Mr. Robot
7.6
Mr. Robot

Série USA Network (2015)

Dernière saison de l’unique série sur le piratage informatique. Oui, car Silicon Valley c’est … très moyen.


Sur le piratage ?
Une série sur le piratage informatique créée pas un dénommé Esmail, c’est déjà à noter. Mais une série créée par cet illustre inconnu qui nous offre un sujet passionnant, une histoire riche et très bien traitée, le tout extrêmement renseigné, ça devient très intéressant.


La justesse des outils informatiques employés, comme la plateforme de mail, ProtonMail, très cryptée et basée en Suisse sur du logiciel libre, est parfaitement réelle. Ou encore le système d’exploitation Kali Linux, particulièrement populaire au sein de la communauté des informaticiens en sécurité et bien sûr, des pirates eux-mêmes, est là aussi bien montré et même un peu expliqué. Ces choix ancrent Mr. Robot avec une crédibilité rarement atteinte pour une série télévisée, surtout avec des thèmes technologiques comme ceux-là.


Rappel des faits
Notre héro, Elliot Alderson, est un ingénieur en sécurité informatique. Atteint de trouble dissociatif de l’identité, il occupe ses soirées à pirater les gens qu’il côtoie. Pseudo justicier du quotidien, il rencontre « Mr. Robot », un anarchiste qui le recrute pour la « Fsociety », un groupe de pirates qui souhaitent rétablir l’équilibre de la société par la destruction des infrastructures mondiales, et notamment le géant E-Corp (sorte de fusion Apple, Google, Microsoft et compagnie). Géant qui est d’ailleurs le plus gros client d’Elliot.


Des références en veux-tu en voilà, et pour commencer, le nom de notre héro, Alderson, monsieur Alderson répète-t-on souvent dans la série … référence à monsieur Anderson naturellement, et si vous ne connaissez pas, vous sortez ! Car là c’est même plus une lacune à ce niveau ! Le groupe de pirates « FSociety » se présentent avec leurs faux masques de Guy Fawkes, référence aux « Anonymous » et au film V pour Vendetta. Nous avons aussi la grande roue, hommage au film The Third Man d’Orson Welles, et je passe les très très nombreuses références à Fight Club, Orange mécanique, Vanilla Sky ou encore Requiem for a Dream.


Du bon ?
L’acteur « Galileo Figaro » oscarisé Rami Malek et l’éternel franciscain apprentie Christian Slater jouent le même rôle, un héro aux personnalités multiples, drogué et avec un problème caractériel non négligeable. Mais ils le font avec un tel brio, que la maladie d’Elliot est parfaitement claire et limpide pour les téléspectateurs que nous sommes, et ce, dès les premiers épisodes. D’ailleurs la série a à ce jour, 44 nominations et 14 récompenses, dont une pour Rami Malek et 3 pour Christian Slater.


Côté scénario Sam Esmail nous présente de l’inclassable, de la vraie manipulation, de la politique de haute volée et une conspiration qui ferait passer X-Files pour une série destinée aux enfants. D’origine égyptienne, Esmail a été marqué par le printemps arabe, et l’orientation d’Elliot dans ses choix personnels et même la série, s’en ressentent. À l’origine prévu pour un film, cette histoire a tellement grandi au fur et à mesure de son processus de développement, que le format de la série s’est imposé de lui-même.


Du très très bon
La bande sonore est elle aussi particulière. Beaucoup de morceaux additionnels actuels et une sonorité électronique assumée sont plutôt bien trouvés à la vue du sujet. L’ambiance du techno-thriller est bien à sa place. Le compositeur Mac Quayle (The Politician, American Horror Story) a parfaitement rempli ses objectifs avec une musique sans instrument réel, sombre et intense. À noter en fin d’épisode 9, le Where Is My Mind? des Pixies, repris au piano par Maxences Cyrin qui est là aussi un hommage au film Fight Club de 1999. Vraie source d’inspiration pour le personnage d’Elliot.


Outre l’histoire, l’autre point fort de cette série est sa réalisation. Car elle est unique elle aussi. Unique dans le sens où le rythme qui peut sembler parfois lent est au final assez rapide. Les lieux et les bureaux sont très Wachowskien dans leurs conceptions et ils nous permettent une connexion plutôt rapide à un univers déjà connu. Mais ce qui rend cette réalisation unique, ce sont les prises de vue. Les gros plans sur les visages sont presque toujours tournés dans le sens extérieur et non intérieur, ce qui a pour effet de rendre les propos de nombreux dialogues ou tirades assez incroyables et singuliers à regarder.


On zappe ou on matte ?
Cette dernière saison se centre sur le personnage d’Elliot et ses multiples personnalités. Ainsi que sur le piratage des 1% les plus riches. L’histoire dévoile les zones d’ombres laissées au fil des épisodes et termine son récit comme il le faut. Oui, comme il le faut, une bonne série devrait toujours avoir une vraie fin !


Et cette fin vous laissera même sans voix. Les trois derniers épisodes, qui auraient parfaitement pu être une nouvelle saison, nous offrent un final palpitant et absolument inattendu. Comment ne pas penser aux meilleurs moments de David Lynch en regardant cette série, certes largement plus accessible. Mais le côté esprit tordu aux multiples facettes est pourtant bien là, mais expliqué cette fois ! Mr. Robot est une série sans équivalent et très bien faite. Je ne saurais trop vous conseiller de la regarder avant que vous n’entendiez dire que vous êtes encore passé à côté d’une série culte …

Acerbe-Goten
7
Écrit par

Créée

le 28 juil. 2020

Critique lue 287 fois

Acerbe-Goten

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