La nature profonde de la démocratie et du pouvoir, en général, voilà le sujet de cette longue fresque d'une centaine d'épisodes.
Commençons par les défauts, qui sont reconnus par tous : le dessin est vieillot et l'animation n'est pas très fluide. La raison est simple : cette série est un OAV, produite par les seuls achats de cassettes vidéo bihebdomadaire des consommateurs Japonais. Il fallait donc faire vite et réduire les dépenses. Le détail et l'animation en ont fait les frais.
Malgré cela, la série a su accrocher son public par sa profondeur, sa richesse, et sa relative simplicité.
L'histoire est simple : La Galaxie est partagée en deux blocs politiques, l'Empire et l'Alliance des planètes libres. L'Empire est fortement inspiré du Reich Hohenzollern du XIXeme siècle, et l'Alliance est une démocratie "à l'occidentale".
Ces deux blocs se livrent une guerre sans merci depuis des années. Ils sont reliés par deux couloirs spatiaux, celui contrôlé par la planète Fezzan, seule planète neutre de la galaxie, trait d'union diplomatico-commercial, et le couloir verrouillé par la forteresse Iserlohn, contrôlée par l'Empire, qui est le grand champ de bataille de cette guerre.
Derrière ce front bloqué et immuable, les deux sociétés antagonistes ont muté et sont arrivées à leur point de rupture. L'Empire est décadent et l'Alliance est entrain de se faire bouffer par le populisme et la démagogie.
Au milieu de cette crise deux hommes vont émerger.
Dans l'Empire, Reinhard Von Musel, jeune ambitieux, frère de la favorite de l'Empereur, détesté par le reste de la noblesse.
Dans l'Alliance, Yang Wen-li, est, au contraire, complètement dépourvu d'ambition, mais tout aussi méprisé par sa hiérarchie.
Autour d'eux, une bonne grosse centaine de personnages secondaires, qu'on va très facilement arriver à identifier malgré leur quantité (lors de leurs premières apparitions, ils sont systématiquement nommés par une incrustation dans l'image).
Malgré les présentations, germanique d'un côté, et occidentale de l'autre, les personnages sont résolument Japonais : respect de la hiérarchie, opérations banzaï, mais aussi pudeur et timidité assez incroyables concernant la vie privée. La série est aussi très riche de ce point de vue, c'est presque un documentaire consacré à la mentalité japonaise des années 80.
Il faut aussi parler de la musique. Par souci d’économie ou choix esthétique, mis à part les génériques, la bande son est intégralement constituée d’œuvres majeures du répertoire classique. Beethoven, Mahler, Mozart, Dvorak, Ravel... Et il faut bien reconnaître que c'est super bien choisi. Cette série a permis à des centaines de personnes de s'initier à la musique symphonique.
Et l'histoire, quelle histoire! le scénario est sensationnel et surprenant, il sait faire preuve de pédagogie, il est sérieux et cérébral, mais aussi épique et sanglant. Les batailles spatiales sont monumentales, et les combats d'infanterie, à la hache, se finissent en bains de sang.
Et les personnages... Ils sont tous attachants, on arrive à les aimer, à vivre les disparitions de certains comme des drames à part entière. Cette série est unique, un chef d’œuvre qui sait dépasser ses défauts graphiques.
Pour ceux qui veulent la visionner, je leur conseille de commencer par le premier film "My conquest is a sea of stars", puis d'enchaîner les 110 épisodes des quatre saisons de la série principale.