La Forêt de l'Étrange
8.2
La Forêt de l'Étrange

Dessin animé (cartoons) Cartoon Network (2014)

A la faveur d’une recommandation de la nouvelle génération, me voici embarqué dans une série d’animation au format singulier, soit une saison de dix épisodes de dix minutes soit 1h40 pour l’intégrale. Pourtant, au terme du voyage, le spectateur aura bien eu le sentiment d’un voyage aux confins de la magie, tant ces péripéties dans un univers au-delà du mur du jardin vont se révéler denses et fantasques.


Il faut accepter les règles singulières d’un jeu narratif échevelé pour apprécier cette odyssée : bien souvent, les premières minutes de l’épisode présentent de façon abrupte un univers à grands renfort d’ellipses qui peine à raccorder avec ce qui précède, avant que certains indices ne tissent les liens nécessaires. De la même manière, l’avant dernier épisode fournira de précieuses informations sur le passé des frères et la nature possible de leur voyage. La jeunesse y trouvera alors quelques jolies réflexions sur l’amour, l’amitié, la fraternité, le courage et la peur, mais ce ne sont là que des éléments secondaires par rapport à la réelle magie de cet univers.
La forêt de l’étrange parvient à construire un monde dans lequel l’insolite fait loi : sous la houlette des fantasques remarques et comportements d’un petit frère qui prend le parti de ne jamais s’effrayer des manifestations surnaturelles qui les entoure, le duo avance au gré d’épreuves qui ne sont jamais clairement définies, interagit avec des protagonistes qui peuvent être autant opposants qu’adjuvants, reprenant en cela pas mal de l’anti-manichéisme auquel nous avait initié Miyazaki. Les créatures se succèdent, et chaque épisode présente ainsi un milieu où tout est à découvrir, et que l’humour va enchanter, quand ce ne sont pas des chansons qui exacerbent la liesse l’envie d’être ensemble et de louer les vertus de la différence.


Le conte traditionnel fait des éléments surnaturels des métaphores du monde réel pour le lecteur, et La Forêt de l’Etrange ne déroge certes pas à cette règle. Mais c’est bien dans ses pas de côté qu’elle prend toute sa saveur, entraînant le spectateur dans un périple sans ligne directrice stricte, où l’on acceptera que la grenouille change de nom, qu’une bête effrayante change de nature, et que la lumière dans une lanterne change d’éclat. Qu’on ajoute à cette saveur l’accent délicieusement british des personnages et un univers graphique au trait clair que l’animation en 3D a trop vite banni, et l’on se trouve là face à un objet au charme précieux, susceptible d’offrir au spectateur cette denrée devenue rarissime et qui justifie toute les quêtes et aventures imaginables : l’étonnement.


(7.5/10)


Il vous reste jusqu'à ce soir pour voir la série sur Netflix

Sergent_Pepper
8
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le 14 avr. 2020

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Sergent_Pepper

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