6 c'est bien noté: ça tient au talent du bonhomme Dickens et à celui des comédiens, mais il faut vraiment s'accrocher pour franchir les premiers épisodes, voire même les premières images tant cette adaptation est plate, vilaine et confuse, dénuée du moindre souffle. On la doit pourtant parait-il à Andrew Davies qui a par ailleurs adapté l'excellent Orgueil & Préjugés, Raison et Sentiments et d'autres œuvres de Jane Austen. Mais force est de constater que ce qui mettait en valeur les dialogues ciselés des protagonistes de Jane Austen convient moins au foisonnement de personnages excentriques et de rebondissements invraisemblables des feuilletons de Dickens.

Très fidèle au feuilleton littéraire, on saute d'une scène très courte à une autre, un endroit à un autre, de personnages à d'autres personnages... On est au théâtre, des gens arrivent, dialoguent, quittent la scène, on ne sait plus où on est, qui ils sont, ce qu'ils ont à voir les uns avec les autres, on réalise avec stupéfaction qu'ils ont un passé commun ou à l'inverse ils viennent de se rencontrer et se comportent comme des amis de longue date. Difficile de ne pas être rebuté dès le premier épisode, surtout sans connaître le livre!
L’œuvre de Dickens est complexe, de nombreux destins s'y croisent, mais il ne s'est pas contenté d'aligner une succession de dialogues: personnages et situations s'articulent dans une trame qu'il nous fait accepter comme crédible tout en étant rocambolesque. Ainsi Dickens s'enrichit à travers ses diverses adaptation au cinéma par un traitement fantastique ou spectaculaire, fable truculente ou drame onirique. Ses personnages archétypiques s'accommodent très bien de la magie du cinéma. Dommage ce parti-pris de coller au récit, de rester en retrait avec ces plans figés, ces cadrages sans intérêt(parfois très laids), quelques artifices de cinéma auraient pu rendre l'intrigue plus compréhensible et surtout plus dramatique, auraient pu en souligner tout le mystère, l'émotion, l'extravagance.
Il reste Dickens, la force de cette chronique des souffrances du petit peuple et de l'absurdité des règles sociales et juridiques, une galerie de personnages grotesques ou attachants fort bien interprétés malgré la mise en scène(ou l'absence de mise en scène) qui s'obstine à les dévaloriser. Je pense à Gillian Anderson, bouleversante dans son chagrin, Burn Gorman en avocaillon étriqué, Dennis Lawson au bienveillant charisme... ce sont les comédiens et les personnages qu'ils incarnent qui font qu'on s'attache à la série. Quel dommage! Avec une caméra à la hauteur, des éclairages dignes de ce nom, un peu d'inspiration et d'investissement personnel(un vrai travail d'adaptation quoi!), quitte à s'écarter légèrement de l’œuvre originale, on leur aurait mieux rendu justice(aux comédiens et à Dickens). Dommage qu'il faille combler la platitude avec l'imagination ou les souvenirs du livre.

boomba
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le 7 janv. 2018

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