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Autant vous prévenir : je n’en reviens pas du nombre de bonnes critiques adressées à Jessica Jones dans les médias mainstream. Ma seule explication est que les critiques n’ont eu accès qu’aux 4 premiers épisodes comme c'est parfois la pratique dans le milieu. Sinon, c’est juste pas possible. Le sentiment qui prédomine après avoir vu cette saison de Jessica Jones est celui d’un immense gâchis teinté de rancœur envers toute l’équipe de production si bien que la saison 2 se fera sans moi, sauf revirement spectaculaire et encore. Mon grand tords est d'avoir eu foi dans les 4 premiers épisodes. J'aurais dû me méfier, les promesses d'ivrognes sont rarement tenues.


Ce bilan s’écrit en trois phases qui correspondent chacune grosso modo à 4 épisodes sur les 13 que comprend la saison... Oui, bon, 3 x 4 ça ne fait pas 13, on comptera 5 épisodes dans le tiers médian.


1. ‘‘Ha ouais, bien, sombre à souhait, un doigt de psychologie, ça change et ça intrigue, bon potentiel’’


Tout commence sous les meilleurs auspices. Autant le dire tout de suite, on est pourtant dans le cliché sur le détective privé qui connait un syndrome post-traumatique et qui dans son bureau-dépotoir empile les cadavres de whisky bon marché. Mais c’est une jeune femme dans la fleur de l’âge portant un perfecto et un jeans et pour certain ça suffit à créer l’originalité. Ok, pourquoi pas. Une bonne histoire est une bonne histoire, même si certains aspects sont déjà vus et revus.


Jessica Jones (JJ) est ce détective privé doté d’une force de super héroïne. Elle a vécu un traumatisme grave en tombant pendant des mois sous la coupe d’un super vilain doté de la capacité de contrôler par la voix l’esprit des gens qu’il croise. Ce super vilain a disparu de la circulation un temps, mais revient pour hanter JJ. On traite ici d’abus dans tout les sens du terme et donc de viol ultimement, ce qui d’ailleurs marque une grosse différence avec la version dessinée ou le personnage du super vilain ne fait jamais ça. La relation entre les deux personnages principaux en une basée sur une fascination réciproque où le dégoût et l’admiration qui unis ces personnages confinent à une haine torturée pour JJ et un amour pervers et finalement narcissique pour le super vilain.


Et là on se dit, ben oui, le rythme est différent des autres trucs Marvel, c’est plus sombre plus psychologique et plus tordu. Sympa quoi. Sauf que ce sentiment bascule progressivement passé le 4e épisode.


2. ‘‘Bon, il faudrait bosser un peu le script les mecs parce que le doute s’installe et grandit’’


L’intrigue stagne en détours et détours. Des personnages disparaissent du décor aussi subitement qu’ils étaient apparus, les évolutions psychologiques des uns et des autres sont sans intérêt sauf peut-être pour Trish ‘Patsy’ Walker. Ce n'était pourtant pas gagné tant la gentille blondinette avait un fort potentiel de cliché-tête-à-claques, mais je n’en dis pas plus sur ce personnage pour ne pas spoiler. La seule évolution de JJ est de passer du stade je-veux-fuir-le-super-vilain à celui de je-dois-le-combattre, ce que tout le monde savait de toute façon depuis le départ, car sinon il n’y a pas série. L’action est répétitive et prévisible. Les quêtes pour une bouteille de whisky de plus, les interactions avec les voisins de JJ peu utiles à l’histoire ne réussissent pas à combler le vide d’un script aux dialogues pauvres et d’une intrigue qui piétine sur fond de flash back dont la fonction semble être de faire passer le temps au spectateur.


Mention spéciale aux scènes de fesses de rigueur. Qu’il est bon de s’envoyer en l’air encore à moitié habillés avec des hommes à la musculature bestiale, si en plus l'homme est noir et ténébreux, lui-même écorché de la vie et un super héros lui aussi alors là… c’est le nirvana. Sinon, le blondinet à du poil au chest et c’est une info, le poil dans le soft porn n’est pas mort, qu’on se le dise! Ben, oui on s'ennuie tellement qu'on se raccroche à des détails plus ou moins marrants.


Bref, il est temps qu’il se passe un peu de quoi d’intéressant parce qu’on se lasse des airs de bœufs à la sauce destroy de la soûlante autant qu’alcoolisée Jessica Jones.


3. ‘‘Ce n’est plus un doute, c’est une certitude : quel foutage de gueule!’’


Quel calvaire… se rendre à la fin de la saison est pénible à souhait. Les rebondissements sont aussi nombreux et tous aussi prévisibles les uns que les autres. Toute finesse ou presque s’est évaporée si bien qu’on se demande ce qui nous avait fait si bonne impression lors des 4 premiers épisodes. Un coup JJ attrape le méchant, puis une autre fois encore, puis une autre… mais bien sûr, à chaque fois elle l’attrape top tôt. Elle aurait dû savoir qu’il y avait 13 épisodes et… une seconde saison qui sera sans doute elle aussi, si la tendance se maintient, à remplir du même vide que les 9 derniers épisodes de cette incroyablement laborieuse première saison. On peine à croire la performance que vient de nous faire réaliser Jessica Jones : perdre autant de précieuses minutes de notre vie à regarder les 13 épisodes au complet… on a dû être victime des mots du super vilain, on ne voit pas d’autre explication. Oui, bon en fait, même si on réalise qu'on nous a donné de faux espoirs, on va au bout parce qu'on veut savoir la fin. Mais là, le truc, c'est que ça fait aussi partie des faux espoirs que de nous faire penser qu'on va connaître la fin au 13e épisode.


Bilan : il faut plus que 4 premiers épisodes réussis pour faire une série TV. La sanction est sans appel : Jessica Jones ne mérite pas la note de passage. Ni une seconde saison. Franchement, on ne veut pas connaître la suite. Désolé Jessicaaaaaaa, mais être le spectateur de tes gesticulations est trop pénible.

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le 27 déc. 2015

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