Kingdom
7.3
Kingdom

Drama Netflix (2019)

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Dynastie des zombies : Crêpage de chignons sanglant

Une étrange épidémie frappe le royaume de Joseon : les morts se transforment en monstres assoiffés de chair humaine. Le Prince Lee Chang, héritier du trône, met tout en œuvre pour éradiquer cette mystérieuse maladie afin de protéger son peuple. Un (long) parcours semé d’obstacles se dresse sur son chemin : Accusé de trahison, il est traqué par un gouvernement pourri jusqu’aux os. D’où vient ce fléau destructeur? Notre héros parviendra-t-il au bout de sa quête?


Partons à la découverte de ce mélange efficace entre l’horreur et le sageuk (drame historique dont l’action se déroule durant la Dynastie de Joseon 1392-1910 ou avant. Même si les personnages et les histoires sont fictifs, la reconstruction du contexte historique, social, économique, culturel est véridique. Où comment parfaire ces connaissances sur la culture coréenne traditionnelle).


Les histoires de zombies ne sont pas ma tasse de thé, tout comme les crêpages de chignon dans les hautes sphères couronnées. La présence de Ju Ji-Hoon (que je n’avais pas revu depuis son rôle dans Along with the Gods), le format court, ainsi que les avis en majorité unanimes, me convaincront (enfin) d’y jeter un œil.


Le premier épisode me plonge avec délectation dans une parenthèse hors du temps. Il faut prendre son mal en patience pour se familiariser avec les lieux et les protagonistes de cette saga (qui s’annonce sanglante mais supportable). Dans un royaume gangréné par la corruption et une lutte de pouvoir interne, notre protagoniste se détache par sa bravoure/droiture, son sens de l’équité envers ses disciples et un dévouement singulier à son peuple ravagé par la famine. Accompagné de son fidèle serviteur, d'autres acolytes viendront leur prêter main forte. Leur présence aura une influence plus ou moins capitale par la suite.


Après avoir passé en revue tout ce petit monde, une intrigue rondement menée se dessine sous nos yeux. Ces créatures (aux caractéristiques bien singulières) vont leur donner du fil à tordre, l’énigme à résoudre n’est pas des plus simples, où de lourds secrets y sont enfouis. Pour corser le tout, des clans machiavéliques, assoiffés de pouvoir, leur mettent des bâtons dans les roues.


L’esthétisme épuré/soigné des décors et costumes d'antan rend le visionnage très agréable. On se retrouve imprégné avec réalisme dans l’atmosphère particulière de cette époque, sublimée par des gros plans de toute beauté, aux panoramas à couper le souffle (ex : les champs).


Chapeau au casting de qualité pour leurs prouesses (et pirouettes) techniques, ils manient tous l'épée avec dextérité. Affublé de ces longues robes bouffantes, nos vaillants héros virevoltent avec grâce dans toutes les situations possibles (à cheval, en piquant un sprint, six pieds sous l'eau). Les courses poursuites d'une vitesse effrénée sont retranscrites avec une belle intensité. Des combats orchestrés sans fausse note (ou presque), ternis légèrement par quelques scènes (gores) tirées par les cheveux; rien de repoussant, ni médiocre.


Les armées de morts vivants sont plutôt bien représentées avec une gestuelle plausible et déroutante. Les situations tendues sont palpables, la frayeur est à son comble, sans non plus tomber dans l'excès de l'insupportable. Les visages sanguinaires et autres effets de maquillage sont globalement réussis.


Kingdom est loin de se résumer à une invasion pure et simple de zombies. Un royaume se délite, les humains courent à leur perte pendant que les monstres continuent leur main mise. Une survie s'organise autour d'un univers riche en symboles sociétaux, incarnés par des personnages issus de différentes couches sociales, où certains se détachent par leur solidarité généreuse, à l'inverse d'autres mentalités individualistes (détestables), veulent leur part du gâteau. La lutte des classes (un sujet récurrent), est judicieusement intégrée aux rebondissements. Les novices de séries coréennes en apprendront sur ces traditions ancestrales ancrées depuis la nuit des temps (et perdurent à ce jour) :
- Patriarcat (le garçon est mis sur un piédestal, la fille est reléguée au second plan)
- Respect de la hiérarchie, sous forme de dévouement extrême à son ainé / rang social supérieur


Voilà, un petit coup de cœur inattendu, il m’a manqué "ce petit je ne sais quoi" pour le classer dans la catégorie des irréprochables. N'étant pas friande de ce genre d'épopée zombiesque, le jeu en valait la chandelle : Kingdom a eu le mérite de me faire changer d'avis. L’exemple parfait du drama, que j’ai commencé sans grande conviction, pour finir conquise. Si bien que je trépigne d'impatience de découvrir le dénouement final : vivement la saison 3. Pour les amateurs du genre, elles combleront (peut-être) vos attentes.


A méditer : Le monde est-il plus dangereux lorsqu'il est infecté de zombies ou sous la coupe d'un régime dictatorial?


Quelques anecdotes pour finir :
- Approché par la production pour obtenir le rôle principal du prince héritier, Song Joong-ki décline l'offre.
- Le tournage de la série a été endeuillé par deux accidents mortels : Un membre de l'équipe artistique décède en raison d’un surmenage. Au milieu de la seconde saison, un autre collègue périt dans un accident de voiture.


Suite à ce décès lié au surmenage, La Fédération des Films Coréens (FKM) a exhorté le gouvernement à prendre des mesures pour améliorer les conditions de travail. Les employés du secteur de l’audiovisuel travaillent en moyenne 19 heures par jour, soit 3 fois plus que la personne moyenne chaque mois. Selon un rapport de l'OCDE, le travailleur moyen en Corée a un temps de travail annuel de 1967 heures (Vs 1505 heures en France) soit le troisième jour de travail le plus long après le Mexique et le Costa Rica. Derrière tous ces films à succès, des personnes en subissent les dommages collatéraux, leur santé en est tristement négligée.

Julhee
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les dramas coréens ne sont pas forcément QQ la praline

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le 6 mai 2021

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Julhee

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