Heels
7.2
Heels

Série Starz (2021)

Heels - Critique du premier épisode

Critique originalement publié dans Le Labo d'Emmessem et Ben' D.


Le premier lutteur nous vient de Toronto au Canada. Habitué aux cascades, il a bâti de ses mains ce qu’on appelle le CW-verse sous la capuche de Green Arrow. Détenteur d’un Slammy Award distribué par la World Wrestling Entertainment et membre honoraire du Bullet Club, il est loin d’être étranger au divertissement sportif. Mesdames et messieurs, je vous demande une ovation pour… Stephen Amell !


Son adversaire est aussi un combattant émérite, puisqu’il a participé aux Hunger Games avant d’incarner le viking Björn Côtes-de-Fer, fils du légendaire Ragnar Lodbrok. Il nous arrive également du Canada, mais cette fois de Vancouver. Et il semblerait légitime qu’il réclame un tonnerre d’applaudissements : accueillez comme il se doit… Alexander Ludwig !


L’arbitre spécial de cette rencontre n’en est pas à son coup d’essai ! Vous avez récemment entendu parler de lui en tant que showrunner de la série Loki. Au scénario de Doctor Strange in the Multiverse of Madness, Michael Waldron s’impose comme le nouveau protégé de Kevin Feige, qui l’a déjà embauché pour écrire son Star Wars ! Mais il n’est pas question de galaxie lointaine dans Heels.


La nouvelle série de Starzplay a démarré ce dimanche 15 août en France – en même temps qu’aux Etats-Unis – et sera diffusée de façon hebdomadaire. Alors, pas de binge-watching, mais c’est plutôt une bonne chose, au vu du sujet qu’elle aspire à traiter. Et c’est, de fait, l’occasion de parler du premier épisode, promesse d’un grand spectacle et d’intrigues déchirantes : du bon catch, en somme.


Mais avant toute chose, c’est quoi un heel ? Dans le monde du catch, c’est le terme qui désigne les personnages que le public est censé détester, ce qui se rapproche des « méchants », dans la fiction pure et dure. A l’inverse, les héros, les gentils, les favoris des fans sont regroupés dans la catégorie des faces. Mais ce ne sont pas des rôles que les lutteurs gardent à vie et ils peuvent très bien changer de côté, avec le temps.


Et justement, ce sont ces deux archétypes que nous propose de suivre la série de Michael Waldron. Au sein d’un petit village américain, deux frères ont repris le flambeau de leur père, à la tête d’une promotion de catch locale. Alexander Ludwig incarne Ace Spade, le face adulé des foules, tandis que Stephen Amell campe le rôle du champion mal aimée Jack, le heel.


La première rivalité que nous raconte Heels se joue dans le ring : il est, la plupart du temps, naturel que le public veuille que le « gentil » l’emporte sur son adversaire. Les combats sont d’ailleurs extrêmement bien produits et divertissants. La réalisation de Peter Segal est spectaculaire et l’expérience de Stephen Amell rend les chorégraphies incroyablement fluides ; on a l’impression qu’il a fait ça toute sa vie.


Pour autant, aucune compagnie de catch ne semble fondamentalement impliquée dans la série. Dès lors, pas besoin de vendre un produit autre que celui de la fiction : la Duffy Wrestling League existe dans un monde où les grandes fédérations font rêver les promotions indépendantes. De facto, aucun compromis ne doit être fait et toutes les coulisses du divertissement sportif peuvent être montrées sans concession.


Quels sont les sacrifices qu’implique le catch ? Peut-on encore avoir une vie à côté ? Jusqu’où peut-on aller pour maintenir l’illusion et rester dans le personnage qu’on a construit, même une fois descendu du ring ? A titre d’exemple, dans le documentaire The Last Rider, les proches de l’Undertaker racontent que ce dernier n’est jamais sorti de chez lui sans le célèbre chapeau noir pendant près de trois décennies.


Enfin, est-ce qu’on peut moderniser une promotion de catch traditionnelle quand on n’est pas Vince McMahon ? Et comment continuer de la faire prospérer alors que tous les yeux sont tournés vers les grandes fédérations ? Il s’agit de questions universelles, applicables à quasiment tous les sports et à de nombreux domaines artistiques. Mais plutôt que d’y répondre, Heels propose différents points de vue.


Car la véritable rivalité de la série a lieu hors du ring. Quand les frères Spade, que tout oppose, et les personnages qui les entourent, débattent de l’avenir de la DWL. Et alors qu’en dehors des combats, Stephen Amell est égal à lui-même dans sa palette émotionnelle, c’est là qu’Alexander Ludwig brille le plus. Simplement, car il répond à l’ultime question : un catcheur face peut-il, dans la vraie vie, être un heel ?


Dans un décor pittoresque et forcément attachant, Heels s’impose comme un vibrant hommage au catch américain, tant dans son aspect divertissant que pour sa part d’ombre. Le casting sincère campe des personnages profondément humains portant un scénario de premier épisode qui navigue brillamment entre coups de théâtres et moments d’émotions brutes. Reste à voir si Michael Waldron tiendra sur la longueur.


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Emmessem62
8
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le 20 août 2021

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