A l'époque ou Kaamelot commençait à passer à la télé, je tombais quelque fois sur des morceaux en passant sur M6, et je me forçais un peu à regarder quand y avait rien d'autre; mais rien à faire, j'accrochais pas du tout à l'humour, et l'ordre hasardeux des épisodes arrangeait rien à l'affaire.
Je me suis battue des années à répondre à ceux qui adoraient Kaamelot "MAIS NAN PUTAIN , C'EST PAS DROLE, C'EST NUL". J'allais parfois plus loin en critiquant les décors " a deux balles" où j'avais l'impression qui filmait 90% du temps dans un forêt miteuse, je supportais pas ces bavardages incessants...
Et puis un jour, on m'a un peu forcé la main, on m'a dit de les regarder, mais dans l'ordre. Attention, c'était forcément pendant le dîner, quand on veut regarder un truc léger pour oublier la journée et se détendre - et finalement, même si je riais pas à chaque fois, je commençais à trouver attachant ces cons de bretons, tout ça.
Et je ne voyais absolument pas venir, d'une émission à la base purement humoristique, une réelle cohésion scénaristique, avec des personnages auxquels on s'attache (même ceux qui sont insupportables) et une vraie montée dramatique. La série n'est pas parfaite, il y a des problèmes de rythmes, certains épisodes sont bien évidemment moins bien que d'autres, mais je crois que la balance à définitivement penché vers le petit chef d'oeuvre télévisuel à partir de la saison trois; le série prends un ton plus sérieux, on suit une logique chronologique - c'est une saison assez redondante mais dont certains épisodes marquent beaucoup, notamment celui, surprenant de tristesse et extrêmement touchant, du Roi Arthur contant une histoire bien triste à l'un des enfants de Karadok. Je crois que c'est à partir de ce moment là que j'ai réellement commencé à aimer profondément Kaamelot, qui excelle après tout dans la surprise - on croit être dans une série un peu bête, et on découvre une intelligence et une finesse rare à la télévision, et même plus généralement dans les créations audiovisuelles françaises (soupir)
Le format complétement différent de la cinquième saison peut dérouter, et pourtant, c'est l'une de mes saisons préférés. Le générique trompettiste qui me soulait un peu au bout d'un moment est retravaillé et c'est très chouette, on voit tout de suite qu'on à affaire à autre chose, et c'est TRES BIEN. Ils ont eu les couilles de changer, beaucoup, et ça marche à MERVEILLE.
Surprise également à la sixième saison - j'avais peur qu'on prenne Kaamelot pour une vache à lait, mais il n'en fut rien, apportant toujours plus de richesse au récit, et toujours plus d'amour tendre pour le personnage d'Arthur, qui n'est pas qu'un roi blasé par l'incompétence de ses proches - on creuse sa psychologie à fond les ballons, toute son histoire rends le drame de sa vie encore plus fort. L'élu des dieux reste profondément humain, dans toute ses faiblesses et ses travers. On voit que la série à plus de moyens, et ça se ressent dans la beauté des décors et des costumes, et ça fait plaisir de voir qu'Astier reçoit ce qu'il mérite pour son oeuvre.
La série aurait pu facilement basculer dans le cliché dans les deux dernières saisons, mais les acteurs sont tellement bons, que les discours passent crème; dans la bouche d'autres acteurs, ça aurait senti le relent de mauvaise histoire un peu concon. Je tiens vraiment à saluer le talent immense des nombreux acteurs de cette série, sans qui elle n'aurait jamais pu sans doute plaire à ce point.
Si j'ai adorée (bien que je me suis toujours pas remise) de la fin de la saison 5, celle de la saison 6 m'a bien moins plu, l'avant dernier épisode étant, pour moi, parfait dans sa finalité. Mais encore une fois, si ça se trouve, Kaamelot va me prouver encore une fois que j'ai tort, et j'y prendrais presque goût ! Vivement la suite...