C'est pourtant un si joli nom...
Monster se caractérise avant tout par un pitch de départ intriguant. Un docteur qui va choisir de désobéir à ses supérieurs en sauvant un enfant plutôt que le maire, sans se douter de ce qu’est et deviendra celui-ci.
Les personnages sont tous très fouillés au niveau de leur passé et de leur caractère, jamais caricaturaux.
Du très apprécié Grimmer, au ténébreux Johann, il s’agit vraiment du gros point fort de Monster. Il arrive régulièrement qu’on s’attarde sur l’un d’eux, ce qui permet de ressasser leur passé, d’afficher leurs motivations et leur personnalité, quitte à délaisser d’autres personnages comme Tenma pendant plusieurs épisodes.
Quelques fois, notamment pour Grimmer ou Karl, on s’éloigne de l'histoire pour découvrir de nouveaux personnages, alors que le lien avec l’intrigue principale prend forme peu à peu.
Alors certes Monster est long, sûrement trop long, ce qui conduit à un rythme assez inconstant et quelques incohérences. Mais le but n’était pas de « torcher » l’histoire en une trentaine d’épisodes (ou de tomes). L’objectif d’Urasawa était clairement de prendre le temps de développer ses personnages et de distiller petit à petit des révélations sur le passé des jumeaux. Et cela, il le fait très bien.
Dommage que la fin soit ouverte, cela ne présentait aucun intérêt, sans doute n’éloignait-il pas la possibilité d’une suite… De même le flashback final me paraît très dispensable.
Un petit mot à propos de la réalisation, les dessins (comme dans le manga) sont relativement simples mais marquent bien les personnages, bien que l’animation ne soit pas toujours très fluide. Sinon l’OST fait le job globalement, et le générique est assez angoissant.
En dehors de sa longueur et des quelques défauts qui y sont liés, on pourra aisément qualifier Monster de grand seinen, de par son réalisme, son ancrage historique, ses rebondissements, sa capacité à étoffer ses personnages et la construction de son scénario… Merci Urasawa.
PS: Après avoir terminé l’anime, j’ai parcouru rapidement le manga. Mis à part quelques petites scènes qui ont été (bizarrement) retirées, c’est une des adaptations les plus fidèles qu’il m’ait été donné de voir. Les mêmes cadrages, les mêmes dialogues, la même mise en scène...
PS2: J’ai également tenté l’anime en VF, c’est une horreur. Certaines voix changent complètement le caractère des personnages, et l’ambiance des scènes. Par exemple, tandis que Nina lit le « monstre sans nom » dans la version japonaise, c’est en fait un enfant qui le lit dans la version française, pour un résultat totalement à l’opposé. D'ailleurs, ce qui peut s'expliquer par l'heure tardive à laquelle j'y ai regardé, ce passage m'a vraiment donné des frissons. Les onomatopées utilisées (en japonais), renforcent vraiment le sentiment oppressant de l'histoire dans la version animée.
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