Genèse du projet:
En 1974, une fois le tournage du mythique Holy Graal finalisé, John Cleese se lance dans l’exécution d’un projet personnel dont l’idée a germée dans son esprit depuis plus de cinq ans. S’inspirant de la vie d’un grossier personnage que Cleese avait croisé lors d’un séjour dans un hôtel de province en compagnie de son épouse de l’époque Connie Booth, l’actrice jouant le rôle de Polly et co-créatrice de la série.
Fraîchement sortie du succès colossale et inattendu du Monty Python’s Flying Circus, il se tourne vers la BBC pour en faire une série de 12 épisodes, mais son idée rencontre peu d’enthousiasme de la part des directeurs de la chaîne. Malgré leur réticence, ils décident de s’y lancer après tout, puisqu’il s’agit d’une proposition venant d’un des créateurs de leur série la plus populaire en terme d’audimat; pensant que le même heureux hasard qui a fait le succès de la première ferait peut-être celui de la deuxième.
Résumé et analyse:
Basill Fawlty est le propriétaire d’un petit hôtel à torquay, petie ville côtière située au sud de l’Angleterre dans le compté de Denvor.
Snob, arrogant et cynique, il est l’exemple typique du petit bourgeois anglais. Il vit en ménage avec Cybil, une petite femme rigide et agaçante qui n’a de cesse de le torturé par ses demandes incessantes et qui le considère comme rien de plus qu’un minable ringard. C’est elle qui tient les commandes bien entendu et assez fermement, ils n’éprouvent aucune attirance ni d’affection l’un pour l’autre et ne semblent s’entendre sur aucun point, et on commence à se demander comment ces deux là se sont mariés au départ.
–Tous deux fiers représentant de la classe moyenne anglaise.
Le staff se compose essentiellement de deux aides, un immigré espagnol du nom de Manuel, homme à tout faire, à la fois bricoleur, serveur et gardien mais qui ne semble maîtriser aucune profession particulière et qui n’est pas encore tout à fait à l’aise avec la langue anglaise, engagé pour la simple et unique raison d’appartenir à une main d’oeuvre moins coûteuse.
Son employeur ne rate aucune occasion pour l’humilier et quand quelque chose tourne mal ou une catastrophe arrive soudain (ce qui aura lieu souvent d’ailleurs), c’est lui qu’on désigne du doigt et on lui reproche absolument tout. C’est pour cette raison et à cause de ses traits de caractères étranges et cette maladresse qui le caractérise qu’ il est le personnage le plus attachant du groupe. Et il y a aussi Polly, réceptionniste de l’hôtel mais dont les responsabilités s’étendent beaucoup plus que cela, la lourde tâche de maintenir ce cirque en marche et de veiller à ce que le tout ne parte en vrille dépend uniquement d’elle. Elle sauve la situation à plusieurs reprises, recevant très peu de reconnaissance en retour. Elle représente la voix de la raison dans cet ensemble dégingandé.
Ce qui en fait un quatuor de personnages plutôt archétypaux voire caricaturaux dans l’ensemble mais au meilleur sens du terme.
Et c’est ce qui fait précisément sa force, cette palette de personnages tout aussi excentrique les uns que les autres et qui chacun (avec les invités de chaque épisode) représente une facette de la société anglaise, atteignant une alchimie entre eux rarement vue sur petit écran.
Cleese se détache de l’esprit chaotique des Monty Python en essayant de suivre une ligne narrative plus traditionnelle avec des personnages bien développés et des situations comiques plus cohérentes dans leur délire (si j’ose dire) et moins »over the board », mais en gardant néanmoins le coté irrévérencieux et subversif du groupe.
Avec l’habilité d’un chef d’orchestre, il étale ses gags toujours au moment idéal avec un tempo comique virtuose, n’hésitant pas à accélérer le rythme quand il le faut. Et si la bonne comédie n’est qu’une question de timing, on tient ici un sommet du genre.
Conclusion:
On sait tous que le format du sitcom n’a jamais servi à grand chose d’autre qu’un support pour les inepties de la culture populaire (l’américaine en particulier); un lieu dans lequel des personnages stéréotypés évoluent dans un cadre inchangeable où les gags débiles s’enchaînent, vivant les mêmes situations épisode après épisode; le tout accompagné d’un « laugh track » agaçant qui vient nous rappeler qu’on est censé rire à ce qui se fait sous nos yeux.
Fawlty Towers, tout en respectant les ingrédients cités ci-dessus, va bien au delà de cela et à partir d’une formule assez simple et classique propose au fond une attaque virulente des mœurs anglaises et une dénonciation comique de certains excès dans les comportements humains et de leur absurdité.