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Iron Fist starring Finn « Le Visage de l'Échec » Jones.

Vous et moi souffrons depuis maintenant depuis plus d'une décennie des efforts divers mais loin d'être variés de Marvel Studios dans le domaine de l'adaptation approximative de leurs différentes licences. Dans le lot vous trouverez, grosso-modo, trois films corrects et ceux-ci sont sans surprise localisés vers le début de leurs plans magistraux. Enfin, je dis « films. » Il a toujours été très clair en ce qui me concerne que le modèle utilisé par les Aventures du Millionnaire Vieillissant et ses Potes Bigarrés était de nature télévisuelle. C'est une version certes friquée du concept qui nécessite des moyens conséquents pour masquer la nature temporaire des vaisseaux de chair sélectionnés pour incarner les diverses licences multimédias représentées par ces rôles. Mais, en somme, ce n'est jamais qu'une série épisodique réalisée au petit bonheur la chance par de nombreux directeurs sans envergure dans le but de retomber sur un plan corporate dont le futur immédiat laisse tant dubitatif que craintif. (#FunFact : j'espère que vous aimez voir ces version déjà pas extraordinaires de vos personnages favoris être remplacées par des personnages soi-disant équivalents mais pourtant plus proches de la parodie qu'autre chose car tel est le business-model actuel de Marvel.) Ce qui n'est en rien une remarque sur le niveau d'engouement de leur nouvelle Captain Marvel, d'ailleurs, il me semble parfaitement compréhensible qu'une fille normalement constituée trouve ce genre d'exercices profondément soporifique. Un fait qui semble avoir échappé à bien des observateurs et après tout, qui sait, peut-être que le réalisateur du film lui a demandé de tirer la gueule constamment. Peut-être même était-ce pour gagner un pari. Allez savoir.


Or, comme Netflix l'a compris ces dernières années, vous n'avez pas envie d'être à l'extrême périphérie du Plan de Domination Disney. C'est la pire position à occuper. Il vaudrait mieux être une version alternative d'un concept établi ailleurs – ou même l'adaptation d'un comics indépendant publié précisément pour finir sur un service de streaming – que d'être obligé de subir la continuité du MCU sans pouvoir agir dessus. Pourtant... c'est cette position peu enviable que leurs efforts occupent. Il ne faut pas s'attendre à ce que Jessica Jones ne soit ne serait-ce que mentionnée dans l'un des films. Elle est bien trop alcoolique. Ou que Daredevil vienne prêter main-forte à Spider-Boy. Tout ceci est du domaine de l'illusoire. (Venom a plus de chance – disons qu'elles sont autour d'une sur deux mille – d'être accepté par les pontes de Marvel comme un caméo potentiel dans un rêve prémonitoire qui ne sera tout simplement jamais transformé en réalité.) Car, autant l'admettre, les diverses licences qui ont été octroyées à la petite start-up autrefois spécialisée dans l'envoi postal de DVD... sont d'un calibre assez minuscule. Elles ratissent large, hein, je ne dis pas le contraire. Mais elles sont en fin de compte d'un niveau anecdotique et cela tant par l'envergure que par le pouvoir. Luke Cage ne va pas beaucoup plus loin que la blague facile du black pare-balles dont les babtous ont peur et cela malgré toutes les philosophies pétries de bon sens prononcées avec précision par sa voix de crooner. Jessica Jones ? Elle ne vaut rien sans David Tennant. Autant l'admettre. C'était le Dixième Docteur qui rendait tout ceci fascinant. Matt Murdock ? Batman du pauvre. Ou des pauvres. C'est selon. Un seul personnage détonne à cet étage assez bas de l'univers Marvel, en fait, et mériterait bien mieux que d'être considéré comme le type de gogo plus ou moins susceptible de casser la figure à quelques cambrioleurs au prix d'un effort insurmontable. Vous l'aurez compris : il s'agit de l'Iron Fist.


Résumer son arsenal à un effet de cache appliqué avec soin sous After Effects afin que sa petite mimine toute mignonne brille de mille feux prouve déjà une large incompréhension de ses talents. Il est censément aussi compétent dans les domaines du soin que dans ceux du poing. Parfois même dans ceux du tagada-tsoin-tsoin. Cela dépend du scénariste. Ce qui n'est pas vraiment surprenant, hein, le personnage date de la vague d'engouement autour des arts martiaux que le monde a subi tel un Tatsumaki Senpukyaku lors de l’ascension de Bruce Lee aux cimes d'un effet de mode tant légendaire que temporaire. Personne n'a jamais vu Danny Rand orner le bord d'une boite de céréales. Ou faire l'objet d'une adaptation télévisuelle kitsch censée expliquer le concept au grand public de manière à ce qu'un scénariste puisse « revenir aux origines » en s'en « inspirant » pour utiliser un euphémisme que l'on entend encore trop souvent en interview. (Remarquons au passage que sa présence en tant que personnage secondaire dans l'un ou l'autre cartoon Spider-Man n'aide pas sa cause car celles-ci foirent avec une aisance fascinante la chronologie de sa vie.) Ni, d'ailleurs, vivre des décennies d'aventures mémorables dans le domaine des comics. Le personnage n'est doté que d'un seul arc mémorable dans ce domaine si spécifique... et celui-ci finit en eau de boudin. Tout en perdant le légendaire illustrateur responsable de son succès. C'est dire. En plus – cela s'appelle jouer de malchance – le concept fondamental présent au centre de cette histoire nécessiterait considérablement plus de moyens que le budget riquiqui d'une série de kung-fu sur Netflix pour être adapté à l'écran.


