Une nuit sans fin

Que de méfiance quant à cette série ! A lire certaines critiques, "Into the Night" est bien mauvais.
De mon point de vue, je trouve le postulat de base super intéressant et prenant : un dérèglement atmosphérique naturel qui tue tout organisme vivant se trouvant sur terre en plein jour. Un avion en partance de Bruxelles se voit alors pris d'assaut par un militaire italien au courant de cette catastrophe. Il réussit alors à sauver les passagers présents à bord en décollant, à la poursuite d'une nuit éternelle...
Cette première production Netflix belge ose se lancer dans une série apocalyptique d'envergure, mystérieuse et mouvementée. Série à grand spectacle que les français n'essayent même pas de produire, tant leur attrait pour les beaux mots et leur certaine réticence des "genres" gâcheraient tout... En cela, "Into the Night", qui est l'adaptation d'un roman polonais, marque un point en prenant le risque du divertissement d'action et de suspense, avec un casting polyglotte. J'ai beaucoup pensé à la série danoise post-apocalyptique "The Rain" qui suit un groupe de survivants dans un monde déserté par des pluies meurtrières.
Le démarrage de la série est très prenant, pleinement dans l'action immédiate, sans pitié et efficace. Deux premiers épisodes à la sauce d'un blockbuster américain, avec un bon suspense et une réalisation sans complexes. On se pose pas trop de question face à ce huis-clos chaotique qui répond directement aux envies primaires d'un spectateur Netflix qui veut se vider la tête. On est tellement embarqué dans l'action et par l'aspect flippant du scénario qu'on en oublie le jeu des acteurs et la construction narrative de la série.
Ce n'est qu'à partir du troisième épisode que ces derniers points ont considérablement altéré mon avis. Ne pouvant se reposer que sur de l'action pure, chaque épisode tente de se focus sur un personnage pour apporter un peu d'épaisseur narrative, comme l'ont fait "Lost" et bien d'autres depuis. Mais on réalise rapidement que cette structure est choisie par défaut car les "flashbacks" sur leurs vies passées n'apportent absolument rien au récit. S'ensuit une série d'incohérences innombrables (contacter moi pour une liste complète !), de heureux hasards tirés par les cheveux (qui sait piloter un avion ? Moi ! Qui sait suturer une plaie ? Moi ! Qui sait nous expliquer ce qui se passe dehors ? Alors, c'est pas mon domaine d'expertise mais je sais que tous les onze ans, le champ magnétique du soleil s'inverse blablabla), quelques comédiens très mauvais (je suis pas dur d'oreille mais il y en a que je comprenais absolument pas ! Les accents sont horribles mais des fois, c'est même pas une excuse) et des répétitions dans les passages de suspense. Pour une série de six épisodes seulement, c'est dommage de tourner en rond et d'y repérer autant de défauts.
Pour des sérivores, difficile de faire abstraction mais force est de constater que ce survival est orchestré maladroitement, que les personnages sont tous antipathiques (le seul personnage intéressant meurt dans le deuxième épisode !) et que le final, qui annonce une suite, ne promet rien de nouveau. Reste une série qui s'essaye à un genre bien bridé sur notre continent et un huis-clos aérien à l'ambiance parfois efficace et étouffante.