Les Soprano
8.5
Les Soprano

Série HBO (1999)

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Pour James Gandolfini et les pizzas.

Il m'aura fallu du temps pour enfin regarder "Les Soprano", il y a eu un faux départ sur France 2 en 2000, le dimanche en deuxième partie de soirée en VF, mais il m'était impossible de la suivre sans la VO. 13 ans plus tard, grâce à la magie d'internet, je me décidais de combler ce vide culturel et de me fondre dans la vie des Soprano.

La déception va être énorme. Est-ce dû à une trop grande attente ? Au divers éloges à son sujet ? Ou je me découvre un côté hipster ? Quoiqu'il en soit et malgré un seuil de tolérance plus élevé, j'ai bien failli ne pas aller plus loin que la seconde saison.
La seule et unique raison de regarder "Les Soprano", c'est James Gandolfini, un immense acteur qui bouffe l'écran dès qu'il apparaît, mais qui vampirise ses partenaires, la plupart étant d'une telle médiocrité, que lorsqu'il n'est plus là, l’intérêt est proche du néant.

Le casting est en grande parti coupable de ce naufrage, en dehors de James Gandolfini; dont je ferai l'éloge en permanence; il y a la crispante Edie Falco (Carmela). Avec son regard de chienne abattue, son manque de féminité et ses cris permanents, elle m'insupporte. Pauvre femme au foyer désespérée, se plaignant en permanence des infidélités de son mafieux de mari, tout en fantasmant sur le moindre étalon italien qui passe sa porte, tout en réclamant de l'argent, j'ai prié pour qu'elle prenne une balle pleine face pour ne plus la voir.
Mais il y a pire, Aida Turturro (Janice) qui joue la soeur aînée de Tony Soprano. C'est simple, je devais me retenir de l'étrangler par le biais de mon écran télé. C'est le personnage le plus insupportable que je n'ai jamais vu dans une série, même les actrices de "Plus belle la vie" me tape moins sur les nerfs, c'est dire comme elle est au-dessus des autres, c'est du haut niveau de médiocrité.
Drea de Matteo (Adriana) rejoint ce trio de tête à claques, elle est une habituée des rôles de "pétasse italienne accroc à la drogue sans cervelle", elle rivalise avec les deux précédentes; même si Aida Turturro est inaccessible; elle n'est même pas sauvée par sa soi-disant beauté, auquel je suis totalement hermétique, son jeu d'actrice mettant en deuil ma libido, comme dans "Sons of Anarchy".
Lorrain Bracco en psy de Tony Soprano, ne vaut pas mieux, sa voix soporifique a failli avoir raison de mes paupières plusieurs fois. Elle a préféré ce rôle, à celui de Carmela Soprano, je ne suis pas convaincu de ce choix, surtout que cela aurait éjecté Edie Falco, dommage. Nancy Marchand en mère de Tony Soprano, là aussi, c'est une catastrophe, heureusement qu'elle va disparaître, ce qui va; comme par hasard; offrir la meilleure saison des Soprano, la troisième.

Les mâles ne sont pas en reste, à quel moment quelqu'un à crû que Michael Imperioli (Christopher Miltosanti) était un bon acteur ? Qui lui a fait croire cela ? Comme pour Tony Sirico (Paulie) et Steven Van Zandt (Sil) ? Encore que ces deux-là ne sont pas des acteurs à la base, un ancien mafieux et le guitariste du E-Street band. Alors qu'ils ne soient pas terribles au début de la série, ça passe encore, mais qu'ils le soient jusqu'à la fin, non! Souvent dans les séries qui ont plusieurs saisons, les acteurs évoluent en rendant leurs jeux plus supportables, là ce ne sera jamais le cas.
Dominic Chianese (Junior Soprano) a réussi à faire cela, lors de la première saison, le personnage est fade, se cachant derrière ses lunettes, avant de monter en régime et de s'affirmer au cours des saisons suivantes. Le meilleur de tous, le seul qui a su rivaliser avec James Gandolfini, c'est Vincent Pastore (Big Pussy), j'ai regretté son départ, il est le seul qui avait de la subtilité dans son jeu, qui ne cabotinait pas et avait un capital sympathie très élevé. Steve Schirripa (Bobby) s'en sort bien aussi, simple chauffeur de Junior, son personnage va évoluer et devenir plus intéressant, malgré son mariage avec Aida Turturro, le pauvre.
D'autres acteurs, plus convaincants, vont rejoindre le casting en cours de route. Celui de Steve Buscemi, en cousin de Tony Soprano, sera le plus fameux. il faut dire qu'un acteur de sa trempe, cela ne passe pas inaperçu, surtout parmi la bande de boulets qui l'entoure. Joe Pantoliono s'en sort bien aussi, malgré un rôle des plus exécrable, une merde humaine dont j'ai espéré un destin funeste, tout en appréciant sa folie qui offre un peu d'air et de rythme, dans une série qui en manque cruellement.
Vincent Curatola (Johnny Sack) en mafieux ambitieux et son successeur Frank Vincent (Phil), la bande de NY, nous offre deux salopards de compétition, rendant le personnage de Tony Soprano plus sympathique, tout en donnant plus de tension et de noirceur à la série.