C'était pourtant cette portion du comics que tous les fans du personnage espéraient retrouver dans la série télé. (Ce qui devrait souligner précisément à quel point le public faisait confiance à Netflix pour sortir des trésors satinés de leurs coffrets de velours afin de s'acquitter correctement de cette tâche délicate suite au succès du Dard des Villes.) Car – autant le rappeler – l'histoire de cette version de l'Immortel Iron Fist consiste en une série d'épreuves initiatiques où un adolescent occidental rendu orphelin par le crash de l'avion privé de ses parents dans l'Himalaya survit aux éléments par un effort mental monumental le temps de trouver à flanc de colline les portes de la Cité Mystique de K'un-L'un. (Certains prétendent même que cette ville – l'une des Sept Capitales Célestes contenues dans un plan d'existence alternatif – est la source des légendes diverses autour du paradis de Shangri-La dont James Hilton fut le conduit par une nuit d'inspiration mystique.) Après une courte période de convalescence Danny s'attire les faveurs de Lei Kung un instructeur chargé par la monarchie locale de former une nouvelle génération de soldats pour défendre la ville. Chétif, blond, mais surtout résolu... il ne peut compter que sur la volonté inflexible forgée dans son cœur par la mort de ses proches pour survivre à ce monde étrange constitué de froid et de douleur. Nul ne s'attend à ce que le gosse de riche survive... et pourtant il s'accroche. Puis, au prix d'efforts incalculables, il apprendra de leurs meilleurs instructeurs les arcanes majeurs d'un art martial capable de transformer le corps humain en une arme dont la dureté rivalise avec les métaux les plus durs du multivers. Son monde, pourtant limité à l'enceinte d'une ville assiégée, s'agrandit petit-à-petit tandis qu'il apprend les bases de la philosophie locale. Il apprend que chaque génération cherche à couronner son guerrier le plus talentueux par le biais d'un combat rituel face à un dragon dont l'existence est assurée par les flux mystiques locaux. Et, après un effort inhumain que nul autre ne saurait approcher, il devient l'élu susceptible de faire face à la légende. Danny Rand est passé en une décennie d'étranger à celui d'éternel défenseur d'une ville qui lui a sauvé la vie. Il est devenu Immortel. Enfin... pour un temps. Il est rare qu'un Iron Fist survive à son trente-troisième anniversaire.


Avouez que tout ceci est considérablement plus intéressant que l'équivalent faiblard des deux premières saisons d'Arrow qui vous a servi d'introduction au personnage. Sans parler de l'étrange décision de faire jouer l'un des meilleurs pugilistes de l'univers Marvel a un type qui en était clairement à sa troisième leçon d'Aïkido lors du premier jour de tournage d'une série centrée autour des arts-martiaux. (En tant que mauvais artiste martial j'ai une sorte de sixième sens pour sentir les limitations d'un autre piètre pratiquant de ce type de disciplines. Vous n'avez sérieusement pas envie de me voir tenter de faire semblant de mettre quelqu'un au sol : je risque de lui exploser une articulation. C'est précisément pour cela que je suis généralement le gars qui perd dans mes épisodes.) Faut dire que les combats chorégraphiés en dix minutes n'ont pas aidé. Ni l'étrange situation où l'on a interdit au protagoniste d'une série super-héroïque d'enfiler le costume qui l'a rendu populaire. Ou même cet étrange processus pathétique d'émasculation progressive où l'on a offert ses pouvoirs à sa certes charmante mais surtout minuscule petite-amie asiatique le temps d'un teaser menant la série à être annulée illico. (Peut-être était-ce une réponse aux nombreuses suppliques issues d'un internet en folie exigeant que cette adaptation de la série renie l'un de ses facteurs narratifs majeurs car – pour ce que j'en comprends, hein, je ne suis pas spécialisé dans la traduction contextuelle des borborygmes du public de désaxés qui traîne toute la journée sur tumblr – un caucasien ne peut pas être un artiste martial doté du pouvoir du dragon car c'est raciste et cela même si c'est précisément le concept dont il est question.) Sans parler de l'assassinat en règle du caractère de Danny Rand qui est passé par le pouvoir des compétences de Finn Jones dans le domaine dramaturgique d'un homme doté d'une volonté inflexible et poussé par la vengeance à exceller dans un domaine d'activité où rien ne le prédispose au succès... à une sorte de hipster famélique fan de hip-hop car, ouais gros, même s'il est né avec une cuillère en argent dans la bouche, yo, c'est un mec tranquilou. Hun-hun !


C'est pour ces raisons – et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés par l'état d'esprit qui est le mien – que je propose dès aujourd'hui qu'on nomme ce minot au mignon minois mais qui n'a cependant que deux ans de moins que moi... Finn « Le Visage de l'Échec » Jones. Il le mérite.

MaSQuEdePuSTA
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le 23 oct. 2018

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