Misfits
7.2
Misfits

Série E4 (2009)

Plus facile à haïr qu'à pardonner.

Misfits est à l'image de ses personnages : attachante bien qu'imparfaite. Il m'est difficile de la juger dans son ensemble tant la qualité diffère d'une saison à l'autre. Ça me fait mal de voir autant personnes lui tourner le dos ou lui pisser dessus, et je me rassure en pensant que c'est plus de la déception ou de la colère, parce ce qu'il est tout simplement plus facile d'haïr que de pardonner. C'est vrai qu'après la découverte et l'excellente surprise des deux premières saisons, les trois suivantes nous laissent un goût amer dans la bouche.


Misfits, c'est d'abord un concept original et rafraîchissant, là où les grosses productions traitent les sujets liés aux supers-pouvoir de la même façon, la série prend le parti pris de suivre le quotidien d'adolescents "ratés", ou du moins rebelles, afin de voir comment ils vont se débrouiller avec ces nouvelles responsabilités qu'ils ne voulaient pas et qu'ils ne sont pas près à assumer. Rien que pour ça, la série mérite tout mon respect, car elle insuffle un air de légèreté et de réalisme (dans ce sens où super-pouvoir n'est pas forcement synonyme de super-héro) au genre. On notera aussi un réel effort quant à la panoplie de supers pouvoirs existants et l'absurdité de certains d'entre eux.


Misfits c'est aussi un casting de qualité, si quelques personnages ne sont là que pour mieux faire briller les autres, il fait noter le très bon jeu d'acteur de Nathan, Simon, Kelly, Rudy et Abby, mais aussi Greg et Shaun (les deux derniers agents de probation), certaines scène ou dialogues relèvent tout simplement du génie.


Enfin, la réalisation et elle aussi plutôt bien maîtrisée, des musiques géniales, des effets spéciaux sobres, rares et efficaces (excepté lors des derniers épisodes de la saison 5).


Là série perd pied au moment même où elle perd son fil conducteur, c'est à dire au cours de la troisième saison. La série se veut plus sombre, plus sérieuse et plus mature. Le scénario est bon, mais le reste ne suit pas, comment présenter des enjeux de grosse envergure au sein d'une petite banlieue avec des personnages presque indifférents à chaque événement tragique ?


Je pense notamment à la mort de Curtis ou de la nonne dont Rudy tombe éperdument amoureux (saison 4), tout semble oublié quelques instants plus tard.


La série reste bloquée dans son format et sa construction, à partir de la saison 4, chaque épisode ressemble au précédent. Il n'y a plus d'enjeux ni d'objectifs, plus de trame, ce qui n'aurait pas été un problème si les personnages et leurs pouvoirs avaient eu l'opportunité d'évoluer, mais ce n'est pas le cas. D'ailleurs, les pouvoirs paraissent bien accessoires à partir de cette saison. Il ne nous reste donc qu'à regarder les deux dernières saisons, avec nostalgie et tristesse, mais aussi avec de bons éclats de rires, car certaines scènes valent vraiment le coup d’œil.


Alors c'est vrai, Misfits se casse la gueule, peut être que c'est dû au fait que le casting se désagrège au fur et à mesure des épisodes, mais je ne pense pas, car certaines nouvelles figures sont vraiment bonnes. Je pense tout simplement que le producteur s'est fait dépasser par les événements, qu'il a dû s'éloigner de son idée d'origine et qu'il n'a pas réussi à s'adapter aux circonstances, où peut être que je me trompe et que la série était vouée à l'échec, mais il n'empêche que j'aime cette série, parce qu'elle est dépaysante, rafraîchissante, et qu'elle me semble de bonne foi, alors je suis prêt à lui pardonner ses fautes.

Latriche
7
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le 28 sept. 2015

Critique lue 625 fois

6 j'aime

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