Médium, médiocre, médite

Au contraire d’un One Punch Man ayant bénéficié du coup de crayon de Yusuke Murata, Mob Psycho 100 n’a pas connu un tel traitement : mais quand bien même le style de ONE serait aussi modeste, la magie de l’adaptation animée fait parfois bien les choses. Si nous pouvions craindre que son portage ne fasse pas de vieux os, les tauliers de Bones y remédièrent ainsi avec une maestria détonante.

Conservant en ce sens la simplicité des traits du mangaka, sa version animée est un savant mélange de créativité débridée, de couleurs en pagaille et d’une fluidité exquise. Elle peut même se targuer d’accoucher de séquences flattant la rétine, voire de nous secouer à grand renfort de destruction et débauche infinie, conséquences d’un « 100% » lourd de sens. D’une certaine manière, Mob Psycho 100 n’a rien à envier au grand spectacle de son aîné, quoique dans un style plus modeste et parcimonieux : de fait, il serait malvenu de les comparer stricto sensu, leur traitement respectif d’un pouvoir surpassant tout autre n’ayant rien à voir.

Suivant les pas d’un collégien timoré et complexé, Mob Psycho 100 réalise deux prouesses en une : il ne tombe jamais dans l’excès à la sauce shônen et dépeint avec doigté des affres de l’adolescence. Aux antipodes d’un One Punch Man jonglant entre ironie et cynisme, il se met donc judicieusement à hauteur de son protagoniste, chamboulé par une myriade de petites choses angoissantes : du love-interest effleuré juste ce qu’il faut à la volonté de se fondre dans la masse, l’intrigue oscille savamment entre tranches de vie centrales et composantes fantastiques annexes.

Car, oui, la place de l’exorcisme, de la télékinésie etc. n’est jamais rien de plus qu’un moteur à désirs, peurs et responsabilités : dans la lignée d’un Ritsu rongé par une jalousie pernicieuse, Mob Psycho 100 se joue des archétypes du genre pour mieux exploiter son propos. Dès lors, son humour décapant ne lésine pas sur la parodie, sans jamais toutefois obscurcir son véritable propos : à l’image d’un Teruki (initialement) arrogant ou des sbires de « La Griffe », l’auteur s’emploie à déconstruire et tourner en dérision l’attitude de pareils énergumènes, tous produits d’une société bancale qu’ils érigent en de creux motifs.

À bien des égards, Arataka Reigen ne cristallise que trop bien ses prétentions, qu’elles soient divertissantes, cocasses ou (donc) réfléchies : l’alchimie qui en résulte est ainsi des plus passionnantes, Mob Psycho 100 disposant de tant de cordes à son arc (cohérent) qu’il en vient même à supplanter les pérégrinations de Saitama (elles sont plus « frontales »). Cette première saison, surprenante et enchanteresse qu’importe le nombre de visionnages, tutoie ainsi les sommets ; seul reproche nous venant à l’esprit : la sous-intrigue dédiée à Shinji Kamuro n’est pas des plus subtiles, en plus de se conclure de façon abrupte.

Mais tout de même : quelle pépite.