la vie de bureau

Jack est au départ un employé de bureau presque standard. Un type qui fait des analyses, ici pour la CIA. Visiblement doué pour cela il déniche des flux financiers louches au moyen orient qui vont aller alimenter toute la première saison de cette série.
Jack déboule dans la série tout comme son chef Greer, qu'on connait bien depuis The Wire.
Tous les deux ont leur passé et leur personnalités, fortes et intéressantes qui vont créer une relation riche et complémentaire.
Jack se révèle enthousiaste, un peu rigide, mais sincère. Son chef est un vieux de la vieille, un peu érodé par le service mais toujours réactif.
Sur cette base se déploie une enquête à mi chemin entre l'analyse de bureau, avec ses réunions, ses mémo et l'action à l'étranger avec ses armes à feu, son danger.
On visite la France, le Yemen, la Syrie, la Turquie et Washington.
On suit la trace d'un groupe terroriste dont on ne comprendra pas les motivations réelles. La cellule est menée par deux frères libanais orphelins, qui ont été élevés en France et s'engagent dans un mouvement dur. Suleiman, l'ainé entre vengeance et represaille s'est créé un empire en Syrie. Il est malin et déterminé. Son cadet plus sentimental plus artiste, est tout aussi dangereux.
Ils organisent une remontée d'argent sale à partir de micro-virements. C'est cela qui déclenche l'intérêt de Ryan pour ce groupuscule et lance la traque, puisque les sommes sont importantes, il va se passer quelque chose. Et ce sera violent.
L'action terroriste qui est présentée s'est nourrie des actions réellement vécues. Les actes terroristes à Paris en particulier sont une référence aussi claires que troublantes. Un immeuble dans le nord de Paris subit des assauts de la police, et une jeune femme fait sauter son gilet explosif. L'inspiration des évènements récents apporte un réalisme très troublant qui accroche l'intérêt.
Les méthodes employées par la suite sont surprenantes, horribles et un peu excessives pour être tout à fait crédibles. On y parle de cesium, de gaz sarin, de contamination au virus ebola, de kidnapping de médecins sans frontière. Tout cela est possible mais peu réaliste pour un seul homme.
D'autant que la femme de Suleiman, jouée par une belle et expressive actrice, représente un problème déjà grand pour lui. Elle va le quitter en emmenant une partie de leurs enfants. Sa décision initie un périple parmi les migrants, passionnants et une chasse à l'homme qui constitue un fil rouge crédible et fort.
Jack Ryan va la chasser aussi. C'est même sa mission principale puisque c'est son viatique vers Suleiman. Une fois l'épouse trouvée tout se met en place. Le théâtre des opérations se transporte à Washington, jusqu'à la conclusion.
Jack Ryan a quand même droit à une vie privée. Si il est seul et hanté par son passé militaire, il est aussi approché par une collègue. Mais dans une fête il fait la rencontre d'une jeune femme médecin à l'hôpital. La rencontre est très brève car il est exfiltré de la fête par un hélicoptère qui vient manu miltari le chercher pour l'envoyer en mission. Cette scène irréelle et grand-guignol a l'avantage de créer une attente vis à vis de cette relation naissante. Comment la jeune femme sérieuse et carriériste va se comporter devant le phénomène qui se fait passer pour un simple fonctionnaire mais qu'on vient arracher théâtralement comme un super héros. L'amorce est digne d'un film de midinette, donc totalement à contre courant du reste de l'histoire et par conséquent presque nécessaire. Elle même faite avec un soin et des moyens démesurés, tout comme le reste des épisodes.
Cette démesure créée une attente qui n'est pas satisfaite totalement. Au delà de la traque passionnante, l'histoire d'amour est poussée dans les premiers épisodes mais rapidement délaissée. La démesure en fait ne sert pas à grand chose et c'est dommage car ça manque un peu à la fin de la première saison.
Le scénario sait pourtant inclure et conclure des histoires parallèles. Comme celle du pilote de drone plein d'états d'âme à devoir tuer sans voler. Il touche un dollar de sa supérieur pour chaque touche et fini par craquer en jouant le pactole d'argent sale au casino et toucher le jackpot. Pas de bol. Ou bien la policière française jouée par Marie Josée Croze qui apporte autant à l'enquête qu'à la relation amoureuse de Jack Ryan. Malheureusement celle-ci disparait trop vite, assassinée, pour se déployer dans l'histoire. Pas de bol encore.
Il manque une unité à cette série au delà de l'intrigue policière. C'est dommage, car c'est très bien écrit et les acteurs sont splendides, la femme de Suleiman en particulier est époustouflante lorsqu'elle fuit pour protéger ses enfants. Les moyens dans l'ensemble sont aussi énormes avec des tournages en ville à Paris ou en Turquie et des décors très variés d'appartement ou même de camps de réfugiés. Mais il y a un petit goût d'inachevé malgré tout.