Bien avant le succès d’Un Village Français sorti en 2009, la Résistance et l’Occupation pendant la seconde Guerre Mondiale avaient déjà fait l’objet d’une série en 1972 sous le nom : Le 16 à Kerbriant. Cette dernière est tombée totalement dans l’oubli aujourd’hui (fiche quasi-vierge sur Allociné, 7 notes sur IMDB, 15 notes sur le site au moment de l'écriture de cette bafouille…), malgré une sortie en VHS sous la forme d’épisodes de 50 minutes en septembre 1994 et, une autre en DVD en octobre 2008 en deux parties de 2h30, sous la collection Mémoire de la Télévision présentée par le regretté, Mr Pierre Tchernia.
J’ai pu la découvrir dans le dernier format cité. Même si les années 80 et 90 ont donné une mauvaise image des séries françaises auprès du public, celles des années 1970 ne doivent pas être ignorées. Jetez un œil sur la liste du très sympathique Ugly pour vous en convaincre !
Diffusée la même année que Les Rois Maudits, une des séries françaises les plus célèbres, Le 16 à Kerbriant fut un succès public à l’époque grâce à la présence de Louis Velle qui avait cartonné dans La demoiselle d’Avignon juste avant, mais aussi pour son scénario et les autres interprètes.
Après s’être installés en Bretagne, une mère de famille, ses enfants, et sa belle mère vont se retrouver, malgré eux, embarqués dans la Résistance par une suite d’événements étonnants.
Chose surprenante : certains officiers allemands ne sont pas tous représentés comme des êtres sans pitié et inhumains sauf le lieutenant Wolf qui porte bien son nom. Il est joué, avec talent, par Vernon Dobtcheff. Le reste du casting mérite le détour, avec des interprétations intéressantes :
- Louis Velle en capitaine Madelin ayant une position modérée envers le régime Nazi.
- Elisabeth Alain en mère de famille naïve devant faire des choix difficiles pour sauver sa famille.
- Jean Gabriel Nordmann en adolescent rebelle s’enrôlant dans la Résistance
- Daniel Sarky en résistant sous couverture
- Jean Pierre Castaldi en parachutiste SAS
Sans oublier, Tsilla Chelton ( éternelle Tatie Danielle pour beaucoup), en belle mère grande gueule et opposante farouche à l’ennemi.
Les scénaristes (Jean Cosmos et Jean Chastenet - Ardéchois coeur fidèle-) ont fait en sorte à ce que l’on comprenne comment était gérés les fermes (réquisitions régulières de denrées, vérification inopinée des lieux et des communications…) et le village (couvre-feu, barrages filtrants, délivrance de papiers pour exercer certaines activités…) par la Kommandantur. Il aborde également les stratagèmes et les manœuvres pour la résistance de se cacher de l’ennemi et d’agir contre l’Occupation. La collaboration de certains personnages est évoquée pour ne pas paraître trop manichéen. Etant diffusé en début de soirée avant le journal de l’ORTF, la violence est toujours hors champ pour éviter la censure.
Bénéficiant d’un budget serré, Michel Wyn a réussi à mettre en scène une série sur un sujet difficile dans un milieu rural, tout en laissant une place importante à chaque personnage. On lui a reproché des petites erreurs et un aspect romancé par moment. Par exemple, la Wolkswagen présente dans la série n’était pas de la bonne époque car la livraison du bon modèle n’a pas pu se faire à temps.
Malgré cela, cette série française est la première à aborder cette période compliquée, avec un certain sérieux, et permet de (re)découvrir certains acteurs ou actrices.