jusqu’au bout, je me suis dit que l’anime n’arrivait pas rectifier correctement le tir malgré tous les éléments positifs qu’il démontrait. Je reconnais que le monde post-apocalyptique est souvent à la mode dans les anime. Ici, on n’y échappe pas : Le Japon est frappé par un terrible virus et les autorités agissent comme des tortionnaires avec le peuple. Mais à côté de cela, nous découvrons un groupe de « terroristes » rebelles qui va venir rajouter un peu de sel à tout cela. Je ne sais pas si dans le fond c’est si novateur. Certes, on prend le parti de n’avoir que le point de vue des résistants. Ces derniers apparaissent fréquemment comme les justiciers de l’histoire. En cela, même si l’intrigue n’est pas si innovante, on se dit qu’il y a quand même de quoi faire une histoire assez solide. Mais voilà, je ne peux pas dire qu’elle le soit tellement.
Guilty Crown est pour moi un condensé d’éléments qui se délitent d’une certaine façon. Tout en essayant d’être claire, je vais essayer d’expliquer pourquoi j’ai eu ce ressenti alors que j’ai, malgré tout, apprécié l’anime. En fait, on peut avoir l’impression que l’anime se subdivise presque constamment pour ensuite prendre un tournant un peu brusque et ce, même si l’ensemble tourne autour du personnage principal qu’est Shu. Peut-être ne suis-je pas la seule mais on a presque la sensation d’assister à deux saisons différentes en une dans l’anime (ce qui est quelque peu signifié par le changement d’opening et d’ending. Cela est courant dans les animes mais au point de redistribuer les cartes, je n’en suis pas certaine…). De ce fait, au départ, on découvre donc Shu, lycéen lambda, et qui pendant une bonne partie de l’anime donnera presque l’impression d’être un anti-héros plus qu’un héros. Il faut dire que le personnage ne possède aucun atout pour endosser le rôle de héros : je ne peux pas dire qu’il soit si courageux (il semble toujours avoir peur de tout), il n’est pas toujours très réfléchi et il a un côté assez égoïste honnêtement. Il est quand même entouré de camarades sympathiques mais Shu n’est pas un personnage auquel on s’attache au départ. On a quand même juste envie de le booster quand il rencontre Inori. Mais quelque part, cela n’était pas plus mal car s’il avait possédé toutes ces qualités dès le départ, on aurait aussi pu penser que c’était un peu gros. Dans tous les cas, Shu paraît être plus fait pour la figuration en premier lieu que pour le rôle principal. C’est sans doute pour cela que l’on attend (pendant un long moment quand même) que le personnage prenne les choses en charge et assume ses responsabilités. Et cela va apparaître par le « hasard des choses » puisque le personnage va devenir, sans le vouloir, détenteur du « Void Genome ». Un pouvoir bien malgré lui qu’il aura du mal à assumer voire à comprendre. Le héros est donc peu charismatique (si on le compare à Gai, par exemple, il y a un fossé…) mais l’univers qui se construit tout autour de lui le devient paradoxalement et conduit à nous donner envie de poursuivre. Je crois que le fait de placer ce personnage « mou » comme point d’ancrage permet également un phénomène d’identification. Audace ou risque de l’anime ? Je ne saurais réellement dire dans le fond. En effet, pendant une bonne partie, on doit quand même composer avec un personnage assez passif et qui refuse de prendre part à l’action inhérente à son nouveau pouvoir.
En cela, l’anime possède une certaine faiblesse du point de vue du rythme comme s’il se calquait à son personnage : il est plutôt lent. Combien de fois je me suis dit que les choses prenaient trop de temps, qu’on ne nous donnait pas assez de matières pour tout saisir ou que Shu était agaçant… C’est assez étrange à dire mais toute action dans l’anime semble pâtir de la lenteur de Shu à réagir. Peut-être que certains me trouveront paradoxale mais c’est réellement ce que j’ai ressenti. En outre, j’ai été un peu déçue que l’anime choisisse de revenir à une trame plus classique type shônen là où tout leur « background » s’avèrait plus qu’intéressant. Il y a donc un creux pendant une bonne première partie de l’anime. Mais Guilty Crown a la particularité d’être un anime « diesel ». Dès que l’on arrive au milieu de l’anime, il prend une tournure différente et on peut même dire que Shu en est impacté directement. Cela surprend car on ne s’y attend pas et cela parvient à redonner une bonne dose d’intérêt à l’anime. C’est la partie que j’ai préférée d’ailleurs. Ici, Shu ne devient pas le héros de shônen prêt à défendre ses valeurs à tout prix. Bien au contraire, les épisodes tombent dans quelque chose de beaucoup plus sombre et offre une peinture froide et cynique de la réalité. Shu qui apparaissait comme profondément naïf, peu dégourdi voire indolent devient un personnage transfiguré, blasé et distant. J’ai presque été choquée par ce revirement inattendu mais bien plus intéressant. Je pense, sans être trop cartésienne, que l’anime essaie de refléter quelque chose de notre société mais dans un contexte plus proche de la fantasy/science-fiction. Ce message n’a pas toujours été clair malheureusement mais sur la fin, l’anime paraît véhiculer un message qui n’est pas compris au début. Pour moi, il s’agit du deuxième pan de Guilty Crown qui est ensuite rattaché à un troisième pan où on retrouve alors un Shu répondant davantage aux codes du héros de shônen. En effet, il prend alors conscience de ses mauvaises actions, des blessures engendrées et cherche alors à sauver tout le monde quitte à se sacrifier. Le dénouement touche alors à l’épique et est plutôt beau dans une certaine mesure.


