Mad Men
7.7
Mad Men

Série AMC (2007)

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Mad world, "make it simple but significant"

Il n’est pas tâche facile que d’écrire sur sa série préférée. Surtout quand celle-ci est aussi longue et complexe que Mad Men.


Pour remettre un peu cette critique dans son contexte, il est nécéssaire de rappeler que j’ai mis beaucoup de temps à me lancer dans son écriture. 2 ans après avoir vu la série pour la première fois. Contrairement à certains, ce n’est pas dans le but de passer à autre chose tant Don Draper et ses homologues me hantent, mais plutôt de rendre un dernier véritable hommage à l’oeuvre, un hommage un peu plus consistant que des louanges quotidiennes lors de discussions cinéphiles.
Cet hommage est on ne peut plus nécessaire car en réalité, ces bureaux de Madison Avenue, je ne les ai jamais quittés. Au fond de moi il y a toujours une partie de mon âme qui rôde dans les couloirs enfumés et art-déco de Sterling-Cooper, parmi ces pubards aux costumes et à la coiffure si parfaits.


Mad Men peut paraître comme une série barbante à souhait. Il est vrai qu’à première vue, le pitch n’est pas des plus intéressants. Mais c’est en réalité sur ce point précis que se situe à la fois ce qui fait de Mad Men une série à la fois détestée et adorée. 

Car au delà du simple récit des petites aventures du milieu publicitaire des 60’s, Mad Men est l’illustration la plus fidèle et de loin la plus saisissante de l’après-guerre américain au petit écran. L’essence même de l’Amérique telle que nous la connaissons aujourd’hui, aussi détestable et attirante soit-elle, celle contre qui Mitterrand nous mettait en garde. L’Amérique des self-made man, de General Motors et de la guerre du Vietnam. Autant d’évènements qui ont contribué à la naissance de la première puissance mondiale d’aujourd’hui, retranscrits de manière parfaite tout au long des 7 saisons que la série nous offre.


Mais attention : la série ne se limite absolument pas aux aficionados de l’Amérique ou de la publicité. Personnellement, je n’aime ni l’un ni l’autre. Et au regard de sa popularité, la série dépasse largement ce cadre. Pour ce qui est de mon cas, j’ai trouvé dans Mad Men tout ce que qui fait l’intérêt de la série en tant que genre, en tant que format, et qui ne lui donne rien à envier au long-métrage.


Premièrement, j’y ai trouvé des personnages fabuleux.
Des « hommes de leur temps » comme dirait le Dude, dont la psychologie est si finement et habilement développée qu’on pourrait penser qu’ils font partie de notre vie. Une comédie humaine absolument saisissante qui, derrière les apparences, illustre la ségrégation, la hiérarchie socio-professionnelle, la lutte des classes et la violence d’un milieu sans pitié, régi par la seule et unique loi du marché. Don, Roger, Peggy, Joan ou encore Pete, ne sont au au final pas uniquement des « hommes de leur temps » mais bel et bien des personnages intemporels, qui me suivront dans toute ma vie de cinéphile.


J’y ai aussi trouvé une reconstitution parfaite d’une décennie qui a changé la face du monde.
La fin des 50’s et le début des années 60’s sont indéniablement les années les plus intéressantes de l’histoire des Etats-Unis. Outre les évènements comme la crise des missiles de Cuba, l’assassinat de Kennedy ou encore le premier homme sur la lune si parfaitement intégrés au déroulement de la série que l’on croirait les avoir vécus, cette période voit aussi l’apparition de nouvelles modes (avènement de l’art déco, du costume ample), de nouvelles cultures (hippie, rock) et de nouveaux conflits politiques (Vietnam, ségrégation). Autant d'éléments qui contribuent à faire de Mad Men une série au charme et à l'ancrage historique si puissants.


Finalement, je pourrais presque aller jusqu’à en regretter d’avoir vu Mad Men. Car désormais, c’est sous le prisme de ma vision biaisée par l’oeuvre de Matthew Weiner que je vois les choses. La seule image d’un homme en costume suffit à m’évoquer presque immédiatement les personnages de Don ou de Pete. À ce qu’ils auraient pu devenir s’ils avaient été réels. À ce qui aurait pu se passer si j’avais eu la chance de les rencontrer. J’imagine cet homme en costume en train de sortir de son bureau de Madison Avenue, fumant ses lucky strike, sirotant son old fashioned avant d’embarquer dans sa Chevy Impala et rejoindre sa femme et ses enfants en banlieue. Quelque part, et très paradoxalement, c’est presque l’homme que j’aurais aimé être. L'époque que j’aurais aimé connaître. En attendant, je me contente simplement de voir et revoir inlassablement et avec autant de plaisir que la première fois cette série qui n’a décidément pas fini de me hanter.


Finalement, n'est-ce pas à cela que l'on reconnaît une bonne série ?

KirkHammett
10
Écrit par

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le 24 janv. 2020

Critique lue 318 fois

Kirk  Hammett

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