La légende du héros dresseur d'aigles est basé sur un roman de Louis Cha qui semble être très populaire en Chine. Il a souvent été adapté: au moins 3 séries(1983, 2008 et 2017) et un film.
C'est une série d'aventures typiquement asiatique comparable aux Shonen japonais(style Naruto) avec un héros généreux, une quête formatrice, une rivalité et de nombreuses rencontres avec des personnages d'exception.
Au vu des 2 premiers épisodes, je me suis pourtant dit que j'allais avoir du mal à avaler la suite tellement c'était confus et les effets spéciaux des combats mal réalisés. On se serait cru dans un vieux film d'arts martiaux de série B avec un chaudron et une cloche géante comme accessoires de lutte. La série débute en effet par la mort des pères des 2 guerriers Song victimes d'une trahison puis l'affrontement du Taoïste et des 7 guerriers du sud, l'action défile, les personnages s'invectivent sans qu'on sache trop qui est qui. Ce ne sera que quelques épisodes plus tard que tout sera expliqué clairement. Le prologue se conclut sur un pari entre les maîtres d'art martiaux( le Taoïste et les 7) qui devront retrouver les enfants et les entrainer afin de déterminer quel est le meilleur enseignement. Ainsi Guo Jing et Yang Kang sont voués à être en compétition avant même leur naissance.


La trame est très riche et les péripéties nombreuses dans un contexte historique: l'empire Jin cherchant à conquérir les Song. Guo Jing grandira dans une tribu Mongole dirigée par le futur Gengis Khan, tandis que Yang Kang croit être le fils d'un prince de Jin.
Leur enfance et jeunesse n'est pas abordée dans cette version sans doute par manque de moyen pour mettre en scène les batailles entre Mongols et Jin. C'est dommage car certains événements ont des conséquences et seront souvent évoqués par la suite. C'est le reproche que je fais au début de la série, le manque de clarté et d'explication(comme si tout le monde avait lu le roman!).
Mais ce défaut s'estompe comme par magie et soudain on est pris dans le tourbillon de l'aventure. Désormais les épisodes se succèdent riches en événements, retournements, rencontres, combats et découvertes. La principale qualité de cette version est le soin apporté à la construction des personnages, leur psychologie, leur évolution à travers leurs relations, notamment les 2 héros: Guo Jin est un idiot au cœur pur qui n'apprend à combattre que pour faire plaisir à ses maîtres puis à son amie(aussi intelligente qu'il est bête), mais il est empathique et comprend ce qui échappe à d'autres grâce à sa sensibilité. Loyal et confiant, il attire la chance et gagne ainsi de nombreux soutiens.
Yang Kang est celui dont l'évolution est la plus intéressante, il vit une violente crise d'identité, trahi, tourmenté par une colère intérieure, il ne fait confiance à personne. Ambitieux et intelligent, il a l'impression que le sort s'acharne sur lui et se débat sans cesse entre ses désirs contradictoires. Va-t-il sombrer? La voie qu'il choisit est tortueuse tandis que celle de Guo Jing est aussi simple que son esprit.
Du prince Jin au roi des mendiants, de nombreuses rencontres, des figures excentriques, délirantes ou sombres et cruelles sont dessinées avec soin, elles ont leur histoire, leur face cachée et leur talon d'Achille qui les rend plus humains et nous ferait presque apprécier les plus détestables.


Les combats sont bien mis en scène avec la magie à la chinoise: la force intérieure rendue tangible capable de faire tourbillonner les éléments du décor, voire de déraciner les arbres. Beaucoup de bonnes idées, qui font complétement oublier la maladresse des premiers épisodes.
Même si on est bien conscient du manque de moyens, dans les scènes de grandes batailles notamment entre Mongols, Song et Jins, on oublie les armées déployées, les centaines de cavaliers se fracassant sur des rangées de fantassins, tout est filmé en plans rapprochés, cuir contre cuir, visages grimaçants, poings crispés sur la lance et le résultat est plutôt convainquant. Encore une bonne idée pour transformer le défaut en qualité. On est au plus proche de l'humain, partie prenante de la mêlée.
Un autre point appréciable: beaucoup moins prude(ou censuré) que l'autre version pourtant plus récente.: On a de vrais baisers sensuels, du sexe hors mariage, tentative de viol explicite(le personnage en cause est beaucoup plus ouvertement libertin, violeur et obsédé que dans la série 2017) ainsi que des détails(choquant?) comme l'odeur de cadavres en décomposition et l'utilisation d'excréments qui disparaissent dans la version 2017. Ça peut sembler peu de chose, mais le fait que ce soit gommé ensuite me l'a fait remarquer.
Série encore à terminer pour ma part, mais je ne pense pas être soudainement déçue par la dernière partie, tant les péripéties s'enchainent à un rythme soutenu, la quête des héros, la vengeance, le perfectionnement à travers de multiples contrées aux paysages variés sur fond d'affrontement entre les titans Gengis Khan et l'empire Jin.

boomba
9
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le 11 mars 2020

Critique lue 300 fois

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