Love
6.5
Love

Série Netflix (2016)

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Critique de la saison 1.
Note : 6/10


ATTENTION : Cette critique contient des spoilers !


.


Alors qu'ils ont vécu tous les deux une journée agitée, Gus et Mickey se croisent au mart du coin, l'oeil ensomeillé et la mine pas très radieuse. C'est là qu'ils vont commencer à faire connaissance. Elle, la tête au fond du trou, a oublié son porte-feuille ; lui, bon seigneur, lui propose de lui offrir sa consommation, pour calmer l'embrouille avec le vendeur. Elle lui propose de passer chez lui pour le rembourser : ce sera le début d'un road-trip endiablé pour les deux loustics ; et l'ébauche du commencement de leur relation.


Elle le trouve plutôt drôle et il la trouve canon. Alors on pourrait s'attendre à un poncif du genre pour le nerd à lunettes : elle lui résiste d'abord, mais parce qu'il insiste - et puis c'est vrai qu'il a une bonne situation - elle va finir par lui céder (tbbt spotted). Au début, oui c'est vrai, il craque pour elle, tandis qu'elle le trouve surtout "gentil". Mais au final, au fil de la série, on se rend compte que ni l'un ni l'autre ne sait vraiment ce qu'il veut. Et puis, ils ont une situation de travail équivalente, il n'y a donc pas de supériorité symbolique de l'un sur l'autre.



Banal-pacino



Car c'est tout l'attrait de la série. Ici, on est loin des clichés des films à l'eau de rose américains.
Dés le début d'ailleurs, notre héros balance sa collection de blu-rays par la fenêtre, comme autant de clichés à balancer au feu. Non, ici nos héros sont bancals, banals et mêmes un peu ennuyeux parfois. Elle est alcoolique et dépendante affective. Et il est loin d'être parfait, derrière ses airs de garçon trop gentil (qu'il est, certes, une partie du temps).
Car ce qui rassemble nos deux héros, c'est sans doute leur amour propre. Lui, qui tente de s'imposer comme scénariste, alors qu'il n'est que tuteur pour enfants-stars capricieux dans un studio médiocre. Et elle, qui manipule sa pauvre colloque, dans le seul but de parvenir à ses fins. Car nous avons là deux jeunes gens à l'orgueil blessé. Et c'est pourquoi ils auront si longtemps du mal à se mettre au diapason.



L'amour à la machine



Alors il est vrai que le film nous propose de bonnes trouvailles. Du vibromasseur dés le deuxième plan-cul - parce que c'est vrai que les jouets en plastique font plus d'effet que les jouets de chair - à l'omniprésence du téléphone portable et son rôle dans les relations modernes - du triangle de texteurs à la scène du frigo vide qui viendra à peu près clore la saison -; Judd Apatow met le doigt sur les paradoxes de nos sociétés modernes : où nous sommes hyperconnectés et pourtant tellement seuls au monde.


Mais la série a aussi ses lacunes. Car s'il tente de rester réaliste, c'est là aussi qu'il pêche. Et des scènes où Gus jouent des reprises foireuses avec sa bande de copains aux moments de gênes de nos héros, qui le deviennent aussi pour le spectateur, les scènes perdent rapidement de leur rythme. Pas ennuyant, mais néanmoins moins entraînant. On peut d'ailleurs regretter d'avoir choisi de greffer une situation d'adultère pour meubler un peu la fin de la fin de la première saison.



Fuck'n love or not to love



Mais après tout, il s'agit d'une série-doudou, et comme la junk-food préférés de nos héros, elle ne sert qu'à égayer nos pâles soirées d'hiver. Il serait donc injuste d'être trop sévère à son égard. Car malgré son scénario moyen, cela reste une série plaisante à regarder. De bonnes idées : une critique de nos sociétés égocentrées et d'un monde du travail dépourvu de sens. Et de bons acteurs dans l'ensemble : Gillian Jacobs touchante dans son rôle ; avec un flash spécial pour le rôle de Berthie, finalement le rôle le plus attachant de la série. Quant aux musiques de fin, elles viennent clore élégamment chaque épisode.Je le recommande donc chaudement : aux Gus comme aux Mickey, sous la couette ou ailleurs.

Raineyd
6
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le 14 mai 2019

Critique lue 204 fois

Raineyd

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