House of Cards
7.6
House of Cards

Série Netflix (2013)

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L'histoire d'un requin et d'un tigre qui décidèrent de chasser ensemble

Je hais donner un avis avant la fin. Quand je décide de juger uniquement sur une partie d'une œuvre, je force un petit sourire gêné ("Mais, pourquoi est-ce que je choisis consciemment de faire une erreur ?"). Ma critique ne sera donc ni complète ni aboutie car je ne suis qu'au milieu de la saison 2 mais j'ai déjà des choses à dire.

Je ne parlerai pas de la liste de grands noms qui livrent des performances à leur hauteur. Je ne parlerai pas des coups de poker de la mise en scène comme les apartés de Frank Underwood avec le spectateur : briser le 4ième mur est un pari, et il faut le voir pour comprendre à quel point il est gagnant ici. Je ne parlerai pas de la réalisation et des images d'une propreté irréprochable. Je ne parlerai pas du scénario habillement rythmé qui exploite de manière adapté le format de la série ainsi que les intrigues fascinantes. Je ne parlerai pas des dialogues avec leur subtilités et acrobaties rhétoriques dont je ne me lasse personnellement jamais (raison suffisante de regarder cette série). Je ne parlerai même pas de l'humour cynique et de la liberté accordée aux personnalité des personnages se permettant de sortir des schémas habituels : chacun d'entre eux est croustillant. Je ne parlerai pas non plus des quelques légers points négatifs, comme l'ambiance relativement pesante ou les 99999 métaphores UN PEU répétitives de Frank.

Non, ce qui me fascine dans cette série, c'est avant tout le couple Underwood. Duo de monstres de haine et de violence dominés par la vengeance et la soif de domination, ils agissent avec une harmonie stupéfiante, se comprenant d'un regard et s'acceptant l'un l'autre par admiration devant le talent de leur partenaire à déchiqueter la chair. Ce subtil mélange entre la bête faite de passions (sexe, pouvoir ou simple ascendant psychologique gratuit) et l'humain civilisé calculateur et manipulateur est finalement une manière très aboutie de parler de l'humanité. Nos instincts primaires sont restés exactement les mêmes là où la civilisation et l'intelligence auraient pu amener une forme de raison supérieure à l'existence ! Au cœur même du symbole de cette civilisation, au sein des esprits les plus indéniablement brillants, la bête s'épanouit comme jamais et semble nous crier : "peu importe votre éducation, vos croyances, religions, valeurs ou règles de vie, vous êtes sur cette planète pour baiser tout le monde. Inutile de nous faire croire que vous n'êtes pas mauvais comme Frank Underwood, vous avez juste moins de couilles."
Là où la vision proposée devient fascinante, c'est que dans ce message d'un cynisme absolu, il y a ce lien entre Frank et Claire. Ce lien qui ne fait que se renforcer devant les épreuves et donne à ce couple l'élan et l'énergie de toujours repousser les limites du possible. Le vrai moteur de cette machine de destruction, c'est leur amour... à moins que ce ne soit le but de la machine ? Et malgré toute l'ironie de cette situation, je ne peux que rester rêveur devant cet éclat de beauté humaine qui s'impose dans l'environnement le plus hostile qu'on puisse imaginer.

MISE À JOUR POUR LA SAISON 3 :

Quelle ironie dans l'écho entre ma critique rédigée pendant la saison 2 et cette saison 3 ! Du coup, je n'ai rien à ajouter qui n'aurait été compris par quelqu'un capable de faire ce parallèle.
Denis_Brac
10
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le 8 déc. 2014

Critique lue 298 fois

Denis Brac

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