Une guerre galactique riche sur fond de classique

LOGH est un space opéra se déroulant alors que l'Humanité a atteint une certaine stagnation. Après une grande expansion dans la galaxie, elle s'est finalement divisée en 2 grands camps : l'Empire Galactique et l'Alliance des Planètes Libres. Ces 2 camps en sont à un statut quo depuis près de 150 ans, empilant les pertes pendant que leurs propres régimes se dégradent. Ainsi l'Empire Galactique (s'inspirant de l'empire Prusse du XIXème siècle) voit sa dynastie dégénérer, le sang et le droit de naissance prévalent sur les compétences. Alors que du côté de la démocratie de l'Alliance des Planètes Libres (s'inspirant plutôt de la France révolutionnaire avec un soupçon de corruption soviétique), l'appareil politique se voit corrompu et les politiciens n'opèrent que pour leurs intérêts personnels. Dans ce contexte, chacun voit apparaître 2 grands stratèges, Reinhard Von Musel et Yang Wen Li.

Reinhard fait partie de la petite noblesse, sa chance étant que sa grande soeur a été choisie par l'Empereur comme femme. Il a pour but de renverser la dynastie actuelle pour libérer sa soeur tout en supprimant cette dégénérescence de l'Empire Galactique. Il souhaite mettre dehors cet acquis de la noblesse pour que le travail et les compétences soient privilégiés. Et le système actuel va pour cela bien l'aider, puisque, s'il est mal considérer et très jalousé, il n'a que peu de mal à recruter les meilleurs éléments de l'empire qui sont laissé de côté/bridé du fait de leur sang. Et on ne parle pas de justes 3 ou 4 personnes... non, une bonne vingtaine au bas mot si l'on ne compte que les plus influents !!! De son côté, Yang s'avère être lui piégé par ses propres idées. N'ayant que peu d'appuis politiques et sous les ordres de commandants obtus il parvient cependant également à bien s'entourer de personnel très compétent également qui lui font confiance, l'écoute et à qui Yang peut déléguer. On en vient aux personnages secondaires... y en a une palanqué !!! Mieux, ils sont pour la majorité (notamment du côté de l'Empire) intéressants et riches. Les personnalités sont variées, les compétences indiscutables, la morale ou la loyauté au rendez-vous sans pour autant être obtus. Les relations parfois ambigües, font que certains sortent plus du lot que les autres et pourrait presque tenir un rôle principal. Si l'on apprend à détester un Oberstein par son côté conspirateur, on est maintenu en haleine par un Reuenthal dont le seul défaut est de vivre en même temps que Reinhard.

Le déroulement du scénario est riche en évènements. Loin d'être une simple succession de bataille, l'aspect géopolitique est très étudié. Les 2 camps évoluent et alors que Reinhard se bouge et saisie les opportunités, Yang reste aveuglé par ses idéaux et refuse de prendre les choses en main pour faire un grand nettoyage alors qu'il aurait la majorité de l'armée et de la population derrière lui. Un scénario qui va invariablement dans le sens de l'Empire alors ??? Et ben pas tout à fait puisque d'autres camps émergent... Ainsi Phezzan et sa neutralité (un peu la Suisse locale) passe totalement inaperçue au début, elle s'avère bien plus dangereuse et joue dans la catégorie des coulisses pour des résultats tout aussi impressionnant. Quand au camp surprise de l'Eglise de la Terre... si son influence s'avère tout de même importante, son insertion dans l'histoire et son intérêt sont par contre un peu maladroit.

Les différents mouvements politiques sont intéressants de par leur nature et de par leurs conséquences. A ce petit jeu, le meilleur politicien s'avère Reinhard, parvenant à se sortir de pièges politiques, à retourner des situations le tout pour continuer son irrésistible ascension vers le trône. Son caractère et son charisme ne lui font pas perdre de vue pour autant l'une de ses grandes qualités : s'avoir s'entourer et récompenser le travail bien fait. Son ascension entraine donc ses meilleurs éléments avec lui, et même auprès de ses plus grands ennemis il est prêt à les accueillir à ses côtés. Un grand leader qui force l'admiration de Yang.

Militairement les batailles spatiales ne sont pas en reste non plus. Loin d'être des batailles bourrins, les compétences stratégiques, les leurres, les mouvements de troupes, les formations, l'exploitation du terrain... tout y passe. Rajoutons à cela le caractère des personnages et leurs spécialités qui sont aussi bien exploitées par leur commandant que par l'ennemi. Ces batailles ne mettent pas en scène que des grands bâtiments de guerre mais également les petits chasseurs et des troupes d'assauts pour des corps à corps sanglants et barbares. Les personnages secondaires de ces petites troupes ne sont pas oubliés non plus et exercent également une certaine influence. L'échelle de ces affrontements est énorme et se compte en milliers (voir dizaines de milliers) de vaisseaux. Au-delà de leur échelle et leur tactique, ces affrontements s'avèrent magique par leur accompagnement musical... de la musique classique !!!

Oui, l'aspect musical de LOGH peut surprendre aux premiers abords car tapant allégrement dans le répertoire classique. Si un Wagner ne surprends pas tant que ça dans des séquences de grande bataille (puiser dans la tétralogie étant d'une évidence pour renforcer le côté épique), voir tout le gratin que sont Beethoven (5ème, 7ème), Brahms, Dvorák (7ème, 8ème), Mozart, Bach s'enchaîner pourrait paraître étrange... plus étrange encore quand on nous sort un Boléro de Ravel !!! Et pourtant force et de constater que cela marche et colle terriblement bien. Entre aspect épique, dramatique, chorégraphie de ballet... la guerre en deviendrait presque un splendide spectacle. A contrario de l'aspect sonore, l'aspect graphique fait un peu pale figure... L'inspiration des vaisseaux et des uniformes fait clairement prussien XIXème siècle pour l'Empire et plutôt soviétique pour l'Alliance. Le chara design réussi l'exploit de donner une vraie identité et de la personnalité à tout le monde. Malgré l'énorme quantité de personnages, on se surprend à les reconnaître tout de suite sans les confondre. Non content de cela, les personnages charismatiques ne manquent définitivement pas. Pourtant malgré ce joli tableau, force est d'admettre que l'animation ne suit pas vraiment... c'est rigide, pas très dynamique et d'un niveau juste correct.

Une oeuvre énorme, extrêmement riche et intéressante sur fond de classique. Il faudra cependant dégagé pas mal de temps libre car la série aligne la bagatelle de 110 épisodes. Prix à payer pour autant de richesse.