La saison 1 est la plus faible de toute, longue, ennuyeuse, manquant de rythme, naviguant entre le drame et la comédie, frôlant souvent la caricature, voir le ridicule. Elle est à l'image de Tony Soprano, déprimante. Sa mère plombe l'intrigue, même si l'angle choisit est original; un mafieux qui consulte une psychiatre; ce qui l'entoure ne l'est pas, et surtout n'apporte rien.
La saison 2 va essayer de rendre la série plus sombre, en introduisant un mafieux sortant de prison, un brin psychopathe mais tellement surjoué, qu'il agace plus qu'autre chose. Même si la série devient plus intéressante, elle reste moyenne, la perte de "Big Pussy" et peut-être celle de Christopher Moltisanti, elle s'offre des rebondissements, qui sont censés captivés le spectateur, sauf que cela ne marche pas avec moi, ça sent le réchauffé et se séparer d'un des meilleurs acteurs de la série, est une des plus mauvaises idées des Soprano.
La saison 3 est une des plus intéressantes, on aborde le racisme envers les afro-américain, par le biais d'une pâle relation entre la fille de Tony Soprano: Meadow jouée par Jamie Lee-Syngler, pas très convaincante; mais qui a le mérite de ne pas faire dans la langue de bois, surtout de par le langage crû de Tony S. Le décès de sa mère me réjouit, celle qui joue son rôle est autant un boulet que son personnage, puis cela se concentre plus sur la mafia, surtout avec l'arrivée d'un nouveau fêlé, Joe Pantoliano, qui apporte sa folie à une série trop pépère.
La saison 4 est dans la même veine, de nouveaux conflits voient le jour, entre Tony Soprano; boss du New Jersey; et Johnny Sack; boss de NY; qui est apparu lors de la précédente saison, mais prend plus d'ampleur ici. On attend la guerre entre ses deux anciens amis, la tension est constante, l'impression que tout peut déraper à tout moment, est assez passionnante. Bien sur, tout n'est pas intéressant, Aïda Turturro revient au premier plan et Edie Falco joue l'adolescente aux yeux qui brillent à la vue du garde du corps de son mari, les deux sont énervantes.
La saison 5 voit l'arrivée de Steve Buscemi et de Frank Vincent, chacun dans chaque camp. Une impression de parachutage pour redonner de l'intérêt à une série qui en manque cruellement, ils sortent tout les deux de prison, et vont se retrouver rivaux, mettant Tony Soprano dans l'embarras, on attend toujours la guerre, ça joue encore sur la tension entre les deux bandes, mais l'arrestation de Johnny Sack va calmer le jeu. Surtout qu'on repart sur les problèmes existentielles de Carmela, je n'en peux plus, je sature, je mets un contrat sur sa tête.
La saison 6 voit Junior atteint de sénilité, abattre son neveu Tony Soprano, s'ensuit un des pires épisodes de la série, celui ou dans un état critique, il rêve d'une vie différente, adoptant l'identité d'un autre. L'exercice du rêve, à multiples interprétations, est un des exercices que j'exècre le plus. Il est utilisé à maintes reprises, il est salué par la critique, il m'ennuie profondément, il casse le rythme, et déjà qu'il n'est pas fameux, on retombe dans la torpeur de la première saison. Pour être dans "l'air du temps", on nous sort un mafieux gay, ce qui n'est pas très bien vu par cette bande de macho, puis une pseudo-affaire de terroristes barbus, ça frise le ridicule, on sombre à nouveau dans les défauts du début de la série.
Cette saison est coupée en deux, elle est composée de 21 épisodes, alors que les précédentes sont de 13. On frôle de nouveau la guerre, les conflits prennent de plus en plus d'ampleur, mais encore une fois, beaucoup de bruit pour rien. Puis à nouveau un problème dans "l'air du temps", l'ado mal dans sa peau, qui tombe dans la dépression, au bord du suicide en la personne du fils de Tony Soprano, AJ; interprété par le mauvais Robert Ller; bien sur la tentative de brasser tout les genres est louable, mais tellement mal faite, que je m'en tape complètement, la preuve, je prie pour qu'ils prennent tous une balle dans la tête.
Les 3 derniers épisodes vont enfin donner de la noirceur à cette série; qui en manquait cruellement; les règlements de compte se multiplient, La psychiatre lâche Tony Soprano, qui a sur la conscience la perte de son cousin, retombé dans la toxicomanie et qui devait assurer sa succession à la tête du New Jersey.
Le final est frustrant, j'ai d'abord crû à un bug de l'épisode, avant de faire le tour des divers avis et de me rendre compte, que cet écran noir était voulu, laissant l'esprit se faire son opinion sur le destin de Tony Soprano, même si on comprend bien que c'est sa fin, tout les éléments mis en place dans le snack avance cette thèse.

L'aventure des Soprano s'achève, elle souffre d'un manque de cohérence scénaristique, de divers raccourcis, d'une réalisation plate, d'une lenteur déprimante mais surtout, d'un casting catastrophique dont James Gandolfini va sauver plusieurs fois les apparences.
La nourriture à une grande place dans la série, un peu comme la cigarette dans Mad Men, d'ailleurs on peut observer l'estomac de Tony Soprano prendre de l'ampleur au fil des saisons. Au contraire, ses deux enfants deviennent squelettiques, normal ils sont des victimes de la mode.
Sans James Gandolfini, cette série n'aurait pas d'intérêt, il est la raison d'être de celle-ci, et l'unique raison de se taper 86 épisodes d'un niveau assez moyen, alors que j'adore le genre, c'est dire ma déception.
easy2fly
6
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le 7 janv. 2014

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2 j'aime

Laurent Doe

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