Pourquoi avoir attendu 2018 pour regarder la première saison d’House of Cards ? Peut-être parce que de prime abord, un drame politique qui se déroule de nos jours dans les coulisses du congrès à Washington attire moins que la dernière saison de Game of Thrones qui certes, reprend les mêmes thématiques mais dans un tout autre registre. Peut-être aussi parce que les séries politiques américaines semblent plus ou moins pulluler et qu’on pourrait croire qu’House of cards peinerait à se détacher du lot. Enfin, c’est peut-être les critiques trop enjouées et élogieuses qui, comme bien souvent, m’ont dissuadées de m’intéresser à une œuvre immédiatement après sa sortie - en l’occurrence ici, après sa diffusion.
Le fait est que comme pour beaucoup de séries de qualité, le spectateur doit s’accrocher et visionner les premiers épisodes dans la foulée pour ne pas se désintéresser de l’intrigue ou la trouver trop ennuyeuse. Dans House of Cards, les pions se mettent en place comme sur un échiquier, lentement, mais de manière incroyablement calculée dans une logique implacable. Que dire de l’intrigue que le grand public ne sache déjà ? Elle est secondaire, finalement. Pourquoi ? Parce que Kevin Spacey crève littéralement l’écran avec un personnage froid, calculateur, manipulateur au possible - et pourtant, le spectateur ne saurait réussir à éprouver une antipathie durable envers Frank Underwood.
La série est intelligente, cynique, dénonce à sa façon le monde hypocrite et avide de la politique - mais aussi celui des médias - tout en proposant des personnages hauts en couleurs, notamment l’excellente Claire Underwood.
House of cards, c’est Game of thrones transposé à notre époque, pour résumer. Ce sont des jeux de pouvoirs, des trahisons, des ambitions, mais c’est aussi une série qui a quelque chose d’atypique et d’inattendu : l’implication du spectateur par Frank Underwood à toutes ses manigances. Parfois malaisant, souvent drôle, jamais rébarbatif, Kevin Spacey brise ainsi le quatrième mur pour le plus grand plaisir du public - qui ne peut d’ailleurs qu’apprécier le réel effort de mise en scène de la série par les producteurs.