Qui veut un panini ?

Il aura fallu attendre la troisième saison du "Journal intime d'une call girl" avant que la série ne devienne véritablement intéressante. L'adaptation télévisuelle du livre autobiographique de Belle de Jour (alias Dr Brooke Magnanti) nous expose le quotidien d'une call girl de luxe dans les quartiers londoniens. Nous passerons face aux divagations scénaristiques et aux libertés prises par rapport au livre (on passe par exemple d'une étudiante en doctorat qui offre ses services à une agence d'escortes anglaises, à une call-girl tout court...). Ici, la caméra est tel l'interlocuteur privilégiée de cette prostituée des hautes classes, s'adressant directement au spectateur, comme si elle était une franche copine, une amie qui nous ouvre les portes (toutes les portes?) de son intimité et nous livre les secrets de sa vie de tous les jours, mais surtout de son expérience de call girl.

Alors notre conversation hebdomadaire avec Belle (Hannah dans la série, jouée par la succulente mais atroce chanteuse Billie Piper) laissera filer quelques anecdotes marrantes et autres bizarreries sexuelles expérimentales qu'a pu rencontré l'héroïne, des petits conseils passe-partout pour les demoiselles ne satisfaisant guère plus leurs compagnons (ou bien, souhaitant redonner de la vigueur à leur libido!), quelques éléments de sa vie amoureuse extra-professionnelle, des fragments de famille... Rien de bien transcendant si ce n'est l'incursion dans l'univers du plus vieux métier du monde, à la sauce "Belle de Jour", dans une bulle parfaite. Malgré tout, cette relation télévisuelle peut s'avérer dérangeante pour le spectateur, sans cesse pris à parti par le regard ténébreux de Billie Piper, nous plongeant dans la piscine de son intimité. Une série qui ne crève pas le plafond, mais qui se laisse voir sans problème majeur, et qui satisfera un peuple frustré et puritain.