D’une certaine façon, Guilty Crown a eu du mal à tout doser correctement. Les changements sont brusques malgré de bonnes intentions. De ce fait, l’anime est dans un équilibre parfois précaire.


Des personnages qui auraient pu gagner en prestance…


Bien sûr, il ne faut pas négliger les autres points d’ancrage de l’anime notamment en la personne d’Inori. Il ne faut pas oublier qu’elle est le déclencheur de tout comme la fin de tout. Si elle provoque l’arrivée de Shu chez les « Croque-morts », elle est aussi ce qui va permettre la finalité de l’intrigue. Inori est tout le long un personnage qu’on aura du mal à saisir mais ses antécédents parlent pour elle en même temps. Un aspect psychologique que l’on est loin de soupçonner avant de connaître toute l’histoire de Shu mais de Gai également. Souvent présente comme un soutien pour Shu, elle est la seule à ne pas l’abandonner et ce, quelle que soit l’évolution de ce dernier. Cela est aussi nourri par les sentiments qu’elle éprouvera au fur et à mesure pour lui. Des sentiments qui, malheureusement, ne trouveront pas tant d’aboutissement quand on voit la fin de l’anime qui vire dans le déballage de drames. C’est un peu dommage car Inori aurait mérité d’être plus travaillé. Elle était intéressante (notamment pour cette dimension sombre qu’elle avait et en lien avec le passif de Shu) mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’elle était également plate par manque d’exploitation suffisante. En outre, le personnage est peu loquace et a souvent ce côté « faire-valoir » où on joue sur sa beauté ou plastique dans des moments n’ayant pas toujours de l’intérêt. Il faut donc malheureusement dire qu’Inori est plus soumise qu’autre chose (Gai, Shu…) là où j’aurais plus apprécié qu’elle ait davantage sa volonté (elle est d’ailleurs si soumise que lorsque Shu devient « dark Shu », elle aussi devient « dark Inori »). Cela intervient… Mais bien trop tard pour moi. Au moins, les scénaristes auraient pu donner plus de mordant à cette vague romance entre Shu et elle. Mais même pas… Juste des miettes de manière générale alors que cela ne m’aurait pas dérangée d’en voir plus.


On doit également aborder Gai qui revêt une certaine importance également mais qui, à l’instar des autres personnages, aurait pu être plus approfondi. J’avoue que j’avais du mal à croire qu’il avait à peu près le même âge que Shu tant il semblait plus mature que lui. Il est dommage que Gai soit lui aussi détourné de sa mission première pour devenir un personnage plus vil par la suite. En outre, j’ai fréquemment eu l’impression qu’au final, tout cela était dicté par une question de jalousie entre Shu et lui (être possesseur du Void Genome, obtenir Inori, etc…). Certes, le personnage revient à de meilleurs sentiments sur la fin mais je pense qu’on pouvait attendre mieux. Les autres personnages secondaires ont leurs « moments de gloire » mais je ne peux pas dire qu’ils impactent l’histoire. Peut-être qu’ils permettent notamment à Shu de redescendre de son piédestal.
Après, je pense que je n’ai pas un ensemble trop précis de tous les personnages car cela fait plus de cinq ans quand même et donc je ne suis pas sûre de me souvenir de tout.


Une bande-son magnifique!


Terminons sur un autre point très positif : la bande-son. Honnêtement, Guilty Crown est un de mes énormes coups de cœur du point de vue de la musique. Les thèmes de l’anime sont d’ailleurs parmi les plus connus et je dois dire que j’adore les écouter encore et encore. Les chansons du groupe EGOIST (auquel Inori appartient dans l’anime) sont d’une pure beauté (chansons composées par le groupe Supercell). La voix est enchanteresse il faut dire. J’ai plus aimé le second opening que le premier mais peu importe, globalement, c’est une vraie réussite !!


Pour conclure, Guilty Crown a une vraie richesse, une vraie palette de nuances mais cela n’a pas toujours été bien utilisé. Ces quelques défauts entachent un peu ses possibilités. Mais je crois qu’il faut néanmoins jeter un œil à cet anime si ce n’est pas fait car il vaut réellement la peine d’être vu.


Kyoukai's World : Guilty Crown

Heyden17
7
Écrit par

Créée

le 25 févr. 2018

Critique lue 259 fois

Heyden17

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